Chapitre 1

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« La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes. »

Khalil Gibran

Les humains ne sont pas faits pour vivre seuls. Tout le monde a au moins un ami, une personne qui l'aime.

Enfin ça c'est ce que disent les scientifiques et la plupart des gens normaux. Ils ne peuvent pas s'imaginer abandonnés par leurs proches, loin de tous leurs repères. Ils ne peuvent pas imaginer qu'il est possible de grandir sans amour, ou même affection, ni que l'on peut supporter de ne pas connaître ses origines.

On voit bien qu'ils ne m'ont jamais rencontrée.

Je suis l'exemple type de la fille sans amis. De la fille sans personne. Les gens ont peur de moi, je ne leur ressemble pas. Et je ne les supporte pas.

Peut-être que si j'avais été une fille normale j'aurais réussi à me faire des amis. Mais c'est impossible. Les gens m'effraient, me font souffrir. Pas toujours volontairement.

Je suis incapable de les approcher, j'ai bien trop peur de les toucher, ou même de les frôler. C'est ce qui provoque tout ; ma peau en contact avec un autre humain.

Certain appelleraient mon pouvoir un don.

La vérité c'est que c'est une malédiction.

·

·

Je me réveillai en sursaut, des larmes coulaient sur mes joues.

Toujours le même cauchemar.

Un coup d'œil vers la fenêtre de ma chambre me permit de constater qu'il faisait encore nuit. Un autre à mon réveil, de voir qu'il était seulement 4 heure du matin.

Je me levai et me dirigeai vers ma salle de bain.

De toute façon je ne pourrais plus me rendormir.

J'allumai la lumière puis me regardai dans le miroir.

Beurk.

Un visage cadavérique y était reflété.

Des cernes violettes soulignaient mes yeux et ressortaient violemment sur ma peau livide.

Mes boucles rousses étaient plaquées sur mon crâne par la sueur.

Un soupir m'échappa. Peu importait mon apparence ; personne ne se soucierait de mes insomnies.

Je retournai m'assoir sur mon lit et commençai un dessin au pastel pour tuer le temps, en attendant que je puisse me préparer sans réveiller mes parents.

Mes parents...J'aurai aimé pouvoir me sentir traversée d'une vague d'amour en prononçant ce mot, mais la seule chose qui m'agita en pensant à eux fut un frisson d'indifférence.

Shannon et Oliver Tumberry étaient deux créatures froides et peu aimantes. La seule chose que nous avions en commun était notre nom de famille. Depuis toujours, je doutais de notre parenté, il me semblait improbable que je sois leur fille. D'ailleurs, Shannon Tumberry, que je devais appeler Mère, ne m'avait jamais assuré qu'elle était bien ma mère, elle semblait se moquer complètement de ce que je pouvais penser ou pas. Pour être tout à fait honnête, je dois avouer que je n'avais jamais abordé le sujet avec elle, mais son regard inexpressif quand elle posait les yeux sur mon visage me paraissait démonstratif de son absence d'amour pour moi. C'est pour ça que j'avais conclu qu'elle ne pouvait vraiment pas être ma génitrice, car une maman aime toujours au moins un tout petit peu son enfant, non ?

Quand à Oliver, mon « père », c'était un être orgueilleux et intolérant qui obéissait à tous les caprices de son épouse, qu'il aimait à la folie. De temps en temps, j'avais l'impression qu'il aurait pu m'aimer, s'il n'avait pas calqué son attitude sur celle de sa femme. D'ailleurs, je l'avais déjà entendu plaider une fois en ma faveur auprès d'elle.

Terrifiants pouvoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant