Chapitre 3

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Une main posée sur ma nuque, l'autre dans le creux de mes reins, il me guidait jusqu'au lit et m'y allongea – pour la seconde fois en à peine quelques heures – tout doucement.

Comprenant que son aide visuelle ne sera pas nécessaire, Kalona s'enfuit aussi vite que ses ailes le lui permettaient, loin de nous et de nos ondes sexuelles tangibles.

Sa langue chatouilla mes lèvres, sa bouche parcourait ma peau, l'enflammant au moindre souffle.

Je le désirais.

Et il me désirait – à en croire la bosse que je sentais contre ma cuisse – encore plus que moi.

Ses mains remontaient vers mes épaules, retirant la robe – qui me servait de vêtement depuis le début de ma « veille » – de mes épaules. Il dénuda ma poitrine, la dessina du bout des doigts. Mon corps se fit impatient. N'y tenant plus je l'attirais contre moi, l'embrassant avec plus de fougue que je n'aurais imaginé. Nos langues se caressaient. Ses bras m'entouraient avec force et passion.

Il ne me déshabilla pourtant pas totalement. D'un coup il s'arrêta, me remit la robe correctement et je le senti s'assoire au bout du lit, le souffle court.

Moi-même prise de vertiges après cette effusion, je mis du temps avant de pouvoir le rejoindre, à tâtons.

-Chris ? Tout va bien ?

Il ne répondit pas aussitôt. Son silence m'inquiéta.

-Oui Maria, ça va...

-Non, dis-moi...

-Je ne peux pas faire ça... Pas maintenant...

-Comment ça tu ne peux pas ?! A cause de quoi ? Je te jure que si c'est un coup de cette garce d'Angélique je vais aller la démolir à coups de...

-Non ce n'est pas Angélique le problème.

-Alors il y a vraiment quelque chose qui ne va pas ?...

-Je ne peux pas Maria. Je ne peux pas faire l'amour avec toi sans pouvoir te regarder dans les yeux. Je veux qu'on le fasse quand tu seras totalement remise...

-Et si je ne retrouvais pas la vue ?...

Nouveau silence.

-Chris ?

-... Dans ce cas ce sera différent...

-M'aimeras-tu toujours ?

Il du entendre ma peur dans ma voix malgré tous mes efforts pour la cacher car il prit ma main et la posa sur son cœur.

-Maria, je t'aimerais jusqu'à mon dernier souffle, je me battrais pour toi, je tuerais s'il le faut. Je t'ai aimée dès le premier jour où tu es entrée dans cette salle de classe, et les jours qui ont passé depuis n'ont fait que renforcer mes sentiments pour toi ! Que tu voies ou non n'y changera rien mais je veux quand même attendre...

Face à cette déclaration je restais muette. J'étais tellement touchée par ses paroles tellement sincères qu'une larme de joie s'échappa sur ma joue. Il passa son doigt sur mon visage essuyant la perle d'eau salée qui y traçait un sillon brillant.

Ce moment romantique fut interrompu par les gargouillis de mon estomac. C'est vrai qu'être restée plusieurs mois immobile j'étais tout de même affamée.

-Tu as faim ?

Non sans blague Chris ?...

-Un peu oui...

-Viens.

Me prenant la main il m'entraîna au travers de dizaines de couloirs, tantôt à droite, tantôt à gauche. Quelques fois il marmonnait dans sa moustache, apparemment il ne connaissait toujours pas la route. Entendant mon gloussement il cru bon de se justifier.

-C'est à cause d'Angélique, elle s'amuse à changer les pièces de place, la dernière fois je voulais me rendre aux toilettes et je me suis retrouvé dans la chambre d'Alexander, va savoir pourquoi !

Pfff encore cette gamine, je vais vraiment finir par me la faire !

-Ah enfin !

Avant même qu'il ne le dise, je savais que nous étions arrivés à bon port, une succulente odeur d'œufs et de pancakes flottait dans l'air, me mettant l'eau à la bouche.

Kalona entra dans la pièce et se posa sur mon épaule, je pus enfin voir le lieu où je me trouvais. La cuisine était spacieuse, très claire – comme toutes les pièces de ce château – et emplie de nourriture, de casseroles et ustensiles. Et derrière les fourneaux... EREBUS ?!

Ce dernier s'affairait à rendre homogène une pâte à cookies. Concentré dans sa préparation, il ne nous avait pas entendu rentrer. Chris le fit sursauter en se raclant la gorge.

-Ah les enfants ! Vous devez avoir faim !

D'un signe de la main il nous invita à nous asseoir à une table remplie de fruits frais, de pancakes, crêpes et gâteaux en tout genre.

-Bon appétit !

Sans attendre je pris une assiette et commença à prendre un bout de chaque met qui me faisait envie. Puis j'enfournais un gros morceau de fondant au chocolat dans ma bouche.

Soudain le morceau de gâteau s'enfonça dans le fond de ma gorge, m'empêchant de respirer. J'essayais de toutes mes forces de l'en faire sortir mais rien n'y faisait. L'air me manquait. Chris se leva d'un bond et tenta la méthode Heimlich. Pendant qu'il faisait tout pour me faire cracher ce qui bouchait mes voies respiratoires, je vis – grâce à Kalona – au fond de la pièce, à moitié cachée derrière la porte, Angélique qui me fixait, un rictus mauvais plaqué sur ses lèvres.

Je n'en revenais pas, cette saloperie venait de me lancer un sortilège d'étouffement.

Me dégageant des bras de Chris je pris un verre d'eau et l'engloutis d'un trait. Le liquide se mélangea au gâteau et je pus enfin respirer. Lorsque je me reconnectait à mon corbeau, la blondasse avait disparut. Mais dans ma tête j'entendais en boucle la menace qu'elle avait proféré dans ma chambre. Elle ne perdait rien pour attendre.

Les évènements ayant coupé mon appétit je me levais, et à l'aide de Kalona je sorti afin de retrouver ma chambre. Sur le chemin j'eus la malchance de croiser Alexander.

-Oh Maria ! Comment tu te sens ?

Bon allez ma vieille réponds-lui vite fait et esquive ensuite.

-Je vais mieux, il ne me reste que la vue à récupérer.

Mon ton était sans appel. Alexander n'insista pas.

-Ah d'accord. Bon, à plus tard...

Je continuais ma route, arrivée à ma chambre je me changeais pour enfiler une tenue de sport confortable et pratique pour ensuite partir pour la salle d'entraînement.

Cette fois je voulais y parvenir sans l'aide de la vision de Kalona. Ce dernier alla se poser sur le haut de l'armoire où se trouvaient les armes. J'enclenchais le mécanisme et les marionnettes de combats taille réelle se mirent en mouvement. Je pris une épée dans chaque main et commença un combat sans merci. Comment vous expliquer que imaginer Angélique à la place de chacune d'entre elle m'aidait beaucoup à décupler ma force.

-Wow... Si tu mettais autant de hargne pour sortir de la vie de Christopher ça m'arrangerait.

Tiens, tiens... Quand on parle du loup...

Immortelle - T2 - RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant