VIII- 20:43

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Aujourd'hui, j'ai reçu un coup d'téléphone. La sonnerie m'a frappé les tympans, dérangeant l'silence habituel. C'était Thaïs. Ta fille a appelé son père dans ton dos, Céleste. Ou p'têtre que tu lui avais autorisé.

«- Papa ? qu'elle demandait.

- C'est moi, c'est papa, Thaïs.

J'pleurais silencieusement, comme toi, avant. J'pleurais mais ça s'noyait sous la p'tite voix cristalline de ta fille. De ma fille.

- Nana elle travaille, qu'elle me racontait. Elle travaille, et après elle fait la cuisine avec maman. A chaque fois elles rigolent fort, et ça fait rire les voisins en dessous.

- C'est chouette, ça. Vous allez toutes bien ? j'me forçais à parler bien, au cas où elle pige pas c'que j'disais. Elle avait eu d'la chance sur le timing, j'allais finir ma bouteille de Jack et j'l'aurais sûrement envoyée balader.

- Oui, maman elle est guérie,et Nana elle rigole tout le temps.

J'sais pas qui est Nana, mais j'l'admire pour avoir réussi à t'aider à r'monter la pente du haut d'laquelle j'tavais jetée.

- Dis à maman que papa pense fort à elle. Je dois te laisser, ma petite Thaïs, à bientôt, je t'aime fort. »

Quand elle a raccroché, j'me suis surpris à sourire. J'souriais vraiment, c'que j'avais pas fait d'puis qu't'es partie, Céleste.

Depuis c'te soirée, j'fixe mon téléphone tous les soirs à vingt heures quarante-trois, espérant qu'Thaïs m'rappelle.

CÉLESTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant