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c'est comme si je regardais la vie défiler devant moi. les personnes qui explosent de rire, le bruit des couverts : j'ai qu'une envie, rentrer chez moi. je me suis toujours arrangé avec mon meilleur ami, bien qu'on ne soit pas dans la même filière, pour manger ensemble. c'était sans compter que les S partent en voyage et pas les L. je me retrouve donc seul. et quand je dis seul, c'est seul. ça ne me dérange pas plus que ça, au final. j'ai quand même hâte qu'il rentre. ma table est vide, enfin, jusqu'à temps que je vois un plateau de poser juste en face de moi, puis un à côté du nouveau plateau, et encore un à côté. je n'ai même pas le temps de relever ma tête pour vois qui sont ces trois intrus que je reconnais sa voix entre mille. marie. mon ex.
«jungkook !»
elle a toujours eu cette façon de prononcer mon nom avec son accent français trop prononcé, ce qui a toujours eu le don de m'énerver. seulement elle, les autres, je trouve ça beau de leur bouche. et à côté d'elle, ismael, le garçon avec qui elle m'a trompé. du moins, elle s'est mise avec lui même pas une journée après qu'elle m'ait quitté. il était mon ami. et un ami d'ismael, donc je ne connais le nom, mais il a une vraie tête à claques.
«t'es seul alors on se permet de venir.»
j'entends rire ismael. je ne répond pas et continue de manger, enfin, trier mon assiette.
«t'as un copain, maintenant ?»
dit-elle de sa voix trop aiguë, avec une pointe de tristesse. j'hoche simplement la tête et j'entends ismael et son ami chuchoter un beurk bien trop fort pour qu'ils croient que je ne les entends pas. je ne relève pas. mes larmes me montent aux yeux, parce que j'ai aucune envie de leur adresser la parole, que son beurk m'a vexé, et surtout que j'ai pas le courage de leur dire de dégager. j'entends le bruit des chaises qui grincent contre le sol et je devine qu'ils se sont assis. je pince mes lèvres en fixant mon assiette maintenant triée.
«t'es autant timide quand tu suces ton gars, jungkook?»
mes larmes montent et je ne trouve pas la force ni de dire oui ni de dire non, alors je hausse juste les épaules. j'espère qu'ils vont vite partir.
«c'est toi qui le suce, ou c'est lui? ou vous échangez?»
j'ai jamais été autant gêné. peut être parce que c'est déjà arrivé? ou alors parce que je suis en train de me rendre compte que si taehyung était une fille, il n'aurait pas posé ces questions. je ne fais rien. je joue juste avec ma nourriture et je les entends rire.
«il a quel âge ?»
c'est marie qui parle. un petit «22» sort de ma bouche sans vraiment réfléchir.
«ah ouais, il a abusé de toi quoi, comme tous les pédés.»
ismael a osé dire ça. il a osé. ça ne tourne plus vraiment rond dans ma tête à partir de ces mots. comment ça, il a abusé de moi? juste parce qu'il est plus vieux ? ou alors parce que nous sommes deux hommes?j'entends vaguement ismael qui raconte d'une manière impossible scientifiquement comment deux hommes couchent ensemble alors que je prend mon plateau pour partir. des larmes perlent de plus en plus aux coins de mes yeux et je sais qu'elles ne vont pas tarder à couler. je veux mourir.
