Chapitre 1

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Des mots, tout pleins de mots , voilà de quoi j'étais constituée. Mon essence était des lettres. Écrire me faisait vivre.

En ce moment même, j'étais perdue ailleurs dans un monde totalement différent du mien et la page blanche posée sur mon bureau s'était rapidement retrouvée noircie. J'enviais le personnage que je faisais vivre par ma plume, je lui donnais tout ce que j'aurais aimé avoir. Par ce fait, écrire devenait une seconde respiration, un besoin pour rester en vie.

- Jane ?

Me tirant brusquement de mes rêveries que j'étalais sur ma feuille, la voix de ma soeur interrompit toute inspiration.

Je levai le regard vers elle, notai le chandail noir qu'elle portait et qui était le mien, puis la questionnai du regard.

- Tu ferais bien de te dépêcher, la bus passe dans 10 minutes!

Mon coeur fit un soubresaut. Merde! Maman serait pas contente que je sois en retard une troisième fois cette semaine. Je lançai mon crayon sur mon chevet et enfilai en vitesse une robe noire à manches longues et des collants troués.

Mes cheveux étaient trop longs pour que j'aille le temps de les placer au fer alors j'optai pour l'inévitable option : la couette de cheval.

***

- Oh mais si t'aurais vu le regard qu'elle m'a lançé! s'est esclaffé Maëva, ma meilleure amie.

Je lui ai souris, connaissant la compétition qu'elle ne cessait d'entretenir avec Brianna, une fille qui faisait du patin artistique comme elle. Perso je trouvais ça un peu enfantin, elle se faisait du mal à elle-même à toujours tenter de se prouver et de se sentir meilleure. Je lui avais déjà dit et la conversation n'avait mené nulle part.

On s'arrêta à une table où l'on s'assit pour manger et quelques filles nous rejoignirent, emballées par de nombreux potins qu'elles voulaient absolument nous partager.

Je ne les écoutais que d'une oreille, de l'autre, j'étais totalement absorbée par la chanson Lost for words de Pink Floyd. J'avais cette terrible manie de toujours me déconnecter de la réalité pour m'envoler loin, loin dans ma tête. On me surnommait La Lune. J'étais loin d'en être offusquée, je reconnaissais ce trait de mon caractère. Ma mère disait toujours que les écrivains vivaient dans leur monde, qu'ils y étaient beaucoup mieux et je trouvais que ça expliquait bien mes certaines absences.

Mon téléphone vibra.

Loïk Michaud :

<<T'es où?>>

Pour que Loï me demande où j'étais, c'est qu'il devait avoir urgence.

Moi :

<< À la cafet' pourquoi? >>

Sa réponse ne vint pas. Au bout de 5 minutes, je finis par abandonner l'espoir de la recevoir. Je retirai mon écouteur et prêta toute mon attention à mes amies. Julianne le remarqua et m'adressa, un sourire sincère plaqué sur ses lèvres roses :

- La Lune est revenue sur Terre!

Je l'aimais bien, Julianne. C'était une fille simple et vraie avec qui tout était naturel. Je lui renvoyai son sourire et prit part à la conversation.

Donne moi ton âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant