Le vie semblait me sourire. Après avoir terminé le lycée, nous nous sommes perdus de vue. J'étais redevenue normale. Mes études se passaient bien, et il n'était pas là. Je pensais à lui évidemment. Ça n'avait pas de sens, pas d'intérêt.
Puis ce destin a débarqué sans toquer à la porte. Hasard ? Destin ? Fichue destinée alors.
Pendant une sortie, à une exposition, je me suis arrêtée devant l'oeuvre à laquelle on ne faisait pas attention. C'était lui. Mon regard se perdait dans les fins coups de crayon. Comme à chaque fois que j'observais une de ses beautés, je me suis sentie inférieure, creuse. Derrière ce tableau, j'ai senti de la détresse. Ce n'était pas habituel. Ça m'a alarmé. J'ai donc tout fait pour le retrouver, et j'y suis parvenue.
Lorsqu'il m'a ouvert, il n'a pas parut pour le moins surpris de me voir. Il m'a laissée seule sur le seuil de sa maison, m'incitant inconsciemment à le suivre. Le salon était simple, comme tout le reste de l'habitation.
Il était posté au milieu de la pièce. Je me suis mise face à lui. Un frisson m'a parcourue quand il a plongé ses yeux dans les miens. Ses yeux vides.
Il savait ce que je m'apprêtais à faire. Je n'ai pas attendu une seconde de plus. C'était un baiser sans sentiments de son côté. Moi je ressentais le vide qui l'envahissait. Ça me transperçait.
Car ce serait le seul, j'ai tenu le baiser le plus longtemps possible. J'ai fini par me résigner à m'écarter. C'est là que j'ai vu quelque chose qui m'a surprise. D'aussi loin que je me rappelle, je ne l'avais jamais aperçu sourire. Cette forme semblait sincère. Elle semblait venir de lui.
C'était merveilleux.
VOUS LISEZ
à travers l'abîme
Short StoryC'était ce que je voyais. Comme une machine, il était dépourvu de sentiments. C'était ce que j'entendais. Le bruit du vide retentissait en lui. C'était ce que je respirais. L'odeur envoûtante du rien émanait de son être. C'était ce que je faisais. J...
