La routine dangeureuse

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Je le vois, il est là devant moi. Je sens la chaleur me monter aux joues et mon poul s'accélèrer. Il est là pour moi ! La fille qui se cache au fond de la classe pour qu'on la laisse tranquille, qui mange sans grossir dès qu'un temps libre se présente, qui se confie à personne à part à lui.

Il pose sa main sur le creu de mon bassin pour m'attirer vers lui. Son odeur douce et piquante à la fois remplit mes narines. Il penche sa tête puis ses lèvres rencontrent les miennes brusquement. Je caresse ses cheveux de mes mains froides. Je les descends jusqu'à son ventre avant qu'elles passent sous son tee-shirt pour tenter d'être réchauffer. Je stoppe mes gestes quand je sens une cicatrice.

Je me dégage de notre étreinte passionnée pour le fixer dans les yeux. Il m'avait promis d'arrêter, de tourner la page. C'était conclu comme ça. Je ferme les poings, déçues, puis détourne les talons avant de partir en courrant.

J'entend ses pas derrière moi. Je sais qu'il va me rattraper, il est athlète à haut niveau. Il m'attrape violemment le poignet pour me faire pivoter vers lui. Je baisse les yeux tristes de son comportement.

Il me prend le menton entre son index et son pouce pour me faire lever la tête. Alors je crie :
- Tu m'avais promis de tout t'arrêter !
- Écoute je sais ce que je fais ne t'inquiète pas.
- C'était notre marché et tu ne l'as pas respecté ! Tu préfères aller te battre à mort plutôt que rester avec moi ?!

Il m'observe en ne disant rien, on sait tous les deux que cette routine illégale est dangereuse.
Son dernier combat l'a amené tout droit aux urgences. Pendant toute la soirée, je m'étais fais du souci. Alors je lui ai fait promettre d'arrêter les trafics qui dégénèrent, sinon je partais ; même si je crois que je serais incapable d'ignorer mes sentiments à son égard. Mais il faut lui mettre des limites.

J'ai sacrifié tellement de choses à cause de sa réputation qui lui colle à la peau. Certes, ce n'est pas un homme bien, mais je l'aime...Et ça ne se contrôle pas.

Je reprend mon calme avant de prononcer :
- Pourquoi tu as fais ça ? Tu t'es fais mal ?
- Non, tout va bien. Et comme d'habitude, les affaires qui ne fonctionnent pas.
- C'est encore Kevin ? Je le savais, il se prend pour le patron. Il te dis de faire des choses et tu le fais comme un soldat.
- Tu ne comprends pas... dit-il les yeux baissés avec la machoire crispée.
- Explique moi ou je pars pour de bon.

Il me libère enfin de sa prise où on peut voir la marque de ses ongles. Je croise les bras en le fixant de haut en bas. Il est tellement beau avec son corps musclé et ses longs cheveux bouclés au vent. Je pourrais lui pardonner, mais je ne veux pas.

Je le vois relever la tête pour plonger son regard dans le mien. Il souffle un long moment avant de se justifier :
- Ça n'a jamais été Kevin le "patron". C'est moi qui gère le trafic. Kevin est juste quelqu'un qui ne veut pas partager la récompense. Il ne comprend que la violence. C'est lui qui commence à frapper nos clients. C'est de sa faute s'il y a des combats, je ne fais que m'interposer. Et pour information, j'ai arrêté le trafic. Ils avaient juste besoin d'aide une fois. Mais c'était un piège de Kevin pour m'affronter sans les autres. Tu vois que je n'y suis pour rien. Je t'ai choisis toi Alice. Parce-que je t'aime."

Je fais les grands yeux, étonnée par autant de révélations. Mon cerveau se mélange entre la colère pour avoir été dans le mensonge depuis le début et la joie qu'il m'aie choisie.

Il m'observe en attente d'une réponse. Un sourire éclaircit mon visage. Je me jette à son cou pour le prendre contre moi. Il m'enlace de ses bras et me carresse doucement les cheveux.

Je ferme les yeux en pensant à tous les problèmes qu'il a enduré. À côté, les miens ne représentent rien. Je ne lui en parle pas souvent. J'évite de me plaindre juste pour un stylo qui n'a plus d'encre ou ma mère qui n'a pas fait le repas.

Grace à lui, j'ai compris que dans la vie il faut être satisfait du minimum. Et se dire qu'il y a toujours pire. Certes il y a mieux, mais je profite des moments de plaisir que la vie m'offre a bras ouverts. C'est pour ça que je rentre chez moi avec un grand sourire aux lèvres.

Dimmi a cosa pensiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant