Chapitre 6

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J'étais assis avec Jane dans l'herbe, en silence total.

Ça en devient embarrassant...

J'avais du mal à engager la conversation, et puis de toute façon je n'y arrive pas à parler naturellement à Jane.

Elle est stupide aussi, pourquoi ne peut-elle pas faire un peu plus attention ? Non mais sérieusement, traverser une route sans regarder, elle est forte tiens ! Mais pourquoi surtout ? Qu'est-ce qui la pousse à faire des conneries ? Ou bien fait-elle tout ceci par accident.

Je crois que ça me ferai mal si elle disparaît.

Je me tournai vers elle et lui dis sur un ton un peu méchant :

- T'as appris à traverser la route dans une pochette surprise ou bien ?

Jane qui était calme jusqu'à présent, reprit du poil de la bête et me rétorqua :

- Je n'ai pas fais exprès c'est bon !

Et je vais encore dire quelque chose de blessant.

- De toute façon je ne suis pas étonné, t'es bien une blonde sans cerveau.

Et elle va à nouveau me répondre pour ne pas perdre la face.

- Toi en tout cas tu es roux mais toujours aussi con !

Et une fois de plus, je vais réagir de manière impulsive.

- De toute façon tu me saoules ! Tu n'as qu'à rentrer seule ! Je pars !

Et encore une fois elle va réagir dans mon sens.

- De toute façon je ne voulais pas rentrer avec toi !

Et voilà, on s'est encore haï à petit feu.

- Je vais rentrer avec Matthew, il est agréable avec moi, lui !

Ça me fou mal.

- Ça m'est égal ! Vie ta vie !

Je pris mes affaires et rentrai carrément à pieds, quarante minutes de marche me feront le plus grand bien. J'avais la rage au ventre mais je ne saurai expliquer pourquoi. C'était un sentiment détestable.

J'ouvris la porte de chez moi et entrain avant de la refermer en vitesse. Je me jetai sur le canapé et regardai devant moi. Je remarquai soudainement qu'il y avait quelque chose qui trainait sur la table basse. Je me baissai pour voir de quoi il s'agissait et constatai que c'était un cadre, et pas n'importe lequel : c'était un cadre avec une photo de Jane et moi quand nous avions 9 ans.

9 ans... ça date.

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Il était midi. Jane et moi courions dans la maison à toute vitesse l'un après l'autre, on jouait au loup, j'étais assez fort mais Jane était plus rapide que moi, alors je la poursuivais de chambre en chambre, contournant le canapé, passant par-dessus la table basse puis en tournant autour des chaises de la cuisine avant de doucement commencer à descendre les escaliers. Je courais aussi vite que je pouvais pour essayer de l'attraper mais je n'y arrivais pas, je ne parvenais vraiment pas à réduire cette distance entre nous, était trop grande. Je commençais à m'essouffler mais je n'osais pas l'avouer, alors j'ai continué à courir comme je pouvais malgré que je sentais un ralentissement de ma part depuis le début. Jane riait devant moi et essayait de me fuir sans trop de difficultés, elle descendit dans notre cave, ou plutôt à l'intérieur de la vieille chambre dans laquelle mes parents entreposaient des objets qu'ils n'utilisaient plus. Que ce soit de la décoration, certains accessoires de pêche de mon père ou encore plein d'autres babioles dont on ne faisait plus usage. Au milieu de cette chambre, se trouvait une vieille armoire grise qui n'avait plus de portières. On pouvait parfaitement voir chaque petites étagères à l'intérieur qui d'ailleurs étaient vides à l'exception de la toute dernière tout en haut, à la toute dernière étagère de l'armoire. Dessus, se trouvait un pot vide qui avait été posé au milieu. Jane continuait de courir autour de la salle, je la poursuivais toujours.

Soudain, elle fit un saut pour atterrir juste devant l'armoire grise. Dans sa lancée, elle heurta brusquement celle-ci et le bocal qui se trouvait à la dernière étagère, commença à s'agiter dangereusement avant de finalement chuter du haut du meuble. Jane se cacha la tête comme elle pouvait, espérant ne pas recevoir un choc trop violent. Mais le bocal ne se brisa pas, il ne la toucha juste pas.

Je me tenais au-dessus de ma soeur, le bocal entre mes mains, à un centimètre de sa tête. Ma jumelle releva doucement la tête, au dessous de ses yeux bleus perlaient des larmes. Elle me regardait à la fois terrifiée mais finalement rassurée.

Pourquoi elle ?

Je déposais ce maudit bocal au sol et me penchais inconsciemment vers elle. Je posais mes lèves sur les siennes sans penser à rien, comme guidé par un instinct inconnu. Jane ne semblait pas se détacher de moi, elle ne me repoussa même pas, et quand j'interrompis notre baiser elle ne dit rien et se contenta d'aller dans mes bras.

- Jane, s'il te plaît, ne dis jamais à personne ce que je viens de faire, dis-je d'une voix presque honteuse.

- D'accord mais, pourquoi ? Me demanda-t-elle interrogatrice.

- Car, un frère qui embrasse sa soeur, ce n'est pas bien.

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Pourquoi elle ? Pourquoi fallait-il que ce soit elle ? Je déteste, je me déteste. Pourquoi je n'arrive pas à tout jeter hors de mon esprit ? Pourquoi suis-je obligé de supporter ça ? Je déteste l'univers, je déteste Dieu, je déteste la science, je déteste l'homme, car aucun d'entre eux ne peut répondre à cette question, aucun d'entre eux ne peut me sortir de ce pétrin.

C'est comme si depuis toujours et à jamais j'étais bloqué dans cette affaire. L'âge m'a changé moi, mais pas mes sentiments, et j'ai toujours cette horrible sensation de brasser le passé. Je m'enferme dans un cercle infini, et je crois jamais m'en sortir. Tout ce que je sais, c'est que je ferai mon nécessaire pour ne pas craquer, car c'est ainsi qu'il le faut, et je n'ai aucun droit de basculer ce qui es bien ou mal aux yeux de la société.

J'aurai voulu, plus que tout au monde, qu'elle ne soit pas ma soeur jumelle, je voulais qu'elle n'ait même aucun lien de sang avec moi. Je hais ça...

Jett et Jane Où les histoires vivent. Découvrez maintenant