Chapitre 10

740 47 20
                                    


Liam

Louis entre dans la galerie, vêtu d'un jean coupé qui montre plus de cuisses qu'il n'en couvre, et d'un débardeur minuscule. Quand je le vois, du haut de mon échelle, il s'en faut de peu que je ne lâche le vitrail que je suis en train d'accrocher.

-Je suis venu travailler, annonce-t-il en écartant les bras. Je suis à ton entière disposition.

Vraiment, sa présence ici n'est pas une bonne idée.

Par-dessus mon épaule je jette un regard coupable vers le bureau du fond, mais il est vide. Charlotte est allée sur le campus pour discuter avec le propriétaire d'un tableau qui lui semble indispensable pour le vernissage.

Du haut de l'échelle, je lance :

-J'en ai pour une minute.
-Ça t'ennuie si je jette un coup d'œil à ce que vous allez exposer ?
-Fais comme chez toi.

J'accroche avec précaution le vitrail sur le filin d'acier, en m'efforçant de dissimuler l'effet que la présence de Louis produit sur moi. Les baies vitrées qui donnent sur le fleuve éclairent la galerie tout entière. Placé là, le vitrail attirera tous les regards. Je le centre soigneusement avant de redescendre pour lui dire bonjour.

En arrivant au bas de l'échelle, j'essuie mes mains moites sur mon jean.

Il pivote lentement sur lui-même en souriant. Bon Dieu, il est resplendissant aujourd'hui. Est-ce Harry Styles qui lui fait cet effet ?

-Cette photo est fantastique, dit-il en s'asseyant au milieu de la galerie, les jambes pliées sous lui, pour fouiller dans une caisse posée à coté.
-C'est un photographe de Chicago, dis-je en désignant les photos.

Les encadrements en acier on été prévus pour s'accorder parfaitement à des intérieurs au design contemporain. Ces photos doivent être exposées par panneaux de trois, mais je n'ai pas encore décidé lesquelles exposer le jour du vernissage. Louis a toujours su mieux que moi trouver des thématiques de collection. Moi je suis plus à l'aise derrière l'appareil.

-A combien penses-tu les mettre en vente ?

Je lui tends la liste des prix et il la regarde attentivement.

-Ces tarifs me semblent raisonnables pour des œuvres de cette valeur, mais en même temps il ne faudrait pas décourager les acheteurs potentiels. On a toujours dit qu'on proposerait de l'art pour toutes les bourses, non ?

Il relève la tête pour me regarder et une mèche dorée lui tombe sur les yeux. Je serre le poing pour me retenir de la repousser derrière son oreille. Il cligne des yeux en prenant conscience de sa gaffe.

-Bien sûr, peut-être que Charlotte et toi vous ne vous préoccupez pas de ça. Je ne veux pas me donner de l'importance, c'est juste que...
-Louis, dis-je en levant la main, tu n'as aucune raison de te sentir gêné. On t'a demandé de venir parce qu'on a confiance en ton jugement.

Il sourit et je me détends. Quel soulagement de constater que la tension entre nous a disparu, en partie du moins.

-D'accord, dit-il. Tu vois, je me disais qu'on pourrait faire un échantillonnage de ses différents formats pour le vernissage – comme ça quelqu'un intéressé avec un budget limité pourrait quand même acquérir certaines de ces photos. Et en plus cela nous permettrait d'alterner les grandes et les petites sur ce mur.
-Bonne idée.

J'enfonce mes mains dan mes poches et je m'approche pour examiner les photos qu'il a sélectionnées.

-Au fait, la maison est terminée.

Unbreak me ( larry ) T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant