Chapitre 28

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Si je n'avais pas été dans un tel état de faiblesse je lui aurais sauté à la gorge à coup sûr – malgré la cage de feu qui l'enfermait – et l'aurais tuée sur le champs. Au lieu de ça je perdis connaissance comme une pauvre petite chose fragile.

Je ne me réveillais que de longues heures plus tard, dans le lit de Chris. Seule.

Avais-je rêvé ou étais-ce la réalité ?

La porte s'ouvrit et la peur me tirailla les entrailles. Je retins mon souffle.

-Maria ? Tu es réveillée ?

Je relâchais tous mes muscles d'un coup. Heureusement c'était Chris qui revenait.

-Comment tu te sens ?

Il s'approchait doucement, comme s'il avait peur que le moindre mouvement me brise.

-Fatiguée. Faible... Mais ça va.

-Est-ce que tu sens encore tes pouvoirs ?...

Je me raidis... Alors je n'avais rien imaginé, tout était réel...

En me concentrant, je parvins à contacter Kalona et voir à travers ses yeux, mais tout ça me demanda un effort considérable et je dus m'arrêter, complètement essoufflée et courbaturée. J'avais l'impression d'avoir couru un marathon sur le Mont Blanc.

-Alors ?

Chris s'assit et me caressa doucement le dos, ce qui eut pour effet de me détendre immédiatement.

-Je les ai encore, mais c'est douloureux de les utiliser.

Il fit une moue peinée.

-Dans ce cas, ne force pas, je n'ai pas envie que tu t'épuises inutilement.

Je lui souri, espérant le rassurer mais une pointe de douleur traversa ma poitrine, me coupant le souffle et me poussant à me plier en deux.

-Eh !... Respire calmement, tout va s'arranger mon amour...

-Pfff tu parles, je suis en train de crever à la vitesse d'un escargot aveugle.

Après quelques secondes de retenue il explosa de rire.

-Même à l'agonie tu réussis à me faire rire !

Il m'embrassa doucement. Refermant mes bras autour de son cou, je l'attirais à moi, le désirant plus que tout. Il se recula et posa ses mains sur mes épaules.

-Non Maria, tu es trop faible...

-Alors je suis en train de mourir donc on ne fera plus l'amour ? Tu ne me désires pas ?

Ne mens pas Chris... Je vois bien ce que tu veux dans tes yeux.

-C... C'est pas ça mais j'aurais trop peur de te blesser.

-Pfff alors elle aura réussi...

-Réussi quoi ?

-A nous séparer...

Ma voix se brisa sur le dernier mot malgré moi, je sentais les pleurs monter dans ma gorge jusqu'à mes yeux où l'eau salée tentait par tous les moyens de sortir de mes canaux lacrymaux.

Chris se rapprocha et me serra tendrement dans ses bras. Ce geste ouvrit les vannes et des torrents de larmes coulèrent sur mes joues. Mes pleurs me secouèrent de toutes part. Je pense, au fond, que je venais de me rendre compte de la gravité de la situation. L'étreinte de celui que j'aime plus que tout au monde se resserra, comme s'il voulait m'essorer telle une éponge et faire sortir toutes mes larmes d'un coup.

-Chht... Ne dis pas de bêtises, tu crois que tout ça va entraîner une rupture, tu te mets le doigt dans l'œil mon amour, je ne te quitterais jamais, pour moi, notre amour c'est à la vie à la mort.

-Sauf que la mort m'attend au prochain tournant pour me faucher...

-Et je me battrais jusqu'au bout pour l'en empêcher ! Personne ne t'enlèvera à moi !

Sa force et sa détermination me rassurèrent, mais juste un peu. Je sentais la fièvre monter pour la cinquième fois depuis le début de cette conversation. Chris me relâcha et me fixa, inquiet.

-Tu es brûlante ! Ne bouges pas je reviens !

Il se leva précipitamment et sorti en trombes de la pièce. Une fois seule, la boule dans ma gorge se manifesta sournoisement. La tête entre les mains je tentais de réfléchir à un moyen de contourner toute cette merde, mais rien de vint à mon esprit déjà trop embrumé par la chaleur interne de mon corps.

Quelques minutes à peine après son départ, Chris revint, un verre d'eau froide et un linge mouillé dans les mains. Il me posa le linge sur mon front et me donna le verre que j'engloutis d'un trait.

Tout ce frais d'un coup me fit frissonner tout en me procurant une baisse de température automatique.

-Tu te sens comment là ? Tu as chaud ? Froid ?

-Je ne sais pas, j'ai froid, je tremble mais j'ai chaud aussi.

Il remonta la couette sur mes épaules et commença à les frictionner. La chaleur m'envahit tout doucement, et le sommeil me rattrapa en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Pendant des heures je roupillais comme une petite vieille qui a besoin de sa sieste quotidienne. Quand je me suis réveillée Chris lisait un énorme bouquin dont je renonçais à tenter de lire le titre beaucoup trop long pour un réveil « pré mortem ». Il tourna la tête vers moi avec un petit sourire amusé.

-Bien dormi la marmotte ?

-Mmoui ça peut aller.

-Tu m'étonnes !

-Pourquoi ?

-T'as ronflé plus que Erebus, Alex, Tyler et Thomaz réunis !

-Heen menteur ! Je ronfle jamais !!

-Ah ouais ?! Tu ne me crois pas ! J'ai des enregistrements et des vidéos comme preuves à l'appui !

Il agita son portable sous mon nez, rieur. Je tentais désespérément de lui piquer, en vain. C'est difficile quand on fait 1m72 et que ton copain en fait 1m92 ! Vous voyez Laurel et Hardy ? Astérix et Obélix (sans l'obésité) ? Bah Christopher et moi c'est la même chose ! Super le couple de comique !

S'engagea alors un combat sans merci, autorisant coups bas et chatouilles à en pleurer de rire. Par moment un petit coup de pied dans les dents ou dans un endroit un peu douloureux – mais pas voulu je tiens à le préciser !

Soudain, sans savoir pourquoi ni comment, je me retrouvais à califourchon sur lui, en sous-vêtements, lui torse nu, le jogging tombant à moitié sur ses hanches. Le souffle court, les cheveux en batailles – les miens que j'avais laissé repousser d'une bonne longueur pendaient sur mon côté droit et recouvraient une partie de son torse.

La chaleur grimpait à une vitesse fulgurante, et cette fois je pouvais certifier que ce n'était pas la fièvre.

Je me penchais vers lui et effleura ses lèvres, déclanchant chez lui un frisson de désir. Il eut un léger soupir et avança sa tête vers moi de façon imperceptible.

Je continuais de jouer de cette façon encore quelques instants et soudain j'eus une idée aussi lumineuse que géniale !...

Immortelle - T2 - RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant