Lettre 4

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Morgan,

Vote réponse est inespérée, pour être franche, je ne m'y attendais pas. Et pourtant quand j'ai vu votre réponse dans ma boîte aux lettres ce matin, je vous avoue, avoir ressenti de la joie.  Je suis heureuse que vous ayez choisi de me prendre comme confidente,  même s'il l'on peut discuter sur le sens de confidente ici.

En  premier lieu, je voulais m'excuser pour avoir lu votre première lettre  et je comprends votre colère, elle est tout à fait normale. Je n'aurais moi-même pas apprécié que ma vie privée soit ainsi dévoilée à une inconnue. J'ai empiété sur votre vie privée, j'en suis désolée, même si grâce à cela, nous avons pu entrer en contact. C'est un mal pour un bien.

En second lieu, je tiens à préciser que je ne veux en aucun cas être une personne à qui vous devez absolument tout dire. Je sais que cela peut paraître idiot, de vouloir préciser cela mais dans ce monde, il paraît inconcevable d'être gentil sans aucune raison malsaine. Et peut-être que dans un sens c'est vrai. On aide seulement lorsque l'on reçoit quelque chose en retour. Dès que vous avez de bonnes intentions gratuite, cela est toujours très mal perçu. C'est pourquoi je veux évoquer avec vous la motivation principale qui me pousse à vous écrire.

Il y a une quinzaine d'années, lorsque j'étais au lycée, j'ai compris que la vie était dure. Et c'est normal allez-vous dire, c'est la fin de l'adolescence, le  début de la vie adulte, de la véritable vie, tout le monde trouve ça dure. Mais mon cas, bien que malheureusement nous  ne pouvons pas dire qu'il sort du lot à cause de toutes les horreurs qu'il se passe chaque jour, est particulier et n'est pas des plus  simples.

J'ai subi du harcèlement, peut importe les raisons pour le moment. Je sais que c'est dur, je sais comme nos camarades peuvent être violents aussi bien moralement que physiquement. Je sais ce qu'on ressent, on se sent seul au monde. Je connais ce sentiment de vouloir être « normal », être comme les autres. Je connais ce pincement au cœur quand on se rend compte que nous appartenons à aucun groupe. Je sais tout ça, parce que je l'ai vécu, comme des milliers d'autres gens qui vous dirons tous la même chose que moi aujourd'hui, avec du recul.

J'ai survécu. J'ai réussi à me tirer de tout ça. Maintenant, j'arrive à ne plus trembler au moindre claquement de porte. Je n'ai plus de mouvement de recul face à quelqu'un qui bouge la main un peu trop vite. J'ai réussi, après une longue lutte à me débarrasser de tout ça. Je ne dirais pas que j'ai oublié, vous savez comme moi que c'est impossible, que l'on s'en souvient toujours ; mais j'ai réussi à m'en sortir.

Aujourd'hui, ma vie est comme celle de n'importe quelle personne de mon âge. Je ne suis plus cette fillette persécutée, je suis une femme fière de ce qu'elle est devenue. Et cette épreuve, m'a meurtri certes, mais m'a endurci. Grâce à cela, je sais me battre, je sais à quel point la vie est dure, à quel point elle ne fait pas de cadeaux. Et en sachant tout cela, j'avance mieux. J'affronte les obstacles plus facilement que si la vie m'avait protégée durant tout ce temps.

Grâce à ces épreuves que j'ai surmontées, je ne suis pas aujourd'hui un petit agneau naïf face à la cruauté de ce monde. De cette époque, je sais maintenant tirer ma force.

Dites-vous que le malheur n'est qu'un temps. Il arrive toujours le soleil après la pluie même si l'orage semble ne jamais se finir

N'oubliez jamais Morgan, nous sommes les plus forts, nous les bouc-émissaires, les soumis d'un temps, les souffre-douleur. La roue tourne, et le destin est le maître du jeu, sans entorse possible à la règle. Le bonheur vient à celui qui sait attendre.

Chaleureusement Sylvie.

Taquapax
m_khdx

Le 07/10

Morgan.e.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant