Cette soirée est tellement surjouée que Ryan n'en peut plus. Les gens font tout pour avoir un clan pour le reste des vacances comme des brebis perdues. Plusieurs de ces brebis cherchent un berger, la personne qui va les sortir de leur torpeur et les guider vers la lumière. Alors Ryan a une question : a-t-il réellement l'air d'un gars qui se promène avec un bâton et un chapeau ? Parce que ça fait dix minutes que les gens l'abordent et lui demandent son nom. Ryan Vasquez, maintenant partez.
Il n'a jamais aimé être entouré de beaucoup de gens, il préfère la solitude et le bruit du rien, pas le bruit des voix d'inconnus. Mais une chose à savoir, il est sociable, il sourit à ces gens qui l'embêtent dans sa solitude, il leur répond toujours bien, mais il préfèrerait qu'ils aillent chercher quelqu'un d'autre : il a l'intention d'être le mouton noir de la colo'.
Il faut comprendre Ry', on n'arrête pas de le coller non plus dans la vie réelle, alors il aimerait bien qu'on le lâche.
-C'est nul ici, mais au moins on peut trainer ensemble ! s'exclame Karine, une fille qu'il connait depuis cinq minutes.
Il ne sait pas comment s'en sortir, il ne veut pas trainer avec Karine, c'est déconcertant comment les gens veulent choisir à sa place.
Ça se voit que cette fille est intéressée, elle tente de se rapprocher à chaque mot qu'elle prononce et fait des petites promesses quand elle parle : "Il y a un bal à la fin du séjour, ça sera cool, je trouve ! Tu penses pas ?". Il ne pense rien à part qu'il n'était pas au courant de ce bal à la fin du séjour. Il aura l'air con, il n'a pas ramené de beaux vêtements, il sera entouré de gens biens sapés et, lui, il sera en t-shirt. Bobby va encore l'engueuler pour ça, ce gars le déteste.
-Eh, on se sépare !
Qu'est-ce qu'il disait. Le gars à moustache s'avance vers eux et lance un regard mauvais à Ryan. Ah, oui, bien sur, c'est lui qui es venu la draguer, c'est logique. Ryan déteste qu'on fasse ce genre de généralités. D'accord, Karine est mignonne, mais quand même, ça se voit qu'il n'en a rien à faire.
La fille se lève tout de suite pour ne pas avoir de problèmes avec le moniteur et s'en va avec un groupe de filles déjà formé. Ryan respire enfin, mais le rageux est encore là.
-Le premier jour, tu fais ce genre de choses ! Tu veux des problèmes avec la direction, mon petit.
"Mon petit", comme s'il avait quarante ans. Qu'il descende un peu de son nuage, il a sûrement vingt-cinq ans et doit payer son prêt étudiant avec ce boulot. Ryan sent que ce mec-là veut assoir sa toute puissance au sein de cette colonie en trouvant le bouc émissaire. Le bouc émissaire, il l'a bien compris, c'est lui.
-Je faisais rien de mal, se défend Ryan.
-Tu la draguais, ça se voit comme le nez sur le visage !
Ryan lève les yeux au ciel. Il ne la draguait pas, c'est évident, même Bobby ne doit pas croire ce qu'il a dit. Et puis, ils parlaient simplement, c'est fou qu'on pense que quand une fille et un garçon discutent c'est pour draguer. Où est passée l'amitié entre filles et garçons ?
Le plus stupide c'est que ce con néglige son travail en ne s'occupant que de surveiller Ryan : une fille ne trouve plus son journal intime et saoule tout le monde avec ça. Qu'elle se calme, tout le monde s'en fout des secrets d'une inconnue de quatorze ans. Mais ça tombe très bien, Bobby va enfin le laisser tranquille deux secondes pour chercher ce truc. Il dit :-Ouais, je l'avoue, mais elle était mignonne... Tu vas me punir ? T'as le temps puisque t'as trouvé le journal.
Le moniteur fronce les sourcils.
-Quel journal ?
C'est à Ryan de froncer les sourcils. Sauf que, lui, il fait semblant.
-Bah, le journal de Gaëlle, elle le cherche depuis vingt minutes. J'espère qu'elle pleure pas là.
VOUS LISEZ
Le temps d'un été
PertualanganPersonne n'aime la colo de Doux rivage : la bouffe est miteuse, les chambres sont étroites, les activités sont inutiles, les gens sont chiants. Absolument tout le monde pense la même chose, personne ne s'y aime vraiment, ils cohabitent juste ensembl...