Prologue

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J'ai toujours eu le sentiment d'être plus faible que les autres. J'ai constamment senti une sorte de peur récurrente qu'il me manquait quelque chose d'important pour m'ouvrir au monde. Dès la naissance, j'aurais pu être condamnée à n'avoir que quelques années à vivre ou encore, être destinée à avoir un grave accident et en rester handicapée à jamais. J'avais cette impression depuis toute petite, que quelque chose restait fragile et muet à l'intérieur de moi.

Aujourd'hui, du haut de mes seize ans, ça devient encore plus fort. Je suis prête à éclater. Je voudrais crier, hurler, j'ai une boule dans le cœur. Peut-être est-ce dû à un manque d'attention? Suis-je simplement en banale crise d'adolescence? Tout le monde y passe, non?

Entourée de ma mère, mon père et mon frère, moi, la cadette, il me semble avoir toujours été mise à l'écart. Par simple mesure de protection, semble-t-il. Mais, qui a pensé aux conséquences que cela pouvait engendrer? Il est vrai que la petite sœur délicate, la petite ballerine légère comme le vent paraît devoir mériter plus de supervision donc, plus de restrictions. Lorsque l'on possède le titre de petite soeur, on obtient le statut par défaut d'Être à protéger de tout. Ce que ça donne: C'est que finalement, on se retrouve toujours derrière les autres.

Je suis à la suite d'un frère, bon en tout: champion en sports, excellent à l'école, fans de chiffres, de sciences et des affaires, comme mes parents : ils se sont rencontrés en études de comptabilité.

Me voilà, à brandir un tutu blanc dans des collants roses en espérant changer le monde! Je suis la petite sœur bonne en ballet, un véritable oiseau céleste du mouvement mais moyenne dans tout le reste. J'ai la grâce, eux, les chiffres, les maths et... La liberté. Nous sommes tellement différents!

Nous sommes différents dans nos aspirations mais ça ne s'arrête pas là. Je me rappelle un jour, au supermarché, une dame avait demandé à ma mère de quel pays elle m'avait adoptée. Je devais avoir à peine cinq ans. Je me souviendrai toujours du visage de ma mère irritée au plus haut point. Il faut dire qu'à l'époque, mon apparence n'arrangeait vraiment pas les choses. Ma mère, et mon père avaient tous deux les cheveux très foncés et les yeux bruns.

Lorsque j'étais enfant, mes cheveux étaient blonds, presque blancs. Mes yeux, bleus comme la mer. Heureusement, mon frère aussi a les yeux bleus. Sinon, je me poserais de sérieuses questions!

En grandissant, ça a changé. Aujourd'hui, je ne suis plus tellement différente de ma famille, du moins, physiquement. Grande brune entêtée, je suis mon cours normalement, au gré des facteurs quotidiens et futiles de la vie.

Bref, en ce moment, j'aurais voulu me sentir moins vulnérable, mais je suis de celles qui sont à l'écoute des gens, qui comprennent les sentiments et qui ressentent les choses plus que la moyenne. J'écoute de la musique et je me laisse porter sur les douces notes de Beethoven, par exemple. Je frissonne dès les premières notes délicates d'une Sonate au clair de lune. Je ferme les yeux et j'ai la chair de poule. Je suis transportée, le temps ne compte plus les secondes, ni les minutes.

Je suis d'un autre temps, je n'appartiens pas à mon époque, je suis une inconnue dans un monde trop brusque et temporel. Cette vitesse, ces comptes, ces automatismes... Rien de plus contraire à ce que j'attends de la vie. Où se trouve donc ce bonheur de vivre l'instant présent à rester calme à l'écoute des autres et de soi? Fermer les yeux et se retrouver face au silence? Regarder par la fenêtre le vent qui souffle dans les arbres et qui laisse glisser quelques feuilles sur son nuage invisible?

Ça, c'est la poète en moi! Ma trop grande sensibilité a tendance à me distraire. Elle m'envoie dans la lune ou peut-être plus loin sur la planète Mars. Et je m'y perds de longs moments. C'est même probablement la raison de mes notes médiocres à l'école. Mais contrairement aux hyperactifs, j'aurais plutôt besoin de leur échanger un peu d'énergie, parfois.

C'est l'automne, dehors tout est rouge et or, un décor magnifique. Je suis dans ma chambre et je détourne le regard de la fenêtre. Cela fait une bonne heure que je suis plongée dans les vieilles photos de famille. Je songe encore et comme toujours à toutes ces questions qui me passent par ma tête embrouillée d'adolescente.

Ce qui me pousse à m'écouter un peu plus ces temps-ci, c'est simplement dû à un événement funeste qui fait parler toute l'école.

Voilà quatre jours déjà, nous avons appris qu'une connaissance, une compagne de classe, Laurie Landry, jolie fille pleine de vie et d'ambitions est décédée.

Une fille, comme moi, qui avait son existence devant elle.

Elle été retrouvée morte dans le boisé près de l'école. Celui que je traverse tous les jours pour me rendre à l'école. Dans mon quartier...

Une mort inattendue et abrupte, qui bouleverse toute l'école. Certes, c'est une grande tragédie plutôt surprenante pour notre coin de banlieue tranquille.

Comme quoi il faut profiter de chaque instants de la vie.

Cette grande perte marque aussi de manière définitive le début du commencement d'événements mystérieux. Mais aujourd'hui, c'est un jour d'enterrement. Demain, la vie se poursuit. 

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Vous avez aimé ce début?? 

Tant de mystères et de rencontres à venir qui vont vous transporter dans un triangle amoureux qui dépasse le temps!

Suivez-moi et vous ne serez pas déçus!!

XXX

E.M.

Jenny & Jack Tome 1 - L'Autre MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant