Chapitre 7

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Je me levais d'un coup – trop vite peut-être car je fus prise de vertiges – et commençais à faire les cents pas...

Ah oui, j'ai peut-être oublié de préciser, je suis complètement nue.

Alexander, uniquement vêtu d'un pantalon en toile, s'approcha de moi et posa la main sur mon épaule.

Soudainement la pièce se mit à tourner autour de nous. Une lumière aveuglante nous enveloppa. Et quand tout redevint normal j'aurais voulu m'envoler loin de cette vision.

Nous étions revenus dans le présent, précisément dans le salon général, et devant nous, il y avait un Erebus choqué, un Thomaz gêné, une Angélique qui jubilait et un Chris qui restait bloqué entre la stupeur et le désarroi.

Oh merde, j'aurais tout donné pour devenir invisible et partir à l'autre bout du monde...

Non mais vous imaginez la scène ?! Erebus à son bureau était – ce que je suppose – en train de parler à Thomaz, et Angélique devait profiter de mon absence pour se rapprocher de Chris. Quant à Alexander – lui en pantalon et moi totalement nue – en plein milieu de la pièce, sa main toujours posée sur mon épaule. Lorsqu'il remarqua notre position il se mit automatiquement devant moi en position de défense et pour cacher un minimum ma nudité.

Par-dessus son épaule je ne quittais pas Chris du regard. Se dernier se leva, sans un mot et sorti de la pièce. Lorsqu'il passa près de moi je tentais une approche en levant la main vers lui. Il me repoussa d'un geste, amplifié par la douleur qu'il ressentait après ce qu'il venait de voir. Son pouvoir m'envoya à terre et ma tête ainsi que mon épaule droite heurtèrent le sol avec violence.

-Ne me touche pas, salope !

Au final, je ne savais pas ce qui me faisait le plus mal, la douleur physique dû à ma chute, ou la douleur émotionnelle face à ces mots aussi tranchants qu'une lame affûtée. Je restais à terre, toujours aussi nue. Humiliée et blessée.

Thomaz apparu dans mon champs de vision et jeta une couverture sur moi. Sans un regard. Je le dégoûtais, sans doute autant que je me dégoûtais moi-même. Je resserrais la couverture autour de mes épaules et sorti de la pièce à mon tour malgré le regard suppliant d'Alexander.

Je fonçais jusqu'à ma chambre sans chercher à comprendre. Je m'enfermais à double tour et m'effondrais sur mon lit. Les larmes ne cessaient de couler. Je ne m'arrêtais que lorsque j'entendis de légers coups frappés à la fenêtre. Je levais la tête et découvris Kalona, le pauvre était trempé jusqu'aux os et n'attendait qu'une seule chose : que je le fasse rentrer au chaud et surtout au sec.

J'ouvris les battants et l'oiseau se posa sur mon épaule, l'eau coulait de ses ailes jusque sur mon omoplate et glissa le long de mon dos, déclenchant un frisson.

Kalona me donna un coup de bec contre la joue, histoire de me faire comprendre qu'il m'en voulait de l'avoir abandonné ici, tout seul.

-Désolée Kal' mais je n'y suis pour rien...

Il me regarda, l'air de dire « mais oui bien sûr, et te retrouver à poil devant tout le monde, avec Alexander à poil aussi tu n'y es pour rien ? »

-Arrête de me juger ! De quoi tu te mêles toi ? Tu n'as même pas de pénis visible !

Il tourna la tête, comme s'il boudait, secoua ses ailes pour me balancer les dernières gouttes de pluie en plein visage et alla se poser en haut du lit à baldaquin.

J'allais à ma salle de bain pour me sécher, enfila un vieux jogging et un tee-shirt arborant l'inscription « ATTENTION, FILLE COMPLIQUEE »... Tu parles ! Je n'aurais pas dit mieux.

Je m'allongeais sur mon lit et enfouis mon visage dans les multiples oreillers. Une odeur lointainement familière envahi mes narines. Celle de Chris, une odeur de menthe mêlée à son odeur naturelle... Les larmes recommencèrent à couler sans que je fasse quoi que ce soit pour les retenir.

J'avais merdé. Totalement.

On frappa à la porte. Je ne répondis pas. On essaya d'ouvrir la porte, mais sans succès.

-Maria ?... C'est Erebus, ouvre-moi s'il te plait.

Bon. Il a de la chance d'être mon hôte et que je ne pouvais pas le lui refuser. C'était le seul que je pouvais encore regarder dans les yeux malgré la honte qui m'accablait.

Je me levais – non sans mal – et allais lui ouvrir. Il avait l'air soucieux, il faisait d'un coup plus âgé. Il entra et s'assit, le dos droit, jamais il ne se laissait aller. Même si il paraissait jovial, il restait tout de même maître de ses émotions.

-Je suis venu pour t'ausculter. C'est tout.

Sans mot dire, il fit ce qu'il avait à faire, hochant la tête. Parfois de haut en bas, ou de droite à gauche.

-Quand as-tu recouvré la vue ?

-Dès le moment où on s'est retrouvés dans le passé.

-Dans le passé ? A quelle époque ?

-En Mai 1752. Pile le jour où j'ai rencontré Alexander durant sa vie humaine.

-Comme par hasard.

Le sarcasme perçait dans sa voix et je ne pouvais pas lui en vouloir, j'avais disparu puis réapparu aux côtés d'un autre que son fils, et plus précisément avec l'ennemi juré de Chris.

Je gardais le silence le temps qu'il termine. Il ne me fit même pas de compte rendu et sorti sans un mot.

Quelques minutes plus tard, on frappa de nouveau à ma porte. Je ne répondis pas, je préférais rester seule plutôt que me faire insulter, même si je le méritais amplement.

-Maria ?

Oh non... Pas Alexander, pas maintenant !...

Sans faire de bruit je me glissais dans mes couvertures, me reconnectais à mon lien visuel avec Kalona et fit semblant de dormir, mes yeux « internes » grands ouverts.

Alexander ouvrit la porte, s'approcha du lit. Voyant que je « dormais » il déposa simplement un baiser sur mon front et reparti.

A peine avait-il fermé la porte qu'elle s'ouvrit de nouveau, laissant apparaître Angélique. Cette fois je me levais et lui fit face. Elle me sourit, comme si elle nageait en plein bonheur.

-Je voulais te remercier, grâce à toi, Chris te déteste, Erebus ne sait plus sur quel pied danser. Maintenant Chris est à moi ! Et je compte bien faire en sorte qu'il le reste.

-Sale petite garce ! Tu vas voir ce que je te réserve quand j'aurais arrangé tout ça !

Elle fit une petite moue dédaigneuse.

-Tu devrais me remercier, c'est grâce à moi que tu t'es retrouvée dans le passé avec ton premier grand am... Oh merde... J'en ais trop dit.

-Alors c'est de ta faute ?! J'en reviens pas que tu en sois arrivée là !

La rage montait en moi, accélérant ma respiration. Mais je me forçais à me calmer. Ce n'était pas le moment.

Elle me sourit et reparti cracher son venin ailleurs.

Kalona descendit du haut du lit pour se poser sur ma chaise, en face de moi, l'air interrogateur.

-Ce n'est pas le moment Kalona. Je me vengerais en temps venu... On dit toujours que la vengeance est un plat qui se mange froid ? Et bien, pour moi le plat va être mangé très, très chaud ! 

Immortelle - T2 - RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant