Quatre.

49 7 2
                                    

« - U...Unique ? »

Ses cils papillonnèrent cachant par à-coups tout à fait irréguliers ses yeux d'ambre écarquillés par l'étonnement. Sa bouche, quant à elle, était ouverte d'un air béat, comme attendant une quelconque confirmation. La jeune femme n'en revenait pas. Elle ? Aria, la pauvre petite orpheline souillon que personne n'avait jamais vue, jamais remarquée ? Unique ? Et d'une manière plutôt...positive, qui plus était.
Non, impossible. Il devait s'être trompé. Ou c'était elle. La rouquine avait sûrement mal entendu, il venait de la complimenter sur son habit, confondant robe et tunique. Ça ne pouvait être que ça. Oui, sûrement. Elle se faisait des idées bien trop rapidement.

Mais alors, comment expliquer ce regard admiratif posé sur ses traits délicats et féminins ?

« - Oui, absolument unique en ton genre. Belle, sensible, discrète et pourtant si...sauvage, libre et indépendante. C'est quelque peu paradoxal, haha. Un spécimen jamais vu auparavant, confirma le jeune homme, comme l'espérait secrètement Aria. Ça me plait. »

Cette fois, elle rit nerveusement, gênée mais tout de même un rien flattée par ces mots. Séduite, elle ne pensa même pas à s'interroger sur les sources de son savoir, si toutefois elle en avait remarqué la précision, bien entendu.

C'est vrai quoi, comment avait-il pu deviner toutes ces informations à son sujet alors qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés auparavant? C'était louche.

Trouvant alors, lui aussi, la situation plutôt délicate, Nikola passa sa main dans sa nuque, faisant mine de s'intéresser à la végétation florissante derrière Aria. Chose fort compliquée étant donné que l'obscurité était tombée depuis un moment déjà, simplement éclairée par l'astre en orbite autour de leur Terre. On ne pouvait donc pas y voir plus loin que le bout de son nez.

Sitôt qu'elle la remarqua, cette anecdote amusante arracha un sourire resplendissant à la jeune femme, dévoilant une série de dents légèrement plus pointues que la norme. Elle en vînt même à rire aux éclats, ne se cantonnant point aux manières distinguées qu'une femme de son supposé rang devait tenir.

Le regard du jeune prétendant s'illumina alors et il se mit à rire à son tour. Tous deux se tenaient les côtes, les larmes aux yeux, ne se doutant pas le moins du monde de la relation naissante entre leurs deux corps embrasés. L'alchimie était à son comble, jouant avec leur cœur et leurs ardeurs.

Mais, alors que la joie jaillissait par chacun des pores de leur peau, les rires d'Aria s'estompèrent subitement et elle commença à se sentir étrange. Étrange... mais pourtant la sensation lui était familière. Comme...déjà vue,... habituelle.

Alors seulement, elle réalisa que son imagination ne lui avait pas joué des tours. Elle ne connaissait que trop bien cet état, menaçant de mettre l'existence de son secret en péril.

Horreur.

La transformation. La pleine lune. Le corps d'Aria était occupé à modifier l'état de ses cellules pour retrouver son apparence de canidé sous l'astre de la nuit.

Son être s'affola, jetant de brefs regards désespérés de tous côtés, telle une biche apeurée. Le fond des jardins, par où elle avait déjà tenté la fuite, étaient sa seule issue.

Alors elle se retourna vivement vers son jeune cavalier, lui implora son pardon d'un léger signe de la tête et se dirigea vers le fond du parc, tête baissée.

Ses membres étaient douloureux. Ses os la faisaient souffrir par leur changement de position. Son dos se recourbait, l'obligeant à se poser à quatre pattes. Sa peau, elle, se recouvrit comme chaque fois de sa jolie fourrure rousse - tant convoitée par les hommes - et enfin, ses sens surdéveloppés se réveillèrent, modifiant ses pupilles, ses voies nasales et ses oreilles.

Elle arriva juste à temps à la limite du domaine et passa la dernière haie d'un bond, sous son apparence d'azara.

Elle pu distinguer la voix de Nikola derrière elle, la suppliant de s'arrêter, tandis qu'elle filait ventre à terre jusqu'au bois. Le vent violent battait près de ses tempes. Le jeune homme ne l'avait pas vue et il ne devait pas, elle ne pouvait s'y risquer. Si bien que, contre sa volonté, elle ne s'autorisa aucun regard en arrière, aucun regard à son insu. S'il la suivait et la découvrait telle qu'elle était vraiment, elle était perdue.

« - Ariaaaa, hurla l'adolescent, le souffle court. »

Il se rapprochait, elle l'entendait. Mais comment faisait-il pour la rattraper si rapidement alors qu'il n'avait que deux jambes pour courir ?

Elle secoua vivement la tête, se focalisant uniquement sur sa course effrénée et accéléra l'allure.

Ne t'arrête pas, Aria. Cours. Sauve toi. Il ne doit pas nous rattraper.

Les larmes perlaient doucement sur son museau, l'air sifflant à côté d'elle lui faisait mal. Il lui piquait les yeux et brûlait plus fort qu'un feu ardent dans sa gorge. Elle agonisait. Un gémissement douloureux s'échappa de sa trachée mais elle devait poursuivre. Elle ne pouvait s'arrêter avant d'être en sécurité.

Elle foulait la terre du plus vite qu'elle pouvait mais rien à faire, le rythme se fit plus lent, sa tête lui tourna et ses pattes cédèrent sous son poids.

×××
Tadaaam,ne m'en voulez pas mdr, j'adore le suspens.
Et...n'hésitez jamais, corrigez-moi si vous tombez sur une erreur.
Merci de me lire :)

Amitiés, Laurel.

Métamorphe CondamnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant