Heterophobia

Partie 2: l'Aveu

Et à ce moment-là, la vérité s'imposa à moi : J'étais hétéro.

C'était la véritable douche froide. Qu'un sexe puisse en aimer un autre était un aberration. Et pourtant, moi, Sylvain, j'étais hétéro. Je désirais le corps d'une femme, les courbes, la douceur, la souplesse. Cette « chose » que je ne connaissais pas, que je voulais découvrir et aimer. Mais j'allais devoir me cacher. Car j'étais une aberration. La société ne me reconnaissait pas. Je ne pouvais pas me marier avec une femme, je risquais d'être rejeté par ma famille, d'être jugé par des inconnus, de rencontrer de la discrimination au travail, dans une recherche de logement, d'être victime de violence gratuite. Tout ça pour avoir une sexualité différente de celle de la société.

La différence n'avait jamais été acceptée, elle dérangeait, alors qu'elle devrait être une force. Malheureusement cette différence allait me faire vivre dans la peur permanente. Et si quelqu'un découvrait mon secret ? Qu'allait penser ma famille ? Et comment trouver une fille qui m'accepterait tel que j'étais ?

Ce fut un cauchemar qui me réveilla ce matin-là. Mes mères qui découvraient tout, qui décidaient de me rejeter, ma petite sœur qui me tournait le dos. Je me réveillai en sursaut et sueur, le cœur battant à toute vitesse. J'étais en nage. Ma petite sœur, il fallait que je la vois. Tout de suite. Après m'être empêtré dans mes draps, je déboulai dans sa chambre. Elle dormait encore à poings fermés. Je me glissai sous sa couette et me collai contre elle pour l'enlacer.

« Hm... Sylvain qu'est-ce qu'il y a ? murmura-t-elle toute ensommeillée.

- Tu m'aimes hein ? Hein ? Dis moi que tu m'aimes !

Elle ouvrit les yeux et referma les paupières.

-Moui je t'aime... Maintenant vas te laver, tu pues.

Je la serrai encore plus fort contre moi pour l'embêter et surtout me rassurer.

-Sylvaiiiin !!

Je sortis en riant et filai me débarrasser de ma transpiration. L'eau me fit le plus grand bien et lava un peu mes peurs. Une fois propre, je retournai auprès de ma petite sœur. En réalité nous étions jumeaux. Maman et Mamou avaient eu recours à une PMA pour nous avoir. Au lieu d'un enfant, elles en avaient eu deux ! Mais je considérais Salomé comme ma petite sœur. J'avais pris trop de place dans le ventre et elle avait eu du mal à se développer. A la naissance, ce n'était qu'une petite crevette qui était restée quelques temps sous couveuse. D'une santé plus fragile, j'avais toujours pris soin d'elle et je l'avais sûrement surprotégée. Mais nous avions une relation privilégiée tous les deux. Cela valait plus que de l'or à mes yeux.

Je me glissai à nouveau à ses côtés et cette fois elle se blottit d'elle-même contre moi, cherchant un peu de chaleur.

-C'est mieux ?

-Moui... »

Je posai un baiser sur son front et nous nous rendormions, blottis l'un contre l'autre.

Le deuxième réveil fut beaucoup plus doux. C'était Salomé qui me faisait un bisou esquimau.

« Salut crevette.

-Salut mammouth. Bien dormi ?, me répondit-elle espiègle.

-Oui, merci. Et toi, je ne t'ai pas trop dérangée ?

Elle fit la moue devant ma question.

-Non t'en fais pas. Tu veux m'expliquer ?

-J'ai peur Salou, tu le sais.

-Mais de quoi ? Tu es mon frère, mon jumeau ! La deuxième moitié de mon âme ! Qu'est-ce que tu ne peux pas me dire ?

-J'ai peur que tu ne veuilles plus de moi, soufflai-je.