Aujourd'hui je me sens vide, qui aurait dit qu'une fois les études terminées tout aurait été plus beau. J'ai réalisé mon rêve et pour l'instant tout ce que je fais c'est traîner chez moi, envoyer des CV qui n'auront peut être jamais de réponses et attendre. J'ai l'impression que tout le monde autour de moi avance et pourtant depuis le 10 juillet je ne fais que du sur place. Finalement c'est pas un mythe. Ces fameuses phases du deuil auquel je ne crois pas, on dirait pourtant qu'elles existent. Je pense toujours à toi et à ce jour très coloré et fleuri où l'on t'a dit au revoir. Je sais que les autres pensent que j'ai de quoi supporter la douleur grâce à mon métier mais ce n'est pas plus facile. Le 10 juillet, ma mère m'appelle pour me prévenir. Je passe deux jours dans le brouillard en étant à moitié soulagé de ne plus devoir attendre le fameux coup de fil la boule au ventre et ce ventre justement en vrac parce que je ne comprends pas comment cela à pu se finir aussi vite. Mercredi 12 juillet, j'avais ma remise de diplôme. C'était censé être un des plus beaux jours de ma vie. L'aboutissement après 5 ans d'un rêve mérité. Et pourtant, personne ne savait. Aucune de mes amies et j'avais comme une boule dans la gorge quand l'idée même d'en parler me venait. J'étais alors tiraillé entre la tristesse et la douleur qui me prenaient aux tripes et le bonheur  et la joie que me procurait cette journée. C'est une sensation bizarre, comme si on faisait semblant. 

Cela aurait du être mon année, la meilleure année, celle de la consécration et de la fin des sacrifices. La récompense en soi. Et au final je me sens coupé en deux, toujours tiraillée parce que ce fut la meilleure et la pire année de ma vie. Et je sens ce poids sur ma poitrine tous les jours chez moi. La tristesse et ses griffes acérées qui essayent de me plonger dans l'obscurité et moi qui tente de résister tant bien que mal. Je me sens minable car parfois j'ai honte de ressentir toutes ces émotions alors que n'importe quelle personne me dirait que c'est normal dans ma situation. Et pourtant j'essaye de paraître plus forte que je ne le suis. Le fait est que je ne peux en parler à presque personne. Ma mère survit depuis ce jours, mon père a beaucoup de mal de ce côté ayant lui aussi connu le deuil assez tôt et ma sœur est tellement défensive qu'elle parle sans s'arrêter de tout et de rien sauf de ça et repousse tout ce qui pourrait ressembler à une émotion. Alors je me retrouve là, seule, avec cette sale envie de crier. Et pourtant rien ne sort, sauf peut être de la colère a des moments inappropriés. 

C'est le bazar à l'intérieur et pourtant quand je me lève le matin, il n'y a rien.

Miroir de l'âmeWhere stories live. Discover now