Moi, c'est Josie... (EN PAUSE)

Embarras

Embarras :

Josie Wilson

«Hey, Jo! J’pense qu’il est temps de te présenter à Fred. C’est mon frère.», me dit ma première amie en pointant mon deuxième et plus récent ami.

«Hmmm…Hooolaaaa!», je marmonne en allongeant le mot.

«Euh, ok... Je m’appelle Freddie. Et je ne suis pas seulement son frère. En fait, Deli et moi avons partagé le même utérus pendant 40 semaines.», me dit mon deuxième ami.

Attends, Attends, mes amis sont frère et sœur. Ça, ça me parait compréhensible. Mais, ils ont partagé le même utérus? Ça, ça me parait assez confus.

Frère? Sœur? Même utérus? 40 semaines?

Je pense que ça m’a pris deux minutes et 53 secondes avant de comprendre leur situation. Et, c’est là, où ma bouche s’est ouverte. Quatre secondes plus tard, elle s’est refermée, ne sachant rien dire. Et, elle s’est rouverte pour dire quelque chose.  Aucun mot ne sort, alors ma bouche se referme. Et elle s’ouvre de nouveau. Et elle se referme. Ouvre. Ferme. Ouvre. Ferme.

Bref, j’avais l’air d’un poisson rouge qui était en train de faire une crise d’asthme.

«Nous sommes jumeaux!», mes deux amis s’écrient avec un synchronisme à rendre Kent Nagano* très fier.

Maintenant que j’y pense, c’est vrai qu’ils se ressemblent beaucoup physiquement. Ils ont tous les deux la même teinte de cheveux noirs corbeau, les mêmes yeux bleus, la même vivacité…

«Hé! Calmos, muchachos! Je l’ai compris ça, c’est juste un peu difficile à croire!», je leur réponds sur le même ton.

«Et alors, Tu ne vas rien dire?», me demande Deli.

Je viens à peine de faire leur connaissance! Qu’est-ce qu’elle veut que je dise? Oh, dis-moi, puisque vous avez partagé le même utérus, partagez-vous aussi vos brosses à dent?

Alors, je dis la seule pensée sensée qui me passe par la tête : «C’est bien. Dites-moi, qui est le plus vieux?»

«MOI!», crie mon deuxième ami pendant que sa compagne d’utérus marmonnait quelques obscénités.

«Cool! (il s’agit là de la seule expression de jeunes que je connais)»

Je n’ai plus rien à dire et ça semble être pareil pour mes deux amis. Heureusement, avant même que je me mette en mode absent, la prof d’art prend la parole et nous explique le déroulement du cours.

Si j’ai bien saisi, il va falloir faire une œuvre collective à la gouache tournant autour du thème du rêve.

Wow! C’est juste ma chance! Hé-ho! Je passe mes nuits éveillée à observer les étoiles. Comment voulez-vous que je me mette à rêver?

Les seules fois où j’ai des semblants de rêves, c’est pendant mes petites siestes occasionnelles. Mais, encore là, je ne pense pas que ces soit disant rêves soient flatteurs pour mon image. Je rêve de licornes, de centaures et de barbe à papa. Bien que j’aime ça, je ne pense pas que mon petit happyland puisse être compris et apprécié par les autres.

Quand la prof d’art fini de parler, mes deux amis se retournent vers moi.

«Alors, Jo…», commence Deli.

«…T’as un rêve…», continue Fred.

«…intéressant…», poursuit Deli.

«…à raconter?», fini Fred.