la nuit s'abat sur la capitale comme la neige en plein hiver. il fait sombre, et si je n'avais pas sa main liée dans la mienne, je serais sûrement apeuré. c'est stupide, au final. sa présence ne change rien à ma sécurité, si quatre hommes sortent de nul part, on serait toujours inférieur. mais il me protège, mentalement. j'ai l'impression d'être enveloppé dans une bulle avec lui. une bulle que personne ne peut et ne pourra percer.
les rues se dessinent difficilement sous mes yeux. nous marchons tout droit, puis tournons, dans un silence. ce genre de silence rassurant. celui qui chuchote quelque fois, «je suis là.»
nous avons décidé que nous n'allons pas aller à un vrai restaurant, mais un petit café pas loin de chez lui.
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«qu'est-ce que je vous sers?» dit le serveur. il doit avoir une soixantaine d'années. pensant qu'il aura sûrement des aprioris sur nous, je démêle nos doigts qui se trouvaient sur la table. je pose mes mains sur mes cuisses, sous les sourcils froncés de taehyung. il ne doit pas comprendre.
«mh.. un verre de rouge, s'il vous plaît. et..? - pareil pour moi. - il prendra un coca. merci.»
maintenant, c'est à moi de froncer les sourcils. comment ça, un coca? je déteste quand il fait ça. quand il me traite comme si j'étais un enfant. un gamin.
«comment ça, un coca? - et toi, comment ça, tu démêles nos doigts? - tu sais très bien que j'ai encore du mal. et ça n'a rien à voir. - j'ai juste l'impression que tu as honte parfois. on n'est pas amis. qu'est-ce qu'on s'en fiche qu'un vieux ne nous aime pas?»
je baisse les yeux. il a raison, comme toujours. mais comment lui dire que j'ai constamment peur de ce qu'on peut penser de moi, et de nous? que je n'arrive pas à passer à côté des avis, des opinions. que je n'arrive pas à simplement penser que seul mon avis compte?
«ça n'explique pas pourquoi tu m'empêches de prendre du vin. - tu as dix sept ans. quand t'auras dix huit, tu feras ce que tu veux. - crois-moi, d'ici-là, j'aurai déjà coupé les ponts.»
une pointe arrive directement dans mon cœur. pourquoi ai-je dis ça?
«taehyu... - tu n'as rien à ajouter, je crois. - je vais aux toilettes.»
ma chaise grince sur le béton de la terrasse. je m'engouffre dans le bar, l'odeur du café dominant maintenant celle de tabac froid. je regrette, comme d'habitude. il doit regretter aussi. nos mots s'échappent de nos lèvres sans que nous nous en rendions compte. comme si, nos corps ne voulaient pas que toute aille bien. car en ce moment, rien de va. je ne suis pas naïf. cela doit être la troisième dispute dans la semaine. je sais que le ciel grisâtre ne reste pas à jamais. qu'il faut juste attendre le printemps. mais est-ce que, nous allons réussir?
