Chapitre cinq

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Chapitre cinq, Félicité

Ce soir-là je n'ai encore une fois pas dormi. Mon cerveau était en plein régime. Assise au milieu de ma chambre orange, gigantesque feu qui vibrait autour de moi, je transpirais, pleurais et grelotait à la fois. J'ai finalement décidé de sortir plus tôt que prévu. Tant pis si tout le monde n'était pas encore plongé dans un sommeil profond, mon côté claustrophobe n'en pouvait plus de rester enfermé ici.

J'ai enfilé mes doc Martens bleu nuit et je suis sortie dans celle-ci.

J'ai marché dans la rue, reprenant mon souffle que j'avais perdue pendant ma crise. Le silence m'envahissait et j'ai senti une main se poser sur mon épaule. J'ai sursauté.

- Jay ! Je t'interdis de refaire ça ! J'ai dit agressivement.

- Pas de soucis, Féli. Je pensais juste que te signaler ma présence était préférable.

- Je t'avais dit de ne plus me suivre, tu es sourd ou quoi ?

Il à hausser les épaules comme si ça lui était sorti de la tête.

Je me suis mise à courir, peut être que si je l'épuisais il me laisserait enfin tranquille. Comme prévu il m'a suivi, faisant son footing nocturne comme si c'était tout naturel. Il inspirait une fois, soufflait deux fois. Il avait l'habitude et ça se voyait. C'était donc bien un sportif. Son corps musclé ne m'en avait donné aucun doute. Au début j'ai gardé mon regard droit devant moi, mais je n'ai pas pu m'empêcher de le faire dévier à ma gauche, sur les muscles en chauffe de mon partenaire, sur sa pomme d'Adam bien visible, sur ses cheveux brun coupé court, un peu en bataille.

Jay n'a pas parlé. Il a juste couru avec moi, concentré sur l'horizon, plongé dans ses pensées. Pendant un instant j'ai hésité à m'arrêter pour le laisser courir seul, mais je ne l'ai pas fait. Je n'ai jamais été aussi cruel, si ?

Je me demandais qui allait bien pouvoir s'arrêter le premier, justement, mais je ne comptais pas faire la course. Je me suis finalement arrêté devant mon chêne fétiche, après avoir fait un long détour. Jay a fait de même. Il s'est appuyé sur ses genoux, haletant.

- Je me demandais quand est-ce (il a respiré) que tu allais enfin t'arrêter, (Une respiration) putain, (une autre) t'es pas une petite joueuse, toi !

Je n'ai rien répondu et me suis assise contre une grosse racine. J'ai fermé les yeux. La vue de ce garçon commençait à me perturber. "Ce garçon" m'a imité dans un soupire.

- Alors tu ressens les sentiments des gens, c'est ça ? Genre ... tous ?

- Je ressens la plupart des émotions et des sentiments, sauf la joie.

Comme ça, ça avait l'air encore plus déprimant que ce que ça ne l'était vraiment.

- Et comment ça se fait ?

- La joie est ton émotion de base. Si tu t'énerve, c'est juste ton cerveau qui te demande de réagir, pour revenir ensuite à ton émotion de départ, la joie. Si tu es triste, tu vas pleurer quelques temps, parce que ton cerveau a compris que c'était finit, le truc qui te rend triste, mais pas toi. Quand tu passeras à autre chose, tu vas redevenir heureux. C'est tout simple. Du coup la joie c'est un truc que le cerveau veut toujours renouveler, contrairement aux autres émotions. Je ne vais pas ressentir H24 les émotions des gens, soit le bonheur, je finirais par péter un câble, sinon. Et à être gentille par la même occasion.

Il a souri. J'ai fait de même dans ma tête.

- Ce ne serait pas logique que le bonheur des gens te guérisse, comme la colère te fait mal ?

Emotional Curse (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant