VI

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- Je suis tellement heureuse d'entendre ta voix ! Dis-je en sautillant sur place dans ma chambre, incapable de rester immobile.

J'entends Dan rigoler à travers le téléphone.

- Je ne pensais pas que je te manquais à ce point. Tu t'ennuies autant de mon sourire charmeur et de mon corps d'athlète ? Pouffe-t-il bêtement.

- Très amusant, je vois que San Francisco ne t'a pas fait perdre ton merveilleux sens de l'humour !

- Enfin tu le reconnais après 15 ans de durs et loyaux services en tant qu'ami !

- T'enflammes pas Marco, c'était purement ironique.

- Ce surnom est complètement dépassé, tu t'en rends compte ?

- J'aime bien t'appeler Marco Polo, pour moi t'es le nouvel explorateur des terres modernes.

Il rit à nouveau et l'écho de sa voix produit en moi un énorme réconfort. Dan m'a vraiment beaucoup trop manqué ! J'ai tellement pris l'habitude d'avoir mes deux amis à mes côtés que je dois avouer vivre plutôt mal cette longue séparation.

- Dommage que tout ait été découvert, j'aurais adoré donné mon nom à une île sauvage.

- L'île Daniel Baggins, dis-je d'une voix mystérieuse.

Un rire à nouveau et je l'entends lâcher un long soupir. Je n'ai pas pu m'arrêter de sourire depuis que j'ai décroché en voyant son nom s'afficher sur mon portable.

- Alors, quoi de neuf à Jacksonville ?

J'essaye de prendre une voix dramatique :

- Oh... Tu sais.. Pas grand chose à part que je meurs d'ennui...

- A ce point ?

- Que veux-tu que je fasse sans toi et Meryl ?

- Je croyais que tu voulais partir à la chasse aux mâles ?

Je fais mine de vomir.

- Quelle horreur ! Depuis quand tu me confonds avec Meryl ?

- Difficile à dire. C'est bien toi qui a des boucles blondes ? Demande-t-il en prenant un air faussement perplexe.

A mon tour de ricaner. Impossible de confondre Meryl avec moi. Non seulement, elle est cent fois plus jolie mais surtout nous sommes deux opposées. Elle est petite avec quelques rondeurs mais qui lui vont bien, de belles boucles serrées blondes quoique de plus en plus auburn et des grands yeux verts à tomber.

- T'es bête ! Raconte moi ton voyage, plutôt. Tu comptes rentrer quand ?

- Pas avant septembre. Ma rentrée est tardive donc j'ai le temps et je n'ai pas envie de me presser. J'ai commencé par faire le sud, comme on avait dit. J'ai été à Dallas puis j'suis petit à petit remonté jusqu'à Los Angeles et de là j'ai parcouru toute la côte Ouest. Franchement, c'est aussi génial qu'on se l'était imaginé Mer ! Je suis sûr que tu aurais adoré voir ce que j'ai vu !

Je soupire tant il n'imagine pas à quel point il dit vrai. Je rêve de voyager, de m'envoler, de découvrir, de vivre des aventures aussi épiques que dans mes livres. J'ai même hésité à le suivre au moment des séparations. Mais quitter mon père si tôt en sachant très bien que je ne le reverrai que peu de fois quand je serai à l'université m'a paru douloureusement égoïste.

Je suis restée pour lui. Je ne le regrette pas – même si son absence prouve que j'aurais peut-être dû penser plus à moi.

- A Vegas, je t'ai dégoté un super cadeau d'ailleurs !

A THOUSAND SUNS - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant