Chapitre un.

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Le crissement du stylo sur la feuille se poursuivait inlassablement tandis que j'écrivais les quelques lignes qui termineraient bientôt mon contrôle de français. Dans un léger soupir, je terminais enfin ma copie et la parcourue rapidement à la recherche d'une éventuelle faute d'inattention. Aucune. Mon regard passa de mon devoir à l'horloge fixée au mur qui marquait 10 heures 19. Dans moins d'une minute, je pourrais enfin aller retrouver Matthieu et Jennifer, mes deux uniques meilleurs amis. Depuis la primaire, nous étions inséparables et toujours dans la même classe. Aujourd'hui, à l'aube même de notre passage dans la vie active pour certains et dans de longues études pour d'autres, dans cette classe de terminale si décisive pour notre avenir, les professeurs avaient encore une fois été indulgents et ne nous avaient toujours pas séparés, au grand désarroi de certains de nos camarades qui espéraient tant se retrouver eux aussi avec leurs amis.

Mes yeux se posèrent sur Matthieu, situé tout à droite un rang devant le mien, qui semblait s'être endormi tant il était affaissé sur sa chaise, bras croisés, avec un air de profond ennui. Ses cheveux bruns clairs reflétaient les rayons du soleil et ses splendides yeux verts étaient clos. Je m'étonnais d'ailleurs qu'il n'ait pas de copine, car il était, je dois bien l'avouer, vraiment beau gosse. Ses traits étaient bien formés, son nez fin, comme ses lèvres d'ailleurs, ses oreilles bien placées. Sportif, il était mince et grand mais sous cette minceur apparente se cachait une force insoupçonnée. Nous passions souvent nos après-midi libres ensemble, à jouer au volley, à faire du vélo, ou à pratiquer tout autre sport que l'on puisse exercer. Toutes ces séances quotidiennes avaient considérablement développé notre musculature sans que nous nous apercevions, jusqu'au jour où j'ai facilement battu mon père, fanatique de basket, à un bras de fer qu'auparavant il remportait sans difficultés. Matthieu était vraiment quelqu'un de génial. Il était extrêmement drôle, gentil et un peu taré c'est ce qui faisait que notre amitié durait depuis si longtemps. Il n'avait pas toujours de glorieuses notes, mais dans l'ensemble ça allait assez bien, il n'avait pas à se plaindre. Le connaissant, il devait certainement avoir terminé une dizaine de minutes auparavant, mais avait dû sauter quelques questions sans y répondre. Il ouvrit un de ses deux envoûtants yeux verts et me fit un clin d'oeil complice. Je ris en mon for intérieur et laissais mon regard glisser sur le dos de Jennifer, assise comme à son habitude au premier rang.

Jennifer était la seule fille à qui je parlais depuis le collège, depuis sept ans maintenant. Le temps passe tellement vite...je la connais depuis la maternelle, tout comme Matthieu, et nous sommes devenus inséparables assez rapidement. Nous étions toujours fourrés ensemble et bien que de temps à autres Jennifer nous lâchait une ou deux recrées pour aller voir Juliette, on était surnommés "le trio d'indécollables". Je regardais mon amie en me disant qu'elle seule me comprennait vraiment. Ses longs cheveux blonds pendaient sur ses épaules, ses yeux marrons-verts parcouraient sa copie le plus rapidement possible afin de déceler une faute probablement inexistante et elle jouait nerveusement avec son stylo en le faisant tourner dans sa main droite. C'était également une sportive accomplie, mince du haut de son corps mais possédant des cuisses épaisses de cavalière chevronnée, sa passion étant l'équitation. Elle courrait aussi très bien, mais si on la battait facilement en sprint, en endurance c'était une autre histoire. Chaque année, tandis que nous, les gens du peuple, nous traînions lors du cross du collège et du lycée, elle finissait dans le top 10 juste derrière les filles du club d'athlétisme. Je l'admirais vraiment car elle possédait des ressources insoupçonnées aussi bien physiquement que mentalement. Malheureusement pour elle, elle était célibataire aussi et disait s'en satisfaire, mais au fond je voyais que cette situation la faisait se sentir rabaissée et inférieure aux autres. Elle possédait un bons sens de l'humour et ressemblait tellement à Matthieu dans ses expressions et sa manière d'être que beaucoup de gens les croyaient frères et soeurs. D'ailleurs, ils se surnommaient ainsi entre eux car leurs vies étaient vraiment synchronisées à la perfection.

Le Sceau de l'amitié [Cover By blvckxdove]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant