Clair de lune

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Les étroites rues de la ville se vidait petit à petit. La lune semblait triste au beau milieu du ciel étoilé. Sa pâle lueur éclairait l'eau du port et donnait à tous les navires présent, une aura fantomatique. De temps en temps, une lumière déchirait le voile d'obscurité qui pesait sur les rues. Mais il était rapidement avalé par quelque maison et l'obscurité se refermait de nouveau.

-Encore ces maudits gardes, grommela Jack alors qu'il revenait vers le port, les bras chargé d'une lourde caisse de rhum.

Avant de déboucher sur le port, il traversa une sombre ruelle dont la noirceur fit ressortir l'éclat de la torche.

Arrivant sur le ponton principal, il resta là, immobile.

Il observait le bâtiment ballotté au gré des vaguelettes.. Devait-il aller poser la caisses dans sa cabine et risquer une confrontation avec Élisabeth ? Où devait-il passer la nuit sur le pont en compagnie d'une bouteille de rhum ? Il opta finalement pour la deuxième option.

Il marcha donc lentement jusqu'au bout de la passerelle de bois et posa lourdement la caisse au sol. Il se saisit d'une des bouteilles entreposés dedans et s'assit les pieds dans le vide, au bout du ponton. Il retira le bouchon de liège et bu une longue gorgée avant de la reposer sur le bois humide. Les yeux dans le vague, il observait la mer qui s'était parée de son manteau de nuit, aussi noir que les ailes d'un corbeau. Seul la lune s'y reflétait. Apparaissant comme un morceau de cristal brute au beau milieu d'une étendue outremer parsemé de bleu fumé. Cette étendue était la sienne. Mais, pour la première fois depuis qu'il connaissait cette vie, son océan ne lui faisait plus rien. Son sourire ne naissait plus à la vue de ce qui faisait sa vie et sa fortune.

Perdus dans sa contemplation, Jack n'entendit pas le son de bottes claquant contre le bois mouillé. Lorsqu'une main se posa sur son épaule, il sursauta violemment et se retourna d'un coup.

-Ah !

-Capitaine ? l'interpella Gibbs légèrement étonné devant l'étrange mimique de son capitaine.

-Assis toi donc mon ami, dit-il en poussant la caisse de rhum, comme si de rien n'était.

Gibbs s'exécuta et saisi au passage la bouteille d'alcool que Jack avait laissé choir quelques minutes plus tôt.

-Dis moi Jack, où est passé Elisabeth ? entama le second avant d'avaler une longue rasade d'alcool.

-La belle Swann doit probablement être dans la cale du Storm à l'heure qu'il est...

Il haussa vaguement les épaules avant de reprendre des mains de Gibbs la bouteille.

Le seul bruit que l'on entendait en dehors des vaguelettes venant frapper le ponton, était celui des charpentiers. Ils s'échinaient à réparer les quelques dégâts sur le navire. Mais, au vue du nombre de jurons que l'on pouvait entendre, tout ne semblait pas se dérouler selon leur bon plaisir.

Tandis qu'il contemplait d'un air distrait le liquide ambré, Jack repensa à l'altercation qui avait eu lieu plus tôt dans la soirée. À l'aube, il n'aura pas le choix. Il devra fuir comme il sait si bien le faire. Après tout, pourquoi changer les bonnes habitudes ? Un fin sourire se dessina sur ses lèvres à l'idée de la course poursuite qui ne manquerai pas de s'ensuivre s'il restait.

Il laissa une longue rasade d'alcool couler sur sa langue avant de reposer la bouteille sur le bois humide.

- Tu sais Capitaine, ça ne sert a rien d'appeler Elisabeth "mademoiselle Swann" sous prétexte que tu en veut à Will... dit soudainement Gibbs d'un ton docte.

-Que raconte tu là mon ami ? s'indigna Jack. Je l'ai toujours nommée de la sorte et ça continuera ainsi. Et si en plus je peux, par la même occasion, créer un malaise chez ce cher Will, pourquoi je me gênerais ?

Le second médita un instant ses paroles avant de ravir la bouteille à Jack afin de s'éclaircir les idées.

Soudain, un éclair sembla traverser ses yeux. Il but de nouveau une gorgée de rhum comme pour se persuader de sa propre pensé qui, à ce moment là, était l'une des plus insensé qu'il avait pu connaître.

-Je crois que je viens de comprendre... murmura Gibbs légèrement effaré.

-Eclaire moi donc de ton savoir mon ami, plaisanta Jack qui commençait à tanguer sous l'effet de l'alcool.

-Si tu refuse de l'appeler Turner, c'est parce que tu te persuade que tu as le droit de l'aimer... En d'autre termes, tu en pince pour elle Capitaine, finit-il triomphant.

Un silence s'installa entre les deux hommes. Gardant ses yeux bleu fixé sur le visage de son capitaine, Gibbs s'efforçait de décrypter l'expression troublée et surprise que Jack venait de faire apparaître.

Jack ouvrit la bouche pour tenter de s'expliquer et démentir ses propos mais il la referma, faute d'arguments.

En reprenant la bouteille de rhum, les yeux charbonneux du capitaine, se posèrent distraitement sur l'océan face à lui. Il bu deux longues rasade d'alcool avant de faire, lourdement, retomber la bouteille.

Il passa une main sur son visage comme pour laisser s'échapper toute les questions qui venaient s'immiscer en lui. Des questions qu'il ne semblaient pas contrôler.

Les deux hommes assis au bout du ponton ne parlaient plus. A l'aube, ils devraient vivre cette vie de pirate et Jack, devrait certainement finir par se confronter à Elisabeth...

Mais pour le moment, Jack venait de s'affaler sur le ponton et il ronflait à présent comme un bienheureux. Cela fit lever les yeux au ciel à Gibbs qui se saisit de la bouteille et la termina.


Jack Sparrow, à la poursuite du rêve..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant