Partie 3

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A l'heure dite, je me retrouve devant la porte de l'immeuble haussmannien du notaire. J'hésite à entrer. C'est puéril mais pour l'instant, tout me paraissait si abracadabrant que je restais convaincue qu'il s'agissait d'une farce. Une farce de mauvais goût. Je finis par franchir le seuil pour me diriger vers l'étage comme un condamné montant à l'échafaud. Bien évidemment, je vais pouvoir sauver mon père mais pour le moment, j'ai un nœud à l'estomac. Après avoir sonné, la même charmante jeune femme que la première fois vient m'ouvrir.

- Mademoiselle Clermond, ils vous attendent déjà. Laissez-moi vous débarrasser.

Parce que je refusais d'apparaître encore comme une souillon, j'ai fait un effort : maquillage discret, une veste que je sortais pour les grandes occasions (concours, entretien d'embauche, enterrement) avec une chemise classique mais impeccable, un jean qui me moulait légèrement (loin des pantalons que je mettais à l'école car mes élèves finissaient toujours par y coller de la peinture, des paillettes ou d'autres substances peu ragoutantes) et même, une petite folie, de petites chaussures à talons très mignonnes grâce à l'enveloppe de Claudette. Après les courses, il me restait un peu d'argent et j'avais trouvé cette paire à 10 euros au marché ce matin. Je me sentais moins dépassée par rapport à cette élégante hôtesse. Elle ouvrit la voie avant de m'introduire dans le bureau de Monsieur Zellman, le notaire. Les deux autres notaires ou avocats n'étaient pas présents mais cinq autres personnes me faisaient face dont Jérémy. Je me mis à rougir en repensant à notre danse puis cette gêne fit place à la colère. Il s'était joué de moi et bien que je sois gentille, je n'appréciais pas qu'on se moque de moi. Il y avait en plus deux femmes et deux hommes. Tous étaient très bien vêtus et m'observaient comme si j'étais un ours sur une bicyclette. Avant que je puisse ouvrir la bouche, le plus âgé, une sorte de dandy échappé de l'après-guerre, se leva et me rejoignit pour me serrer la main. Cet homme me faisait froid dans le dos, aucune chaleur ne se dégageait de lui, il avançait droit comme la justice. Il devait avoir une cinquantaine d'années. Une moustache à la Dali ornait son visage sévère et ses yeux noirs me fixaient avec une intensité peu commune. Les autres membres du groupe étaient plus jeunes. Leur groupe était très hétéroclite.

- Mademoiselle Clermond, je suis Auguste Perrini. Je serais votre secrétaire particulier. La Reine-mère a eu l'extrême obligeance de me fournir cette promotion. Je serais en charge de cette équipe, de votre planning et aussi de leçons de bienséance.

- Bonjou,. Bafouillai-je en saisissant la main de Monsieur Perrini.

- Je vais vous présenter les autres membres de votre équipe.

Immédiatement, les quatre autres se levèrent avec une parfaite synchronisation. Auguste, mon secrétaire, me présenta une jeune femme blonde particulièrement mince. Elle devait avoir mon âge mais elle rayonnait. Tous les hommes devaient se retourner sur elle

- Voici Klara, elle sera votre coach personnel.

En me tendant la main, cette dernière ajouta :

- Je suis ravie de vous rencontrer.

- Moi de même, ajoutai-je un peu déboussolée.

Puis il passa à la personne suivante, un homme très grand et très fin avec des lunettes rouge en forme de zig-zag et un costume orange en velours.

- Anton est votre styliste.

Alors que je lui tendais la main, ce dernier se pencha et m'embrassa sur les deux joues.

- Oh, darling, toi et moi on va être super proche donc pas de poignée de main entre nous.

Il avait l'air exubérant et familier mais son attitude me réconfortait plus qu'elle m'effrayait. Enfin quelqu'un qui me traitait comme un être humain.

Royal contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant