Chapitre 3

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- Je vous écoute jeune gens.

Son regard était dur mais son ton trahissait son étonnement.

À ce moment là, je me tenais face à mon directeur, Gabriel à mes côtés, indifférent, les mains dans les poches.

Je penchais la tête vers le bas, honteuse de me retrouver dans ce bureau pour autre chose que des réunions anodines. Gabriel, quant à lui ne semblait guère impressionné, son attitude nonchalante avait le don de m'irriter. Alors que je le regardais à la dérobée, le directeur s'éclaircit la gorge, nous indiquant qu'il attendait que l'un de nous prenne la parole.

Jetant un dernier coup d'oeil à mon... camarade? je pris une profonde inspiration avant de relever la tête, voyant que ce dernier ne daignera pas répondre.

- Je m'excuse monsieur, nous n'avions pas pour but de semer le trouble dans le réfectoire, mais je n'ai pas vraiment apprécier le fait qu'une des élèves soit brutalement recouverte de notre déjeuner.

- Comment ça " recouverte de notre déjeuner"?

Un sourcil levé, le directeur me regarda d'un oeil dubitatif. Sa secrétaire, que je n'avais jusque là pas remarquer car dans l'ombre d'un imposant fructisoca*, s'avança soudainement afin de prendre la parole. Telle une gargouille.

- Vous ne seriez pas la jeune fille passée ce matin dans mon bureau, quémandant de voir Monsieur le Directeur sur la demande d'un professeur? Suite au comportement déplacé d'un élève?

- Hum... Si, il s'agit d'ailleurs de cet élève m'accom....

- On vous sollicite pour accompagner un élève dont l'attitude n'est pas correcte chez le directeur, élève qui finalement ne se présentera jamais à vos côtés et le midi on vous retrouve prête à vous battre dans le réfectoire? Quelle attitude mademoiselle! Le professeur qui vous a choisie semble avoir fait une erreur en plaçant sa confiance en v...

- Madame Youba je vous pris! s'exclama notre directeur, interrompant ainsi le flot ininterrompu de paroles oiseuses. C'est une des rares élèves qui s'occupe de la vie de l'établissement et ,à ce jour, cette jeune demoiselle que vous n'avez de cesse de critiquer n'est jamais apparue dans mon bureau pour autre chose que des réunions informelles afin d'entretenir la vie étudiante.

Le directeur se pencha alors vers nous, menton posé sur ses mains, tournant le dos à sa secrétaire qui affichait désormais une mine déconfite. Ou offusquée. Un peu des deux peut-être.

- C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai été incroyablement surpris et quelque peu déçu de vous retrouver dans cette position au réfectoire. J'aimerais faire la lumière sur cette affaire car cela est inhabituel de votre part. Mais j'aimerais également entendre votre camarade, n'est-ce pas jeune homme? Je ne crois d'ailleurs vous avoir déjà vue dans notre établissement. Seriez-vous le nouvel élève dont m'a parlé la directrice adjointe Althea?

L'intéressé, qui jusque là n'avait semble-t-il pas prêté attention à la discussion, laissa échapper un petit grognement à l'entente de son prénom avant de s'asseoir sur un des deux fauteuils devant lui.

Pour une fois je fus d'accord avec notre tendre secrétaire en affichant un air pareillement offusqué.

- Jeune homme! piailla-t-elle, En voilà des manières! Veuillez vous relever.

- Ca ira, qu'il reste assis. Il a l'allure d'une personne ayant l'habitude d'être retenue dans ces bureaux . Peut-être penses-tu que cette conversation va s'éterniser? interrogea le quadragénaire.

- Elle s'éternise déjà.

- Et bien, il est vrai. Mais j'aimerais comprendre pourquoi ta camarade et toi-même étiez prêts à vous battre? J'ai entendu sa version, j'aimerais également la tienne.

Les Voleurs de TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant