Et alors, nous sommes rentrés au collège. Chaque année, chaque cours, chaque heure, je me plaçais à côté de lui. Sans savoir pourquoi, je faisais ça. J'étais toujours sa voisine de classe. Il ne disait rien, comme d'habitude. Il n'était pas muet, il parlait seulement lorsque c'était nécessaire.
Pendant les récrés aussi, je restais avec lui. Ce n'est pas pour autant qu'il m'adressait la parole.
Les autres élèves de la classe venaient me demander si nous sortions ensemble. Ils en étaient persuadés. Bizarrement, ça me faisait plaisir.
J'ai découvert un autre de ses talents. Habituellement, en classe, il dessinait. Cette fois-ci, il écrivait. Avec l'habitude, il me laissait désormais regarder ses oeuvres d'art. Je ne comprenais que la moitié de son texte. C'était une belle écriture. Un vocabulaire qui me nouait la gorge. C'était pourtant un récit platonique. Comment réussissait-il à me rendre dans cet état avec un récit à la fois simple et compliqué ? Ce n'était pas triste. Ce n'était pas heureux. Ce n'était que des mots qui se suivaient joliment.
C'était différent.
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à travers l'abîme
ContoC'était ce que je voyais. Comme une machine, il était dépourvu de sentiments. C'était ce que j'entendais. Le bruit du vide retentissait en lui. C'était ce que je respirais. L'odeur envoûtante du rien émanait de son être. C'était ce que je faisais. J...