Chapitre 2

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Moi

<< Loï?? >>

Aucune réponse.

Moi

<< Pourquoi tu m'as demandé où j'étais tantôt?? Je t'ai pas revu depuis et tu mréponds pu tu m'inquiètes! >>

C'était le soir, j'étais calée dans mon fauteuil avec ma soeur et je n'en pouvais plus d'attendre une réponse de Loï.

Loïk - Loï de surnom - était mon meilleur ami. Ma soeur remarqua ma nervosité, c'était quand même évident, je ne cessais de remuer.

- T'es correct..?

- Ouais c'est bon, mentis-je.

Mentir à ma petite soeur était un échec à tout coup, elle me connaissait trop bien. Elle baissa le volume de la télé et se tourna vers moi. Ses longs cheveux blonds caressaient sa taille, j'enviais tellement la couleur de sa chevelure qu'elle tenait de maman. Les miens étaient bruns, de ce brun habituel qu'ont tant de gens.

- Explique.

Je soupirai. Je ne m'en tirerais pas, Ariane quand elle veut savoir, elle doit arriver à ses fins.

- C'est Loï.

Je lui expliquai rondement la situation, minimisant mes inquiétudes pour ne pas trop l'inquiéter aussi. Elle tenait à Loï elle aussi, en fait il faisait presque parti de la famille.

- Baah, il doit pas avoir le moral, ça arrive des temps où on a envie de se couper du monde, fit-elle, sans me rassurer le moins du monde.

- Mouais.

Elle se leva, galopa jusqu'à la cuisine et revint un pot de crème glacée dans une main, deux cuillères dans l'autre. Je lui souris.

- Je suis pas en peine d'amour, Ari, dis-je en riant.

- Toutes les excuses sont bonnes pour la crème glacée.

Elle m'adressa un clin d'oeil.

***

Je débarquais de la bus et marchais sans grand entrain quand je le vis. Je reconnus sa silhouette grande et svelte et ses larges épaules qui avaient si souvent acceuilli mes larmes. Une vague de soulagement m'envahit : il n'avait rien.

Mais une nouvelle inquiétude prit possession de mes pensées, même si c'était rassurant de savoir qu'il était bien vivant, je me devais maintenant de savoir pourquoi il ne me répondait plus.

Je me mis à courir en me faufilant entre les gens et lorsque j'arrivai proche de lui, j'hélai son nom.

- Loïk!

Il se retourna, le visage moins enjoué qu'à l'habitude.

- Oh Jane, c'est toi.

Je levai un sourcil, presque vexée. Habituellement il m'aurait prise dans ses bras puis m'aurait entraînée vers nos casiers en me racontant milles et une anecdotes presque drôles.

Et puis le voilà super distant.

- Pourquoi tu me répondais pas hier? Qu'est-ce qui se passe au juste?

Il haussa les épaules, indifférent. Sans me regarder, il murmura qu'il était fatigué et qu'il avait étudié toute la soirée hier. Comme si j'allais gober ça. Il n'étudiait jamais. Je l'entraînai hors de la foule d'étudiants qui se ruaient avec leur peu d'énergie du matin à l'intérieur de l'école, bousculant quiconque se trouvait dans leur chemin.

- Mais bon sang Loïk! Qu'est-ce qui t'arrive? Tu sais que tu peux tout me dire, lui dis-je doucement, cherchant son regard.

Mon son regard était loin, très loin, trop loin. Il avait les mains dans les poches de son jean slim et il fixait nonchalemment un point derrière moi.

- Mais est-ce que tu m'écoutes au moins? continuai-je en tentant de me mettre dans son angle de vue.

Il passa une main lente dans ses cheveux et je remarquai qu'il peinait à se tenir en équilibre. Il tanguait d'un bord à l'autre, tantôt sur le bout de ses orteils, tantôt en train de basculer sur ses talons. Puis il leva enfin les yeux vers moi et c'est à ce moment que je compris.

- Oh putain Loï. T'as pris de la drogue?

Contre toute attente, il se mit à rire de façon incontrôlable.

- Ce que t'es drôle Jane quand t'es scandalisée!

Scandalisée? Depuis quand il employait les grands mots du dictionnaire? Je savais même pas qu'il connaissait ce terme et apparemment, lui non plus ne le savait pas. Il était littéralement tordu de rire en répétant le mot ' scandalisée ' .

Je ne savais pas du tout quelle attitude adopter, mais s'il y avait bien quelque chose de certain, c'était que Loïk n'était pas ajun.

Je partis, troublée, le plantant là avec son hilarité. Quelques pas plus loin, je me retournai et le vis encore en train de rire tout seul. Ça aurait pu être drôle, mais de mon point de vue et le connaissait mieux que quiconque, c'était plus particulièrement pathétique. Mais qu'est-ce qui lui avait pris? Loïk n'avait jamais consommé quoi que ce soit qui avait trait avec la drogue et je comprenais mal pourquoi sa première expérience se situait le matin d'un jour d'école. Il avait plus de conscience, habituellement.

Je retrouvai Maëva en me promettant d'avoir une sérieuse conversation avec Loïk.

Donne moi ton âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant