Chapitre 24

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Evan :


Quelque chose de collant et mouillé, me coule sur le visage.

J'ai l'impression que quelqu'un me fracasse le crâne à coups de pierres alors que je peine à ouvrir les yeux. Doby me regarde la langue pendante et, mon grognement ne l'encourage qu'à me lécher la joue.

- Putain dégage !

Je me redresse et constate que c'est une très mauvaise idée alors que je tangue dangereusement.

Le chien part la queue entre les pattes en jappant.

Je prends ma tête entre les mains pour essayer de canaliser la douleur et, au même moment, j'aperçois Noé qui me regarde avec sérieux sur le pas de la porte.

Mes poumons se vident violemment quand je vois son regard.

- Où est maman ?

Je ferme les yeux en tapotant le canapé à côté de moi.

- Viens là.

Comment expliquer à un gamin qu'il ne reverra jamais sa mère ?

Noé s'avance lentement, et, au lieu de s'asseoir à côté, il prend place sur mes genoux.

Je me crispe automatiquement devant son innocence que je vais être obligé de détruire.

- Où est maman ? Répète-t-il.

Mes muscles se contractent alors que je pose ma main sur son dos. Elle me semble surdimensionnée à côté de son petit corps.

- Noé, je veux que tu saches que rien de ce qui n'est arrivé n'est ta faute. Ta maman t'aime très fort et elle sera toujours là pour toi. Quoi qu'il arrive. Et pour Drew, c'est la même chose. C'est ton grand frère et il te suffira de lever les yeux vers le ciel pour voir qu'ils sont toujours là et qu'il te surveille. Il ne faut pas pleurer. C'est seulement la fin d'une histoire. D'une magnifique histoire.

Je ne crois pas un mot des conneries qui s'écoule de ma bouche. Il n'y a rien après la mort. Plus rien. Le néant. Je ne suis pas du genre à penser que les êtres chers qui nous on été arraché nous surveille depuis là-haut. Il n'y a plus personne et ou doit se débrouiller tout seul.

Aucun mot véridique, ou pas, n'arrivera à éponger sa souffrance, mais je n'ai d'autre choix que d'essayer.

- Ta maman et Drew sont...

- Morts, me coupe t-il.

Je ne relève pas, mais suis toujours aussi surpris par la perspicacité et l'intelligence d'esprit de cette enfant. Bien sûr qu'il le sait. Je caresse son dos, il n'y a rien de plus à ajouter.

- Ca fait mal la mort ?

Non ça ne fait pas mal. La mort n'est que facilité, une sorte de douceur pour effacer la souffrance. C'est vivre qui est difficile est il n'y a pas pire enfer que le monde dans lequel nous vivons.

- Non.

- Et comment tu peux le savoir, tu n'es pas mort toi ?

- C'est compliqué à expliquer, mais je le sais, c'est tout.

Noé baisse les yeux alors que j'ai l'impression de sauter dans le vide sans rien pour me retenir. Il descend de mes genoux et me regarde longuement avant de se diriger vers le jardin comme si de rien n'était, Doby sur les talons.

Je ne dis rien et l'observe se coucher dans l'herbe, la tête sur le ventre du chien.

Il n'y a rien à faire de plus. Je ne suis pas bon pour parler et dans ce genre de moment je me sens relativement comme une merde. Alison, elle, saurait quoi faire et ne laisserait pas un petit garçon comme ça. J'ai essayé d'avoir les mots les plus doux possibles, mais la lueur de ses yeux bleue me hante malgré tout.

Bad ? Et alors ! Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant