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A partir de cet instant, tout alla très vite. Les émotions me submergèrent, ma vue se brouilla et je sombrai dans un sommeil de plomb, affalée dans la neige, mon téléphone toujours dans la main.

*Bip....Bip....Bip....Bip....*

Ce bruit régulier me sortit de ce sommeil profond et j'ouvris mes paupières encore lourdes. Je clignai des yeux plusieurs fois et, lorsque ma vue s'éclaircit, j'aperçus l'endroit lugubre où je me trouvais, une chambre d'hôpital. Génial.
J'étais couchée dans un lit près de la fenêtre où je distinguais de gros flocons qui tombaient encore, éclairant le bâtiment grisâtre à côté d'un parking et de quelques voitures mal garées.
Le ciel lui aussi était d'un gris oppressant...

*Bip....Bip....Bip....Bip....*

Ce bruit répétitif commençait à m'énerver. Je scrutai ma chambre. Mon sac était posé sur une chaise à côté du lit, une armoire imposante blanche demeurait à côté des toilettes.
Sur le mur, devant moi une horloge indiquait quatorze heure vingt.
Je soupirai repensant aux évènements que j'avais vécus la veille... enfin je pense que c'était hier... A vrai dire, rien est moins sûr. Qui sait depuis combien de temps je suis restée cloîtrée ici...
J'appuyai sur un bouton à portée de main, quelqu'un, peut-être, viendrait m'expliquer ce que je faisais ici et surtout me sortirait d'ici.

*Bip....Bip....Bip....Bip....*

De nouveau, je soupirai.

Enfin, quelqu'un entra, brisant ma solitude pesante.
Il s'agissait là d'une femme d'un quarantaine d'année, les yeux bleus, perçants et froids. Ses lèvres très fines viellissaient son visage pourtant si rebondi.
Un badge était accroché sur une blouse blanche, on pouvait y lire : Dr Keller

-"Mademoiselle Thompson ! Comment allez-vous ?" Dit-elle d'une voix enjouée, faisant briller ses yeux pourtant froids au premier abord.
-"He bien..."
Elle me coupa.
-" Je me suis faite du soucis, vous avez eu une chance inouïe de vous en être sortie ! Si vous aviez vu votre état ! Il est vrai que le fait de se faire poignarder n'arrive pas quotidiennement mais l'équipe chirurgicale vous a merveileusement prise en charge, vous serez sur pied en un rien de temps"

Je n'en croyais pas un mot ! Moi, poignardée ? MAIS COMMENT ÉTAIT- CE POSSIBLE? 
Mon coeur s'accélèra, je me redressai sur le lit et un éclair me déchira l'abdomen, une douleur attroce. Je laissai échapper un cri de douleur et la doctoresse me repoussa délicatement contre les coussins douillets.

-" Calmez vous ! Cela ne sert à rien de se faire du soucis, vous êtes sortie d'affaire, cependant, il vous faudra une bonne dose de repos, le repos est essentiel..."

Cette fois, n'en pouvant plus de ces paroles banales, je décidai de prendre les choses en main et l'interrompis. Après tout je n'étais pas ici pour prendre des notes sur l'importance du repos après qu'un couteau vous ait déchiré les entrailles.

-"Depuis combien de temps suis-je ici ? Qui m'a poignardée ? Où est James ?"

A la seule prononciation de Son prénom, les larmes me vinrent automatiquement et, je sentis une brûlure anormale qui allait du coin de mon oeil jusque ma mâchoire.

-"Apportez moi un miroir, s'il vous plaît..."

Ma voix, maintenant était fragile et d'allure désespérée.
Dr Keller parut déconcertée mais repris rapidement un calme apaisant.
Elle articula comme si j'étais une enfant faisant un caprice et que personne n'arrivait à résonner ce qui eut le don de m'énerver. Je m'efforçai malgré moi à garder une attitude convenable... où du moins, la meilleure que je pouvais montrer face à ces événements.

-"Écoutez, je sais que ce que vous avez vécu est impressionnant mais il faut vous calmer. Pour répondre à vos questions, vous êtes ici depuis douze jours, cinq en soins intensifs. Vous pourrez partir dans deux jours seulement."

Cette nouvelle me fit l'effet d'un électrochoc. Depuis douze jours... Etait ce une blague ?
Un nouveau flux de questions me traversa l'esprit mais je la laissais continuer.

-"La police enquête encore mais je n'ai pas le droit de vous donner plus d'informations. Il se peut que vous en receviez sous peu. Comme je vous l'ai dit, la police enquête encore et elle vous interrogera, peut être même aujourd'hui."

Une expression de profonde tristesse et de compassion pris place sur ses traits fins.

-"Pour ce qui est de votre ami James, il est décédé. Sa famille sait à quel point vous étiez proches et a retardé les funerailles pour que vous puissiez y asssister."

Son ton devint froid et dépourvu d'émotions.
Cette capacité que cette femme avait à changer d'expression me glaçait le sang...

-"Nous avons découvert une dose importante d' endorphine dans votre sang. Cela aurait pu vous tuer. Lorsque la police vous à trouvée sur le lieu du crime, vous étiez dans le comas et poignardée."

Elle me brandit un miroir.
Je restai sans voix.
Ma peau était d'une pâleur extrême. Mes joues avaient été entaillées et les larmes qui ruisselaient sur mon visage me faisait ressembler à une inconnue; je ne me reconnaissais pas.
Keller reprit doucement le miroir et m'assura que je n'aurais aucune séquelle même si les blessures paraissaient profondes.
Je n'étais pas de cet avis, je n'oublierais jamais les marques gravées sur mon visage ce jour là.
J'avais l'air tout droit sortie d'un film d'horreur...

Elle partit me rassurant, me disant que tout irait bien mais, de nouveau, un pressentiment me dictait le contraire.

Quelques minutes plus tard, on m'apporta un plateau repas. La nourriture hospitalière est connue pour son goût exécrable mais, à cet instant, la faim me tiraillait et j'engloutis le repas.

Vers dix-huit heure, j'entendis des voix d'hommes résonant dans le couloir. Comme je m'y attendais, deux officiers entrèrent.
L'un, grand, brun les yeux bleus comme un ciel d'été.
L'autre un peu plus petit était blond, les yeux noirs, le regard espiègle.
Leur présence, aussi étrange que cela puisse paraître, m'apaisait.
Sans un mot, ils me dévisagèrent. Une gêne s'installa et le plus grand prit la parole.

-"Jane Thompson ?"

J'hochais la tête.

-"Je suis l'inspecteur Cooper et voici l'inspecteur Stanley.
Nous venons vous poser quelques questions afin de découvrir qui vous a poignardé..."

Les deux hommes se regardèrent et échangèrent un regard entendu.
L'inspecteur repris.

-" ... et qui à assassiné James Wilson."

Des Pas Dans La Neige Où les histoires vivent. Découvrez maintenant