Mon chef d'oeuvre

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Harley attendait sagement le retour de son chéri dans leur nid d'amour, ne sachant absolument pas ce qu'il trafiquait avec le Batman. Les hommes de Mister J s'en étaient allé depuis longtemps, craignant que la  chauve souris ne revienne leur demander des comptes. Seule dans sa lugubre demeure, elle s'était dirigée vers le fauteuil vert cramoisi, s'y était jetée comme la plus las de toute les créatures et, après quelques minutes à converser avec le plafond, elle s'était décidé à allumer la télévision. Pour son plus grand bonheur, on parlait de son Joker mais —et ça elle ne l'avait pas vu venir— il était dit qu'il s'était amouracher avec Batman, qu'ils avaient un bébé encore non-identifié avec eux et un assassinat au compteur. Elle n'en avait que faire de ces images d'un anglais jeté du haut d'un toit ou des commentaires de civiles apeurés. Ce qu'elle avait du mal à avaler, c'était de voir Batman embrasser Mister J et son roudoudou se laisser complètement faire.

Cette scène impensable faisait déjà les grands titres. On passait en boucle l'image d'un Bruce Wayne vêtu du costume de Batman aux côté du Joker. Nombreux eurent du mal à croire que ce fut réellement leur Chevalier ou, pour ceux qui était certain qu'il s'agissait de lui, qu'il ait agis de son plein gré. On criait au complot voir au lavage de cerveau. Quelques fervents défenseurs d'une société sans héros criaient à ceux qui voulaient bien l'entendre que cela était voué à arriver. Que les héros n'avaient jamais été autre chose que des criminels se faisant passer pour des sauveurs. La ville n'était pourtant pas encore à feu et à sang pour l'heure. Les habitants de Gotham semblaient attendre un signe de leur sauveur les rassurants sur toute cette folie.

    Du côté du Joker tout se passait pour le mieux. Sa chauve souris avait un regard luisant de folie et des spasmes violents qui le menait à rires doucement de temps en temps comme prit d'une quinte de toux. Il lui arrivait même de marmonner des choses comme s'il avait une discussion avec quelqu'un et le Prince du crime aimait à contempler cela. Une fois devant un orphelinat, il cessa d'admirer son reflet pour poser ses yeux sur le bébé entre ses mains. Il avait de grandes aspirations pour ce bambin encore inoffensif et savoir qu'il aurait la possibilité de s'amuser avec ce qu'il avait pris si longtemps à créer le rendant presque jaloux.
Se retenant de l'étouffer dans son sommeil, le clown déposa l'enfant au bas de la porte, un mot posé entre les pans de ses vêtements couleur pastel : "Batman a tué ta mère" suivi d'un sourire à son effigie.

Cela fait, il se tourna vers le chevalier noir, lui ôta son masque et le posa sur le petit ventre de l'innocent avant de sonner. Une femme ouvrit la porte après avoir laissé passer trente minutes. Son regard fatigué s'était ensuite poser sur les environs, cherchant qui venait de la déranger dans sa partie trépidante de Sudoku. Le coupable ne rentrant pas dans son champ de vision, probablement habitué à ce genre de visite criminel, elle avait tout de suite baissé les yeux et fixer le bébé qui gisait à ses pieds avec un air aussi expressif que celui d'un cadavre. Elle le prit dans ses bras comme s'il s'agissait d'une liste de corvée supplémentaire et retourna à ses activités. Le clown, ayant terminé cette partie de son projet, il reporta son attention sur Bruce :

—Tu n'auras pas à chercher un héritier.

Le clown se débarrassa de sa veste, puis de sa chemise et, quand il fut torse nu, il sortit délicatement un couteau de son pantalon. Il était temps que Batman signe son œuvre mais il lui fallait s'assurer qu'il sache que tout ce qui s'était passé n'était pas à cause d'un peu de drogue:

—Sache, Brucy, que la drogue ne fait plus effet depuis une heure.

— C'est important ? Se moqua Bruce en souriant, tout est fini maintenant.

— Des regrets ?

Le clown se pourlécha les babines en attendant de voir la réaction du brun et, loin de s'inquiéter de son futur ou de son passé, Bruce s'empara de l'arme blanche posé entre les mains du Joker et s'amusa à refléter la lueur de la lune sur la lame tendue:

Boum~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant