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23 janvier 2001, dehors, il neigeait, le soleil se levait enflammant les montagnes et faisant sintiller la neige qui fondait peu à peu.

Je mis ma veste à la hâte et sortis le ventre vide. Mes longs cheveux blonds que je n'avais bien sûr pas pris la peine d'attacher virevoltaient au grès du vent glacial de l'hiver tandis que des flocons de neige s'y posaient délicatement. Mon teint, plus pâle encore qu'à l'habitude faisait ressortir mes yeux couleur émeraude.

Mon ami d'enfance, James, venait de téléphoner. Un intru, il en était persuadé, s'était infiltré chez lui. Sa voix fébrile m'avait donné la chaire de poule et ses supplications m'avaient poussée à me rendre chez lui au plus vite.
Les routes ensevelies sous la neige n'arrangeaient rien à mon inquiétude grandissante. Les roues de la voiture glissaient et les freins qui ne servaient strictement à rien me forçaient à ralentir.
Je tentais de rappeler James mais il ne répondait pas.

Après ce trajet qui me parut interminable, je sortis de ma voiture et me dirigeai vers l'arrière de la maison, glissant dangereusement à chaque pas, au cas où l'intru serait encore là.

Malgré ma concentration pour ne pas tomber, j'étais sur le qui-vive et quelque chose attira mon attention. Mon ventre se noua, des traces de pas dans la neige. Mon coeur battait à toute allure alors que ma curiosité me poussait à suivre ces empreintes.

Plus j'avançais vers le fond du vergé dont James était si fier, plus la clarté si éblouissante et familière de la neige me paraissait repoussante et... malveillante.
Après quelques secondes, tout mon corps se pétrifia. Je me trouvais nez à nez avec mon meilleur ami... pendu à son plus beau pommier.

Ses cheveux ébouriffés d'un brun mystérieux et ses joues roses donnaient l'impression de quelqu'un en merveilleuse santé. Je repris mes esprits et sentis ma peau humide, innondée par les larmes.
En état de choc, je ne réfléchissais pas, sous l'effet de l'adrénaline qui surchauffait mon cerveau, je tentai de détacher cette corde, au cas où il resterait encore un vain espoir.

Malheureusement, celle-ci tint bon.
Paniquée et à bout de souffle, je pris son poul... Rien. Sa peau était froide mais on aurait pu croire qu'il ne s'agissait que de la conséquence du temps parfaitement assorti aux circonstances.

Quelques gouttes de sang ruisselaient sur un pull bleu délavé dû à l'irritation causée par cette corde mortelle qui lui brisait la nuque. Je suivis des yeux le tracé rouge écarlate et distinguai une magnifique rose rouge, agrafée à son pull sur laquelle tombaient une à une les gouttes de sang qui quittaient le corps de mon ami.
Je m'effondrai.

Mais que s'était il passé ?! Je ne pouvais pas croire que James se soit suicidé. Lui, plein de joie de vivre, qui ne ratait jamais une occasion de s'amuser ! Et cette rose ? Voilà un détail bien macabre. Et si... il avait été assassiné ? Je me ressaisis rapidement. Cette rose me faisait tourner la tête ! Voilà, maintenant que je m'imaginais dans un de ces romans qui vous brûle les neurones en vous proposant des crimes impossibles et pourtant je ne cessais de me répéter... et si...

Ces questions qui tourbillonnaient dans ma tête sans trouver de réponses me firent réaliser la situation dans laquelle je me trouvais.
J'avais un mauvais préssentiment... je savais que ce qui s'était produit en ces quelques instants dépassait les limites de mon imagination.

Mes yeux maintenant, brûlaient et je me décidai à appeler la police. Alors que la sonnerie régulière de mon téléphone retentissait, mon regard vide se dispersait dans le paysage désolé.

Une vague de chaleur me transperça, les traces de pas continuaient au-delà du pommier...

Des Pas Dans La Neige Où les histoires vivent. Découvrez maintenant