Chapitre 7

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« Dire le secret d'autrui est une trahison, dire le sien est une sottise. »
Voltaire

J'étais allongée sur mon lit, légèrement nostalgique. C'est vrai que je n'avais pas vraiment de raisons pour regretter mon ancienne situation, mais elle constituait quand même ma vie entière, du moins, tout ce dont je pouvais me souvenir. Et au moins là-bas j'étais seule, alors qu'ici je devais me confronter réellement aux autres puisque nous étions censés fonctionner en équipe. Oui, être avec d'autres gens étaient le plus dur pour moi. Je n'avais aucune envie de les approcher, autant parce que devoir supporter leur présence ou leur regard sur moi m'insupportait qu'à cause de mon pouvoir. En effet, si jamais je touchais un de mes coéquipiers, ou quelqu'un d'autre, par mégarde, ce serait une catastrophe. Je n'étais pas certaine que je pourrais interrompre le flux d'émotions qui se déverseraient dans mon esprit, ni que je réussirais à empêcher la mort de la personne. Ce serait horrible, je frissonnais rien qu'en y pensant. Et si jamais cela arrivait, tout redeviendrait comme avant. Les gens me trouveraient étrange à nouveau et me prendraient pour folle. Une folle dangereuse... Pour l'instant ce n'était pas le cas puisque nous avions tous un pouvoir mais si mon don meurtrier était connu... On s'écarterait encore dans les couloirs quand j'arriverais et ils me détesteraient. Peut-être même que je disparaitrais, qui sait ? Etait-il possible que les Dirigeants décident de me... neutraliser si je tuais l'un deux, même sans le vouloir ? Pouvaient-ils décider que j'étais plus une menace qu'autre chose ?

Je secouais la tête. J'allais faire de mon mieux et arrêter de m'angoisser à cause de ces scénarios catastrophes stupides. Au pire, j'en parlerais à un sous-préfet ou un entraîneur et je trouverais une solution.

Une fois cette décision prise, je me sentis légèrement mieux et me redressai pour me lever. L'obscurité avait eu le temps d'envahir la pièce alors que j'étais perdue dans mes pensées. Je m'étirai et grimaçai en entendant mes vertèbres craquer. Je sentais douloureusement les muscles de mon dos à cause des exercices d'assouplissement que nous avions exécutés pendant l'après-midi.
« Un Dirigeant ne doit pas dépendre d'armes. Il doit être capable de se débrouiller sans car un Dirigeant est une arme. » avait dit l'instructrice, une blonde dans la trentaine, horriblement maigre et souple comme un serpent. Ella, il me semblait. Alors nous avions du nous tordre dans tous les sens pendant trois heures. C'était les bases, apparemment, et nous en aurions besoin pour les combats à main nues. A main nues... Il faudrait que je trouve une solution pour mon don. Mais je ne pensais pas qu'ils nous entraîneraient tout de suite à ça, ce serait un peu tôt non ? Et puis d'après Ella nous étions loin d'avoir acquis ces « bases ». En même temps elle n'était pas très aimable... Enfin bon, inutile de m'inquiéter dès maintenant.

J'allais vers l'interrupteur d'un pas lent puis m'assis sur le rebord de la fenêtre. La nuit était tombée et quelques étoiles brillaient dans le ciel. La forêt qui s'étendait sur mes yeux formait une énorme tache sombre qui semblait ne s'arrêter qu'à l'horizon. Je me demandais si on pourrait sortir du Centre de Formation à un moment. Je n'avais pas spécialement envie de rester cloîtrée ici pendant deux mois.

On toqua à ma porte et Caleb _ toujours lui _ passa sa tête devant la porte.

- Tu veux venir dîner avec nous Kat ? Me proposa-t-il. On s'est dit qu'on pourrait se faire un petit débriefing sur cette première journée...

Je soupirai. Je n'en avais aucune envie, mais est-ce que j'avais vraiment le choix si je voulais que tout se passe bien pour moi dans l'équipe ?

- J'arrive dans deux minutes, lui répondis-je.

Il referma la porte derrière lui et je fermai les yeux. Leur idée ne me plaisait pas mais bon... Je devais faire de mon mieux.

Je me levai et sortis de ma chambre. Le séjour était brillamment éclairé et Grace était en train de se servir son plateau tandis que Myriam et Caleb étaient déjà attablés. Logan, lui, était assis dans un coin, l'air indifférent et les lunettes sombres toujours sur le nez. Je m'avançais tranquillement et appuyais sur le bouton clignotant pour recevoir mon dîner. Cela fait, j'allais m'assoir à côté de Myriam, en face de Caleb, Grace et M. Je-porte-mes-lunettes-même-pour-dormir. Je gardais une expression neutre et commençai mon repas, constitué de légumes cuits à la vapeur avec une maigre côte d'agneau, ou de bœuf, je ne savais pas trop. Pour seul dessert j'avais une pêche minuscule. Quelle abondance...

Terrifiants pouvoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant