Chapitre 1

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5 ans que je suis partie de cet enfer...

5 ans que j'essaie de me reconstruire.

5 ans que j'erre seule.

Ils ne me retrouveront pas.

J'ai réussi à leur échapper... avec ce qu'ils m'ont appris. Quelle ironie quand j'y pense.

« Il faut toujours rester sur ses gardes, ne jamais faire confiance aux gens, toujours garder la tête froide, bomber le torse, enchaîner les coups et les encaisser. Tel est mon mantra. »

Je me retrouve dans ma chambre au campus. Chance pour moi, j'y suis seule ; mais je sais que ça ne durera pas.

Me voilà en 3ème année d'études de commerce à Columbia. J'ai repoussé au maximum mes entraînements, mon corps est en manque. Je dois trouver une salle de sport : pour évacuer...

Après avoir recherché sur Google une salle digne de ce nom, je me retrouve devant l'enseigne « 9Round ». Une des 10 meilleures salles où se pratique la boxe et autres arts martiaux à 800 mètres du campus. Tout ce qu'il me faut pour reprendre les rênes de mon corps.

J'enfile mon legging noir et un large t-shirt blanc. Je mets mon sweet gris à capuche et je pars en petites foulés, direction « 9Round ».

Arrivée devant l'immeuble, je le contemple de haut en bas et de bas en haut. S'il n'y avait pas l'enseigne clignotante, je la chercherai encore. Un vieil immeuble gris tout taggué. Je pousse la lourde porte avec mon sac à dos. A peine ai-je mis un pied sur le seuil, que l'odeur me saisit aussitôt.

Dans cette grande salle, une sensation de bien-être m'envahit immédiatement ; je me sens chez moi.

Je remarque les différents rings, les poires qui dansent avec passion sous les coups infligés par les gants des boxeurs. Je prends une grande inspiration et avance vers le point d'accueil. Derrière celui-ci se trouve un homme d'une trentaine d'année, cheveux noirs et courts, vêtu d'un t-shirt gris moulant son torse musclé. Son corps est celui d'un sportif qui prend soin de lui. Il tape sur le clavier de son ordinateur. Je sens plusieurs regards se tourner vers moi. Je fais mine de ne pas les voir et m'avance tête haute.

- Bonjour !

Il ne me regarde pas. Il continue à faire je ne sais quoi sur son ordinateur. Peut-être ne m'a-t-il pas entendu ? Je me racle la gorge et parle un peu plus fort.

- Bonjour ! Je voudrais m'inscrire s'il vous plait !

L'homme relève la tête, me jauge des pieds à la tête, détaillant chaque partie de mon corps. Je sens sur moi son regard hautain. Puis, ses yeux se posent sur mes cheveux rouges vifs, le sourire au coin des lèvres. Je l'imite.

C'est vrai qu'il est plutôt pas mal dans son genre. Mais je ne suis pas là pour ça. Peut-être plus tard. Pour le moment, j'ai besoin de me défouler sur le ring. Cela fait bien trop longtemps que je repousse ce moment.

- Eh, ma jolie ! Je ne pense pas que tu sois au bon endroit.

- Comment ça : « Pas au bon endroit » ?

Il me répond avec son sourire arrogant :

- Et bien oui ! Les cours de danse sont de l'autre côté de la rue !

Non mais, il se prend pour qui celui là ? Ok, il est canon. Mais visiblement c'est tout ce qu'il a.

- Je vous demande pardon ?

Je sens la colère monter... Et puis quoi encore ? Parce que je suis une fille, je n'ai pas le droit de me rendre dans une salle de boxe ? La danse serait ma seule alternative ? C'est mal me connaître ; mais restons calme.

- Ce n'est pas de la danse que je suis venue faire mais bien de la boxe. Donc je pense être au bon endroit !

- Effectivement, ici on boxe. Mais il n'y a pas de place pour les petites filles dans ton genre.

Non mais je rêve... Les filles dans mon genre...

- Les apparences peuvent être trompeuses, vous savez ?! D'ailleurs à première vue, on pourrait croire que vous êtes un homme avec un grand H. Mais quand on y regarde de plus près, on voit un gamin « sans cervelle ».

Le mec me regarde bouche bée. Apparemment, il n'a pas l'habitude qu'on le remette à sa place. Il me fixe de ses grands yeux noirs, un sourire se dessine sur ses lèvres.

- Et tu sais boxer peut-être ? Avec ton corps tout maigrichon !

C'est vrai, je suis petite et mince. Mais c'est tout ! Mon corps n'est que muscles. Mes habits, dix fois trop larges, ne mettent pas mon corps en valeur.

- Laissez-moi monter sur le ring et vous verrez !

Je vois une étincelle traverser ses yeux. Il prend un air espiègle.

- Ok, on va voir ce que tu sais faire. Les vestiaires sont au fond à droite, le long du couloir là-bas.

Il me désigne le couloir de la main et je m'y faufile. Je me retrouve dans un vaste vestiaire avec des douches et des casiers un peu jaunis par le temps. L'odeur de javel me monte au nez. Je referme la porte et me déshabille. Je glisse religieusement dans mon short et enfile ma brassière noire. Je suis en tenue de combat. Je me coiffe d'une queue de cheval. Je prends une grande inspiration et je me retourne d'un pas ferme dans la salle.

A mon entrée, tous les regards se dirigent vers moi. Je suis scrutée. Je me sens toute petite, mais je relève la tête et avance droit pour monter sur le ring où Sans Cervelle m'attend.

- Eh, petit chaperon rouge ? Viens, n'aie pas peur. On ne va pas te manger.

- Pas encore en tout cas ! Réplique un boxeur accoudé au ring.

Je les écoute, tous, rire aux éclats. C'est vrai qu'avec mes longs cheveux rouges vifs je ne passe pas inaperçue. Je scanne la salle et je réalise que je suis la seule fille. Une dizaine de mecs m'entourent.

- Voilà, je suis là. Qui m'affronte sur le ring ?

Je ne vais pas laisser ces minables me prendre de haut. L'auditoire me jauge des pieds à la tête souriants à pleines dents.

- Salut, moi c'est Chris ! Si tu veux, je suis là pour te monter ! Et me gratifie d'un clin d'œil.

Je le regarde et c'est vrai qu'il est canon. En fait, plus je regarde autour de moi plus j'ai l'impression d'être dans une salle d'attente pour des castings de mannequinat. Ce sont de beaux garçons musclés à se damner. Je me fais la réflexion que cela fait un bail que je n'ai pas chevauché un homme.

Je le dévisage de fond en comble et j'esquisse un sourire. En lui tapant doucement l'épaule, je lui lance :

- Ne prends pas tes rêves pour la réalité. En revanche, si tu arrives à me battre en moins de 3 rounds je te laisserai faire ...

Cela siffle de tous côtés. Nous sommes comme épiés. Sans cervelle me fait monter sur le ring et me passe mes gants de boxe acheté au coin de la rue. Ces imbéciles vont penser que je suis une débutante ... Chris me suit, non sans mater mon cul, avec une lueur dans les yeux reflétant le désir pur et dur.

L'employé à l'accueil s'avance et me sermonne :

- Je ne sais pas ce qui se passe dans ta petite tête Petit Chaperon Rouge ? Si tu es venue juste pour quelques coups de reins, il fallait le dire plutôt. Ce n'était pas la peine de risquer d'amocher ce jolie visage pour ça.

- Ne t'inquiète pas pour mon visage, inquiète-toi plutôt pour celui de ton pote.

Il me sourit et enchaîne sur les règles de base de la boxe. Il nous demande de nous échauffer. 20 minutes plus tard nous voilà placer au centre du ring pour l'affrontement.

Dans tes yeux {tome 1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant