Victime

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Victime

Josie Wilson

«Bonjour Josie!», me dit la petite licorne.

«Hey, salut, Petite-Licorne!», je salue à mon tour.

«Alors, aimerais-tu galoper avec moi dans le pré?»

«Oui, bien sûr, mais avant j’aimerais visiter mon ami Centaure-Jaune.». Il m’avait promis une promenade sur son dos et je n’allais sûrement pas laisser échapper une chance pareille.

Petite-Licorne secoue sa corne à la façon d’une baguette magique, et là, je vois un beau pré verdoyant qui s’étend jusqu’à l’horizon prend soudainement place devant mes yeux. Les fleurs y sont plus colorées que jamais. En compagnie de Petite-Licorne, je commence à gambader joyeusement prenant soin de ne pas piler sur les fleurs qui ont poussé magiquement ici et là.

La vie ne peut pas être plus belle.

Soudainement, je sens quelque chose qui me donne des petits coups sur ma joue. Je lève la main pour repousser l’insecte où, tout simplement, la chose qui me dérange en ce moment même. Après quelques secondes, la même sensation dérangeante se fait sentir à nouveau. Je ne peux m’empêcher de lâcher quelques jurons. C’est l’une des rares fois où je me sens complètement bien et on se permet de me déranger? Oh non! Ça ne va pas se passer comme ça!

La chose a intérêt à déguerpir à la vitesse de la lumière, car je vous garantis qu’elle va être en pièces détachées. C’est juste une question de secondes.

J’ouvre les yeux pour épargner ma joue de la douleur qu’elle subit depuis déjà assez longtemps. Lorsque ma vue s’habitue à ce qui l’entoure, je suis en état de choc lorsque je vois le visage d’un humain actuellement.

Où est passée Petite-Licorne?

Pour la deuxième fois aujourd’hui, je pousse le cri qui se situe entre le chant d’un béluga et le miaulement d’une chatte en gestation. Ça a complètement effrayé l’humain qui était devant moi qui tombe par terre avec tout sauf de l’élégance. Mais, je suis sûre que j’aurais réagi pareil, si ce n’est pas d’une façon ridiculement plus embarrassante.

À ce moment, j’aperçois la chose qui m’a empêchée de galoper dans le près avec Petite-Licorne. Avec un regard confus, horrifié, mais, surtout, furieux, je vois, dans la main de l’être humain devant moi, une branche d’arbre.

Quand l’hominidé se lève, encore là sans une once de grâce, et quand mon cerveau reprend son fonctionnement normal (enfin, normal, c’est un bien grand mot pour quelqu’un d’aussi tordu que moi), je me permets de jeter un coup d’œil vers le même hominidé cité plus haut. L’humain devant moi est, en fait, une fille qui a l’air d’être de mon âge. Son visage m’est vaguement familier, mais je ne réussis pas à m’en souvenir.  Elle a les cheveux courts (ils arrivent à peine à ses épaules) et très raides. Ses yeux sont d’une teinte de bleu qui s’approche du turquoise. Son teint est très pâle, presque porcelaine, ce qui fait un grand contraste avec ses cheveux d’un noir profond balayés ici et là de reflets corbeau. Cette fille dégage une aura qui lui donne un je-ne-sais-quoi de mystérieux.

Je regarde autour de moi et, à ma grande surprise, je me rends compte que je suis encore au parc près de chez moi. J’ai sûrement dû m’assoupir pendant quelques minutes sur le banc où j’étais assise.

Voyez-vous, l’un des nombreux problèmes que me cause ma narcolepsie, c’est celui-là. En fait, sans m’en rendre compte, je peux dormir en un claquement de doigts pour une période indéterminée. D’après ce que mon médecin m’a expliqué, je me retrouve dans un sommeil paradoxal dans le temps de quelques secondes. Chez les personnes normales, il faut habituellement quelques dizaines de minutes, voire une heure ou deux pour atteindre ce stade. Et donc, c’est là où je commence à rêver de licornes et de centaures.

Moi, c'est Josie... (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant