Chapitre 8

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C'est comme si l'été se terminait, les cours ont repris, le rythme scolaire se posait doucement nous obligeant à lui faire face. Papa et maman nous appelaient chaque semaine pendant des heures, posaient mille questions et nous racontaient comment c'est de leur côté. C'est des parents poules malgré tout, ils ont « forcé » la voisine à passer deux fois par semaine, elle a fini par nous faire le dîner à chacune de ses visites. Mes parents étaient ainsi soulagés.

C'est sûrement dur pour eux de travailler dans les affaires.

Je rassemblait mes affaires, mon sac, et pris ma veste. Un jour d'école de plus. Rien de bien particulier. Je quittai ma chambre et croisai Jane dans le couloir. Elle m'adressa un petit signe de tête pour me dire salut et continua sa route.

Elle est bizarre... Ou bien est-ce juste mon impression ?

Je descendis les escaliers et quittai la maison, refermant la porte derrière moi : Jane était déjà partie.

Depuis notre dispute à la fête de Clayton, on ne s'est pas vraiment parlé, à part des trucs de maison ou familles, rien, aucun contact amical ou ne serait-ce qu'un peu d'empathie.

C'est mieux ainsi.

De plus maintenant je sors avec Jessica, j'ai mis fin à toutes ces questions sans réponses qui me brouillaient le cerveau. Plus jamais je ne serai proche de Jane, ainsi aucun mal ne sera fait.

Je ne veux plus être blessé.

J'arrivais tranquillement à l'école, passais à mon casier et saluais Matt. Mon ami pianiste me serra gentiment la main et on partit en classe ensemble. On prit place au fond à un petit bureau pour deux. Matt avait un regard perplexe, je sentais qu'il avait quelque chose sur le coeur. Quand il commença à parler, je le compris à sa voix hésitante :

- Jane va bien ?

J'en sais rien.

- Que je sache oui.

- Et toi ?

Pas vraiment, non.

- Tout roule, pourquoi me demande-tu ça ?

- Tu es étrange un peu, je pensais que Jessica t'énervait, et te voilà en couple avec elle, j'ai du mal à saisir.

- C'est un bon parti, et elle n'est pas si mauvaise.

- Un « parti », oh s'il te plaît Jett, nous ne sommes pas au Moyen Age. Est-ce que tu l'aimes au moins ?

Non.

- Bah oui, c'est normal non ?

- T'es bizarre Jett.

- Je sais.

- En fait Jett... est-ce que tu... tu aimes peut-être quelqu'un que tu ne peux...

Mon regard allait s'éclairer.

Matt... est-ce que tu as compris ?

Je levais des yeux pleins d'espoirs vers lui. Est-ce qu'il pourrait comprendre ? Est-ce une bonne chose ? Est-ce qu'il voit ? Comprend ? Consent ? Avant même de pouvoir avoir une réponse Matt finit simplement par dire :

- Non... rien, excuse-moi, j'espère que tout ira pour le mieux pour toi, t'es un bon gars plein de ressources.

La sonnerie retentit et on arrêta de parler. J'avais un goût amer dans la bouche et j'étais affreusement triste. Je ne sais pas pourquoi, j'espérais que Matt comprenne, qu'il découvre tout, j'avais comme la sensation qu'il le savait déjà, qu'il était prêt à l'entendre. J'étais mal, car je n'ai pas la force de le lui dire, pourtant il est peut-être le seul qui me comprendrait.

À la fin des cours je partis en vitesse, je ne voulais voir personne, j'avais mal au coeur, comme si je voulais vomir tous mes organes. Je me sentais fiévreux presque, mais tout semblait être dans ma tête. Je voudrais faire quelque chose, je voudrais disparaître plutôt.

Pendant que je me prenais la tête, mon téléphone retentit, je le sortis de ma poche pour lire le message qui y était inscrit : c'était Jess, elle voulait qu'on se voit.

Ce n'est que Jess...

Je lui écris rapidement un message pour lui indiquer un lieu de rendez-vous. Je ne peux pas lui dire que je ne veux pas la voir, elle va en faire une panique générale et tout le monde sera au courant, j'ai pas envie qu'on sache spécialement mon état d'âme actuel.

J'ai donc envoyé mon message et suis parti la rejoindre, marchant ainsi un peu insouciant dans les rues, en tout cas j'essayais de le paraître.

J'arrivais au lieu du rendez-vous, c'était juste le parc près de chez moi. Jessica m'attendait là, vêtue d'une robe rouge et d'une veste en jeans. Je la rejoignis lui faisant signe. On s'approcha, je lui dis un rapide salut et l'embrassais, elle me sourit.

Ça ne me fait rien.

On marcha un peu ensemble, elle me parla de tout et de rien, de ses cours, son repas de midi même un peu de shopping. Je l'écoutai sans grand intérêt, mais je faisais la meilleure mine possible. Le temps se rafraîchissait à vu d'œil, je soupirai. Soudain elle me prit la main. Je ne sais pas pourquoi mais cela me repoussa, alors je retirai subitement la mienne. Elle sembla m'interroger du regard l'air de dire : « Ai-je fais quelque chose de mal ? ». Je lui souris gêné et répondis à son interrogation :

- Désolé... le concept de couple est un peu nouveau pour moi... je ne suis pas encore prêt pour ça.

Ma copine sembla mieux comprendre et se contenta de hocher la tête positivement.

Décidément, elle accepte tout de moi, mais je n'accepte pas de l'aimer quand même.

À la fin de notre balade, mes nausées s'intensifièrent. Je décidai de dire au revoir à Jessica pour rentrer. Je lui inventais une histoire toute bidon comme quoi j'avais mal dîné aujourd'hui pour pouvoir rentrer sans risquer qu'elle m'harcèle par message. Elle fit bien heureusement preuve de compréhension et je la quittai pour rentrer.

J'avançais vite, tout se basculait dans ma tête et j'avais l'impression que toutes mes pensées allaient exploser. Je ne suis pas heureux avec elle.

Mais avec qui suis-je alors heureux ?

Je m'efforçais de ne pas y penser, il était 20h passés, je devais rentrer, et sûrement dormir. Alors que je marchais encore une fois en route pour ma maison, j'aperçus au coin du quartier la porte de la maison de Matt.

N'y pense même pas...

Je couru vers sa porte et toquais. Au début, personne ne m'ouvris, alors je sonnai. Cette fois, Matt m'ouvrit, habillé d'un gros pull et un pantalon de training.

- Jett ? Qu'est-ce qui t'amène ? Demanda-t-il interrogateur.

Mes forcent semblaient me lâcher et je me contentai de tomber sur son épaule sans un mot. L'énergie que j'avais fournis pour toquer chez lui et rassembler mon courage venait de vider mes réserves de forces.

Au moins les nausées sont loin.

Jett et Jane Où les histoires vivent. Découvrez maintenant