Cinq.

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Quand elle s'éveilla enfin, la jeune femme était allongée sur le dos dans un endroit inconnu. Il faisait très sombre mais, après adaptation, sa vue surdéveloppée lui permis tout de même de distinguer ce qui se trouvait dans la pièce. Celle-ci était richement décorée, les meubles croulaient sous l'or et les trésors mais l'ambiance y était cependant plutôt agréable. La faible clarté qui filtrait à travers les rideaux rouge sang baignait, quant à elle, le lieu d'une douce couleur pourpre.

Aria se frotta énergiquement les yeux, chiffonnée par le réveil, et se redressa sur ses coudes en jetant un regard circulaire sur l'espace où - elle supposait - on l'avait amenée. Une petite brise souffla par la porte entrouverte et fit frissonner la jeune femme en soulevant les draps de soie. Son corps était totalement nu sous ceux-ci. Elle s'empourpra et rabatit le précieux tissu d'un geste brusque, on avait pu voir son corps dans le plus simple des appareils. Comment était-elle tombée ici, au juste ?

« - Vous êtes si belle lorsque vous dormez ma douce...»

À ces mots, la jolie métamorphe sursauta, laissant échapper un hoquet étouffé, et, curieuse, tourna la tête vers l'origine de la voix pourtant déjà familière à son oreille.

Un jeune homme se tenait dans l'encadrement de la porte, appuyé sur le chambranle de celle-ci. Elle le reluqua de bas en haut, sans la moindre honte vis-à-vis de ce geste peu distingué.

Il avait de longues et fines jambes qui remplissaient son habit à la perfection. Surtout au niveau du fessier à vrai dire, le tissu était comme...fait pour lui seul. Sûrement du "sur-mesure" caractéristique de la classe dite supérieure.
Haut dessus, un torse musclé moulé par un costume taillé étroitement et enfin, un visage resplendissant et pur. Après réflexion, elle remarqua que l'homme qui se tenait devant elle n'était autre que son cavalier de la veille, Nikola. Elle ferma les paupières un instant, avec une lenteur extrême, et son nom glissa sur sa langue râpeuse comme une douceur d'Orient.

« - Nikola...»

Elle les rouvrit tout aussi délicatement. Leurs regards s'accrochèrent et, absorbée par sa contemplation, Aria ne fit même pas attention au drap blanc qui tomba au bas de sa poitrine, découvrant celle-ci aux yeux de tous, y compris ceux du jeune homme. Ce fut au tour de celui-ci de voir ses joues virer au rouge. Il détourna le regard, soucieux de respecter les désirs de pudeur de sa danseuse et balbutia :

« - Je...Aria...la couverture. Vos...»

L'intéressée le dévisagea d'abord, non sans incompréhension, puis baissa la tête sur son corps, interloquée, avant d'exprimer bruyamment sa honte et son désarroi.
Des mots bien indécents pour une jeune femme franchirent ses fines lèvres avant qu'elle ne décide enfin de se taire. Elle rit, affreusement gênée.

« - Veuillez m'excuser pour ces infamies, elles n'auraient pas du passer au-delà de la barrière que m'a imposée mon éducation. »

Éducation dont elle n'avait évidemment pas été gâtée, née d'un père paysan et d'une mère qu'elle ne connût jamais.

« - Ne fais pas tant d'efforts vains, Aria. Puis je t'ai déjà dit de me tutoyer. Maintenant que nous nous connaissons mieux, d'autant plus. »

Et là, le déclic se fit. Un flash de la veille lui apparut. Sa course. Les larmes. La douleur. La chute. Puis plus rien. Et il avait dû la retrouver étendue au milieu des bois... Et pas sous son aspect d'humaine, malheureusement. Ciel, quelle horreur. Qu'allait-il penser d'elle, du monstre tapi au plus profond de son être ?

« - Nikola.
- Oui, princesse ?
- Cesse de m'appeler comme ça, je suis loin d'être une de ces femmes de cour.
- Soit, si c'est ce que tu désires. Dis moi.
- Aurais-tu vu quelque chose de particulier quand v...tu...tu m'as recueillie hier soir ? »

Il poussa un léger soupir et regarda le sol, hésitant quant à la réponse qu'il allait donner. Enfin, il se redressa et choisit de feindre l'ignorance.

« - Je réfléchis, mais à part vos habits déchirés comme de négligeables haillons, les égratignures que les bois ont infligées à votre magnifique corps et votre cœur battant à une rapidité extrême, rien n'a particulièrement attiré mes sens. »

Elle relâcha le murmure craintif qu'elle avait retenu, effrayée par ce qu'aurait pu voir Nikola, et bénit le ciel de lui avoir rendu son apparence humaine à temps.

« - Pourquoi ? Aurais-je dû voir une quelconque chose anormale ?
- Non non, s'alarma-t-elle. Rien du tout, je me posais simplement la question vu que nous étions les seuls dans ces bois. »

Il lui sourit.

« - Tu avais des airs de naufragée. Bien que je ne les connaisse pas vraiment, je n'ai jamais pris le large.
- Moi de même. »

Ils rirent nerveusement.

« - Pardonne-moi, ma remarque était stupide, prit-il la peine d'ajouter.
- Oh je..euh pas du tout, ne t'en fais pas. Je ne devais pas être sous mon meilleur jour, c'est vrai. »

Le silence se fît ; le regard de Nikola changea, devenant plus carnassier et avide. Il se décolla du mur sur lequel il était appuyé et s'approcha lentement, son regard planté au plus profond de celui de la jeune femme. Sa nature reprenait le dessus, il souhaitait satisfaire ses envies sexuelles. Aria frémit, le désir montait également en elle. Elle pouvait le sentir gonfler dans sa poitrine, impatient d'être assouvi.

« - Nikola...
- Aria... »

Tous les bruits se turent à nouveau, en attente de la suite des événements.
Une lueur de lucidité passa alors dans les yeux d'Aria : il était noble et entièrement humain. Elle n'avait pas le droit, il fallait qu'elle parte au plus vite. Elle était en danger parmi les gens de son espèce.

« - Où sont mes vêtements, s'il te plait ?
- Quoi ? Que...comment ça ? »

Le calme revînt, la chaleur retomba aussi rapidement qu'elle était montée et l'expression du jeune homme passa du désir à la colère. Il ne laissa pourtant pas prendre le dessus.

« - Mes vêtements...où sont-ils ?
- Mais...Aria tu...nous...non ?
- Mes vêtements, Nikola. Puis-je avoir mes vêtements ?
- Tu ne peux pas...
- Ne peux pas quoi ? Pourrais-je récupérer ce dont j'étais vêtue, s'il te plait ?
- Aria...
- Nikola.
- Oui, certainement. Attends moi là, je vais chercher une gouvernante.
- Merci. »

Il quitta la pièce d'un bon pas et elle souffla. Elle avait une raison d'agir ainsi, elle ne pouvait sûrement pas se laisser aller de cette manière. Son secret avait été si bien gardé jusqu'ici, ce n'était pas le moment de faillir.
Surtout pas pour une histoire aussi improbable.

×××

Il est possible qu'il y ait des fautes, désolée. N'hésitez pas à me reprendre si vous en voyez une. ^^

Merci de continuer à me suivre et à me lire.

Amitiés, Laurel.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 29, 2019 ⏰

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Métamorphe CondamnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant