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Premières impressions

Bon. 

Les deux policiers dévisageaient Mei d'un air d'incompréhension. Son amie venait de se donner la mort et la jeune fille restait impassible face à leur interrogations. Comme si elle n'avait jamais rien ressenti. Un suicide quand même, n'importe qui aurait eu ne serait-ce qu'une lueur de compassion dans les yeux. Mais non pas elle. Et pourtant c'était une de ses amies les plus proches. Pour dire, même de simples connaissances de cette fille avaient une voix tremblante lors de l'interrogatoire. Pfff, cette fille devait vraiment être très stupide pour rester sans cœur face à cela. Mais revenons à la jeune fille qui nous a quittés il y a de ça quelques jours.
Elle s'appelait Alice. Elle avait tout pour plaire. De longs et beaux cheveux, un regard profond et sincère, de superbes lèvres pulpeuses et soyeuses, un style vestimentaire mignon comme tout, un maquillage discret. Mais le physique ne fait pas tout n'est ce pas ? Elle excellait à l'école, était populaire et apprécié de ses professeurs comme des autres élèves. C'était d'ailleurs la déléguée de classe. Elle savait toujours redonner le sourire aux gens de sa voix douce et calme, elle n'était pas trop aventurière à première vue, savait cuisiner, la femme parfaite en somme. Elle avait bon caractère, mais ne se laissait pas faire. Bref, une élève modèle. 

Tout le contraire de Mei, cette ... fille, si c'en est une, est à l'extrême inverse d'Alice. Elle a une peau pâle, comme si elle sortait juste pour aller en cours, des cheveux ternes et courts, souvent en bataille, un look peu soigné ou dit "sombre", un regard froid, peu souvent maquillée, elle était prise pour une droguée, une délinquante, et malgré sa réputation, elle avait noué des liens avec Alice. Improbable ? A qui le dites vous, personne ne comprend encore ce qui reliait ces deux là. Mais jamais Alice ne lâchait Mei, même pour manger un bentô sur le toit du lycée, ou rentrer le soir après les cours. Et jamais Alice ne fût lassée de l'humeur massacrante de Mei, qui ne souriait quasiment jamais, mis à part de temps en temps en présence d'Alice. D'ailleurs, personne ne comprenait ce que faisait Mei au lycée. Ses notes étaient extrêmement moyennes, pour ne pas dire mauvaises, elle effrayait tout le monde aux quatre coins du lycée, avait peu d'amis à part Alice, son uniforme était très souvent déchiré, sali par la poussière. Même les professeurs avaient peur de sa dégaine. Pourtant, elle n'est pas méchante. Elle n'avait jamais fait de mal à personne par plaisir ou gratuitement. Non, juste elle se fichait de savoir ce que les gens pensaient d'elle, elle détestait cet endroit empestant le stress se dégageant des autres élèves en période d'examens. Elle se baladait quasiment en permanence avec des écouteurs, et un carnet de notes. Personne ne sait ce qu'il y est inscrit. Certains disent y avoir aperçu des dessins gribouillés à la va-vite mais personne n'en est vraiment sûr. Mais bref. 
Les deux hommes lui lancèrent un "vous pouvez partir, merci de votre coopération" sans même lui adresser un regard. Mei ne se fit pas prier, elle se leva et retourna prestement à son casier. 
Là, elle y trouva un mot. Sans même le lire, elle le froissa en boule et le balança dans la première poubelle à sa portée. Elle savait pertinemment ce qui était écrit sur ce bout de papier. Ce n'était pas la première fois. En rentrant dans sa classe, elle aperçut le bouquet de fleurs censée être sur la table d'Alice, posé sur la sienne (petite parenthèse, l'histoire se passe au Japon, et lorsque vous trouvez un bouquet de fleurs sur votre table en tant qu'étudiant alors que vous êtes encore en vie, c'est une invitation à ne plus l'être). Elle entendit des élèves pouffer de rire. Prenant une grande inspiration, elle se déplaça d'un pas lent en direction de la fenêtre, l'emplacement de sa table, et remis le bouquet à sa place initiale. Etant prise d'une grande envie de ne pas assister au prochain cours, elle reparti errer dans les couloirs, son manteau à la main. Presque arrivée à la porte du hall d'entrée, elle senti soudainement quelqu'un lui bondir dessus. 
"YOOOOOOOOO MEEEEEI !!!'
Elle se mit à vociférer à son tour.
"KIHIHOOOO ... tu as dix secondes pour commencer à courir."
Le garçon lâcha ses épaules et saisit la bandoulière de Mei.
"T'es pas marrante tu sais, déjà qu'avant t'étais pas très souriante ..."
Ignorant ces mots, elle se dirigea vers la sortie d'un pas décidé, talonné par le jeune homme.
"Heeey tu pourrais m'attendre quand même, tu vas pas rentrer toute seule quand même ! J'veux bien croire qu'il n'y ait pas grand monde qui t'approche mais tu reste une fille qui est seule c'est dangereux ..."
Elle lui jeta un regard noir.
"Je sais me défendre. Et puis c'est pas toi qui va m'aider, tu t'es bien regardé ? Sérieusement t'as rien pris en muscles depuis qu'on se connait, ça va faire quoi, 3 ans ?"
Il baissa la tête et marmonna des choses incompréhensibles, qui d'ailleurs n'intéressaient visiblement pas Mei, qui mit ses écouteurs, son manteau et son sac en bandoulière et se dirigea vers les grilles de l'établissement. L'hiver était quasiment arrivé.