Ça y est, ça fait trois ans qu'tas claqué la porte de l'appart'. Trois ans que j'bois, et trois ans que mon corps refuse d'crever. Thaïs a fêté ses quatre ans, non ? J'aurais aimé lui faire un p'tit cadeau, mais j'ai ni adresse ni fric.
L'voisin du d'sous a décidé de faire semblant d's'inquiéter pour moi. Il vient tous les jours pour m'dire de nettoyer l'appart, et il m'sort les poubelles. J'comprends pas sa lubie, mais bon, ça m'fait d'la visite. Il m'dit qu'j'ai l'air d'un quarantenaire dépressif, que j'devrais sortir, m'raser, aller chez l'coiffeur. C'qu'il comprend pas, ce con, c'est qu'j'ai pas envie d'aller mieux. J'veux juste mourir pour t'venger du mal que j't'ai fait. Crever, c'est ça que j'veux. Alors j'bois pour vieillir, j'bois pour qu'ça passe plus vite, mais c'est putain d'long. J'ai même pas la force d'me suicider tellement j'suis bourré à chaque heure d'la journée. Et de toute façon, est-ce que c'est la bonne solution?
J'sais bien que crever réparera pas plus vite tes côtes, qu'ça effacera pas tout l'mal qu'j'ai pu faire, mais p'têtre que ça t'vengera. Mais mourir résumerait ma vie à avoir foutu la merde dans la vie d'chaque personne que j'aime, et j'voudrais bien faire quelque chose d'positif une fois dans ma vie, tu vois?
Maint'nant que j'réfléchis, tu sauras jamais si j'vais bien ou pas, sauf si on s'croise comme la dernière fois. Alors aujourd'hui, j'choisis d'aller bien. J'pense qu'c'est la bonne solution. J'm'autorise à m'suicider seulement si j'ai plus qu'cette solution.
J'vais commencer ma "thérapie" en arrêtant d'écrire comme si j'te parlais. Ça t'fera pas rev'nir, j'crois.
