Chapitre 1 ~2

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Dimanche 19 février 2017

Encore un jour comme un autre... En fin d'après-midi, je m'étais dirigé vers l'armoire qui me sert actuellement de chambre quand soudain, mon père me bloqua l'entrée. Il me prit le bras et me jeta au sol. Il me roua de coups de pied en m'insultant. Je ne savais toujours pas ce que j'avais fait, comme d'habitude. J'ai seulement protégé ma tête en espérant qu'il se calme assez vite. J'ai retenu mes larmes ne voulant pas lui montrer qu'il avait un pouvoir absolu sur moi. Mais il faut tout de même avoué qu'il me dominait par la peur et ça, je n'en pouvais plus. J'avais envie de me relever et de lui envoyer toute la rage que je contenais. Je voulais qu'il comprenne qu'il n'avait pas le droit de me faire autant de mal. Tout ce que je voulais faire était légitime mais rien n'allais sortir de ma bouche tout simplement par manque de courage. Il me releva afin de mieux me frapper. Il me lança alors toute la haine qu'il avait alors que c'est l'inverse qui aurait dû se produire.

Tout cela s'est passé en quelques minutes, mais cela m'a paru une éternité. Après mettre enfuit de la maison, je ressentais encore les coups et ses cris résonné dans mon corps. J'ai donc erré une nouvelle fois dans les rues de mon quartier, sans vraiment savoir où aller, ne recherchant ni aide ni espoirs. Plus le temps passais et plus j'accepté ce sort que le destin m'avait attribué. En ce moment, je suis dans un petit coin de rue où j'ai aménagé le trottoir pour les soirs comme cela. Ces soirs où je me rends compte que je suis vraiment seul, ces soirs où même les nuits les plus noires ne sont pas aussi obscures que mes pensées, tout simplement ces soirs où je sors pour échapper à ce calvaire quotidien. Lorsque les passants me voient, personne n'ose dire quelque chose, personne ne me demande si j'ai besoin d'aide, personne ne se préoccupe de moi...

Lundi 20 février 2017

Enfin l'école ! Si seulement il ne pouvait exister que cela ! Heureusement pour moi, j'ai réussi à reprendre mes affaires chez mes géniteurs. Je suis donc parti en cours avec mes affaires, ma rage et mes bleus.

Je ne sais pas très bien si je déprime ou si je suis rempli de rage. C'est comme si le monde s'abattait sur moi. J'en arrive à m'énerver contre moi-même tant je me plains sur ces pages. Je ne sais plus quoi faire. Je devrais au contraire, être fort et arrêté de m'apitoyer sur mon sort. Au lieu de cela, j'écris sur ces feuilles de papier comme si quelqu'un me lisait et me comprenait. Au final, même si personne ne me juge pour mes dires peu joyeux je remplace cela en portant un regard assez dépréciatif de ma personne.

Mardi 21 février 2017

Contre toute attende, j'ai reçu une convocation chez l'infirmière pour le lendemain, soit mercredi. Normalement mes heures chez la psychologue ne se font que le vendredi, pourquoi demain alors ? Et si des personnes avaient vu mes bleus ? Oh non ! Je deviens de plus en plus inquiet face à cette nouvelle.

J'avais vraiment envie de me sortir de cette situation, que ma vie prenne un autre tournant et que je ne sois plus concerné pour toute cette violence. Je savais que si quelqu'un tentait de faire quelque chose en essayant de résonner mes « parents », ces derniers redoublerais de force lorsqu'ils me frapperont. Je ne dis pas que j'ai peur qu'il me frappe, ça je commence à en avoir l'habitude. C'est malheureux d'en arriver là mais je n'ai même plus peur de mourir. J'ai seulement peur de n'avoir vécu que dans la violence avec cette boule au ventre lorsque je rentre chez moi. Ce n'est pas une vie, mais je n'ai pas le choix, je suis comme enfermé dans cette réalité... Je verrai bien ce qu'il m'arrivera demain, mais rien ne me fera parler d'avantage.


Mercredi 22 février 2017

Je sombre peu à peu dans la folie. J'ai toujours voulu rendre mon père fier. Je voulais briller dans le regard des gens, je me suis oublié. J'ai juste perdu mon temps. Seul, face à cette douleur insurmontable et insupportable, j'ai subi les injures et des critiques sur ma personnalité, ma façon d'être. J'étais et je suis rabaissé mais, je ne dis rien, j'encaisse sans broncher et, je finis par être habituée à cette douleur... Je me sens plongé dans la dépression. Et ce rendez-vous chez la psychologue n'arrangera rien à tout cela.

Je compléterai ce carnet au fur et à mesure du rendez-vous. Depuis tout ce temps, elle n'avait toujours pas su comment me faire parler de ma vie. Mais ma surprise fut immense quand j'ouvris la porte sur une jeune femme fraîchement sorti de longues études. La jeune femme encore inconnue à mes yeux demanda à voir mon journal. Tout en hésitant, je le lui tendis et elle feuilleta brièvement avant de me demander si elle pouvait écrire quelque chose à l'intérieur. Je répondis d'un simple hochement de tête. Elle voulait que l'entrevue se passe sous la forme d'un dialogue rédigé. Elle commença donc à écrire :

« Je sais ce que tu peux traverser Léo. Tu veux en parler en l'écrivant ?

-Je n'ai pas besoin d'en parler, je voudrais seulement savoir comment vous pouvez savoir ce que je traverse alors que je ne vous ai rien dis ?

-Cela fait une semaine que je suis en immersion dans ton école. Je suis arrivé il y a peu de temps ici, à Nouméa, mais je me rends compte que les enfants adoptent plus ou moins le même comportement que ceux de France. Après avoir lu les notes de ma collègue, j'ai donc décidé de t'observer. J'ai vu que tu te renfermais sur toi-même mais tu t'échappes de cette solitude par l'écriture. Et ce repli sur toi-même est dû aux violences que tu subis, n'est-ce pas ?

-Vous n'avez aucune preuve de ce que vous dîtes !
-Relève ta manche Léo s'il te plaît »


Je relevai ma manche et vis mon bras rouge de griffures que ma mère m'avais fait la veille. Voulait-elle me faire comprendre que tout cela commençait à aller trop loin ? Elle écrit un dernier message.

« Je te propose une chose : on réduit la durée des séances mais on en fera donc une par jours au lieu d'une tous les vendredis. Il sera intéressant que tu amènes ton journal tous les jours, pas pour que je regarde ce que tu marques mais pour qu'on continue à chaque fois. On en a fini, tu peux t'en aller. »
Je pense que cette séance a été plus intéressante que le total des quatre ans avec l'autre psychologue.

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Début d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant