Solitude sincère : Confettis

480 52 22
                                    

Un garçon. Simple garçon. Petit garçon. Bientôt adolescent.

Tout juste entré au collège. Et il ne comprenait pas encore tout. Il était un peu perdu. Oui, c'est le mot, il était perdu. Dès les premiers jours, il comprit qu'il n'arriverait pas à se faire des amis. Et c'est autour de cette certitude que son année se déroula.

Pauvre petit garçon. Incapable de s'intégrer, incapable.

Après seulement quelques semaines, il s'était mit à pleurer la nuit, tel un enfant, mais au lieu de sangloter bruyamment pour avertir ses parents, il nageait dans le silence. Perdu, complètement paumé dans ce monde de Grands. Pas moyen de trouver quelqu'un qui lui ressemblait. Pas moyen de faire comprendre ça à ses proches. Pas moyen de sortir de cette situation. Et ça l'obsédait, d'être coincé dans cette situation alors que le monde entier continuait de tourner sans le comprendre.

Tout ses petits camarades commençaient à s'acclimater à la vie de collégien, un soupçon de ce que certains appellent maturité les titillait, et cela l'agaçait, il ne voulait pas grandir, lui ! Mais à cause de cela, il se sentait exclu, reclu...

Au fil des jours et des mois, il contemplait les autres enfants, qui rigolaient entre amis, qui s'exclamaient dans la cours de récré.

- Ils sont étranges, à rire comme ça.

Avait-il dit un jour, tout seul, dans sa chambre.

- Comment ils font ? Moi aussi j'aimerais bien.

Avait-t-il continué, avant de tenter de rire, sans y parvenir.

- Et puis pourquoi eux et pas moi ? C'est pas juste !

S'était-il exclamé un peu plus fort. Mais personne ne l'entendait.

« Comme d'habitude... » pensa-t-il.

Face à lui-même il tenta de sourire. Et il pensa que cela ne sonnait pas très juste sur son visage, alors les commissures de ses lèvres s'affaissaient. Voilà sa vraie apparence. Cette petite entrevue avec le miroir le convainquit définitivement qu'il n'allait pas bien, qu'il ne tournait pas rond.

Je l'ai dit, une année se déroula ainsi. Il cherchait à comprendre, désespérément, il cherchait ce qui le rendait si différents des autres.

Et deux autres années s'écoulèrent. Elles furent moins agitées : il avait assimilé qu'il était seul, à part. Il n'avait aucun ami. Il s'était taillé une drôle de réputation, à regarder dans le vague sans cesse, à ne quasiment pas dire mot.

Il cherchait souvent à exprimer ce qu'il ressentait. C'était complexe. Mais il n'y parvenait jamais.

Il avait tenté d'écrire, mais aucun mot n'était juste à ses yeux. Il avait tenté de chanter, mais sa voix ne suffisait pas à décrire tout ça. Il avait tenté de danser, mais ses mouvements n'étaient pas naturels. Il avait tenté de parler. Tout simplement. Mais il n'y avait personne pour l'écouter. Personne qui ne semblait l'aimer.

Cela lui brisait le cœur. Le réduisait en miettes. En confettis. En petits confettis qui hantaient ses nuits. Ces confettis, retombant devant son visage changeaient ses larmes en sourire vague pour camoufler sa douleur.

Et les confettis le hantaient... Il continuait de pleurer, le soir. Il était devenu hypersensible, dépressif. Il aurait sans doute été suicidaire si sa situation avait continué à évoluer dans ce sens.

Mais écoutez la suite, car une vie n'est jamais faite que d'une histoire.

SolitudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant