Si le soleil est souvent omniprésent en Provence, c'est qu'il s'associe avec un vent bien connu des provençaux, et surtout bien redouté par les provençaux, surtout les habitants de la vallée du Rhône : . Ce vent sec et froid, qui a fait partie des 3 fléaux de la Provence accompagné du Parlement et de la Durance, a toujours suscité des interrogations sur ses origines, et encore plus que des interrogations, il a fait naître bien des légendes sur son sujet. Voici celle qui voyage le plus, au grès du souffle du vent !
La légende nous amène dans les marais du Vivarais, ancienne province appartenant au Languedoc, aujourd'hui proche de l'actuel département de l'Ardèche. C'est dans cette région, sous l'arche d'un rocher ajouré, que le mistral prendrait naissance, avant de prendre de l'ampleur en tourbillonnant dans les marais jouxtant, et de partir en rafales en direction du Sud, vers la Camargue.
Les habitants des villages environnants s'inquiétaient régulièrement pour leurs maisons, leurs cultures ou encore leurs enfants... Alors un jour, ils décidèrent d'agir afin de ne plus subir le harcèlement du mistral. Pour ce faire, ils décidèrent de barricader le mistral dans sa propre tanière, en clouant des solides planches taillées dans des troncs d'oliviers centenaires. Ces planches, qui avaient été soigneusement coupées, rabotées et poncées, étaient d'une robustesse à toutes épreuves. Les villageois clouèrent alors ces planches sur chaque pilier du rocher, profitant d'une accalmie du vent ravageur. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsque le mistral se réveilla et qu'il s'aperçut qu'il était prisonnier de ces planches qui résistaient à son souffle ravageur. A plusieurs reprises le mistral essaya de briser les planches, et de s'évader de cette prison. En vain. Les villageois pouvaient alors triompher !
La légende nous remonte alors la conversation surréaliste qui se serait tenue entre le mistral, et les habitants. En effet, très fâché, le mistral menaça les villageois en leur promettant que lorsqu'il arriverait à se libérer, il détruirait tout sur son passage : tuiles, oliviers, amandiers, cyprès, clôtures... Après son passage, il ne resterait plus rien de leurs biens. Les villageois se moquaient bien des menaces du mistral, à présent dépendant de leur bonne volonté. Mais la conversation prit une tournure plutôt étrange. Le mistral sortit alors sa dernière carte, et annonça aux villageois que sans lui, tout allait devenir désolation, que leurs terres allaient être infestées de moustiques, l'eau en putréfaction, la fièvre allait faire périr enfants et vieillards... Mais les habitants ne l'entendirent pas de cette oreille, et laissèrent le mistral enfermé.
Une fois le printemps terminé, la chaleur de l'été s'installa, et se fit beaucoup plus intense que les années précédentes, tandis que le taux d'humidité restait très élevé, faisant craindre l'arrivée d'une épidémie. Les animaux furent les premiers touchés, et leurs cadavres empestèrent les rues des villages, et souillèrent les ruisseaux. Les moustiques venant des marais avoisinant se montraient agressifs et commencèrent à transmettre aux hommes les maladies... L'épidémie tant redoutée était là... Les hommes décidèrent alors de se réunir pour trouver une solution à cette épidémie. Rapidement ils prirent conscience que l'origine de ce désastre se trouvait dans l'absence du mistral. Finalement, malgré tous ses défauts, ce vent était finalement bénéfique pour les hommes, asséchant les terres détrempées, dissipant les nuages et les brumes étouffantes, aidant les fruits à mûrir... Les débats furent intenses entre les pro et les anti mistral. Entendant ces houleuses discutions, le mistral, contre tout attente, prit la parole, et promit que si les villageois lui rendaient sa liberté, il se montrerait clément, et ne déracinerait pas les arbres fruitiers, ne démonterait pas les toitures des maisons ni les clôtures des jardins...
Les habitants restèrent perplexes devant cette promesse, mais ils finirent par libérer, faute d'autres alternatives. Les habitants s'attelèrent alors à déceler les solides planches qui bloquaient le mistral. A peine la dernière planche fut elle enlevée, que le mistral s'engouffra à l'extérieur et se mit à souffler de toutes ses forces. Les habitants restèrent de marbre, ne sachant pas comment réagir.
Un enfant s'approcha alors et lui rappela sa promesse faite avant sa libération. L'effet fut immédiat et le vent s'apaisa de suite. Il se mit à chatouiller les arbres, caressant les tuiles des maisons et les clôtures des jardins. Le village retrouva alors sa joie de vivre, et cette histoire devient rapidement plus qu'un mauvais souvenir ! Quant au mistral, lui, il s'en alla souffleter vers les plaines du midi...
YOU ARE READING
Légendes du Vaucluse
Short StoryLégendes de villages ou de lieu du Vaucluse 1. Légende de Malemort du Comtat