Annaëlle

Chapitre 4

            - Bon, dis-moi tout sur toi, me demanda Roman, après que l'on se soit installé, lui dans le canapé et moi dans le fauteuil, attendant que la nourriture refroidisse.

- Hum... Pourquoi ce n'est pas plutôt à toi de te présenter, Romain ? Ou plutôt, agent Sky... Après tout, on est chez moi donc tu sais déjà mes goûts en matière de meubles...

- Les meubles, tu parles d'un sujet intéressant...

- Alors, tu ne sauras rien !

Si ma stratégie fonctionne, il devrait dire des choses sur lui, pour pouvoir en apprendre sur moi et ainsi pouvoir faire de la mission une réussite.

- Très bien... Je m'appelle Romain Esperansito, j'ai 16 ans, je suis italien mais vivant à New York depuis trois ans. Émancipé...

- Tout ça, je le sais déjà... T'es pas très imaginatif...

- Ok, si tu veux tout savoir...

-Oui !

- Ma mère est morte lorsque j'avais 10 ans, mon père a abandonné ma mère lorsqu'il a appris qu'elle était enceinte de moi. J'ai rejoint L.E.F.A. à 15 ans, oui c'est tôt mais, je te le rappelle, on peut être engagé à L.E.F.A. à partir de 15 ans... Ma mère a été assassinée... Qu'est-ce que je peux dire d'autre ?, me demanda-t-il avec son petit sourire narquois.

- Humm... Laisses-moi réfléchir...

- Ou tu veux des choses un peu plus... personnelles ?, me demanda-t-il en se levant du canapé et en s'asseyant sur le bord du fauteuil, à seulement quelques centimètres de moi.

- Déjà, pourquoi tu tiens tant que ça à te rapprocher de moi ? Pourquoi tu aimes tant me faire te détester en cours ? Pourquoi n'es-tu qu'un idiot, croyant que tout va te tomber tout cuit dans le bec ?

En disant ces paroles, je me suis sentie me libérer d'un poids dont je ne connaissais même pas l'existence.

Romain se mit à sourire encore plus, d'un sourire franc, sincère sans la moindre once de moquerie à mon égard après avoir des questions si bizarres.

- On peut dire que tu n'as pas ta langue dans ta poche, au moins... Je pensais que les hackers étaient des personnes timides, sans...

- On n'est pas timides, on n'aime simplement pas les gens !

Ma remarque dut l'amuser car il se remit à sourire.

- Ok, Mio Amore...

- Et arrêtes de m'appeler comme ça !

- Et, selon toi, comment devrais-je t'appeler ?

- Ce serait une bonne idée de m'appeler par mon prénom !

- C'est quoi déjà ?

- Annaëlle !

- Alors, je vais t'appeler Anna !

Il me prit les mains, me forçat à me lever et me serra contre lui. Il mit ensuite son visage dans le creux de mon cou. Je réussis à me dégager avec qu'il ne fasse quoi que ce soit d'autre.

Malgré ça, je devais bien admettre que j'aimais ça, sa façon de me prendre dans ses bras. Puis, je me souviens des rumeurs que Will m'avait racontées au début de l'année, lorsque je venais de rencontrer Romain.

C'était à une pause, on était assis sur un muret, Will et moi, quand je lui racontais ma rencontre avec cet extraterrestre.

- Évites de t'approcher de lui, tu ne seras qu'un trophé de chasse...

- Qu'est-ce que tu veux dire par « Trophé de chasse » ?

- Il saute sur tout ce qui bouge, sur n'importe quelle fille. On dit même qu'il couche avec au moins une par semaine.

- Mais c'est qui ce mec ?!

- Romain Esperansito...

Will s'était mis à rire comme si c'était la blague la plus drôle du monde. C'est dingue comme il est mignon ! Je sais que je ne ressentirai jamais ce genre de sentiment pour lui, ce sentiment qu'on appelle l'amour, mais je ne pus m'empêcher de me faire la remarque.

- Anna, promets-moi que jamais, tu ne tomberas dans ses bras !

Sa requête m'avait prise au dépourvu mais à l'époque, jamais je n'aurais pu imaginer éprouver des sentiments pour un mec comme Romain.

- Alors là, tu n'as pas à t'en faire !

- Arrêtes de faire ça ! Lui criais-je lorsque j'eus finis de me dégager. Je ne suis pas un trophé de chasse !

- De quoi tu parles ?

- Depuis le début de l'année, tu fais que de me faire croire que tu t'intéresses à moi alors que je sais très bien que tu considères les filles comme des trophées, après que t'ais couché avec elles !

Je ne savais pas pourquoi je lui criais ça, surtout quand j'avais l'impression qu'il montrait son vrai visage, qu'il était sincère. Mais je ne pouvais pas supporter cette douleur, au creux de ma poitrine, lorsque je me disais qu'il n'en avait rien à faire de moi. Stupides êtres organiques ! Encore une raison de préférer les êtres mécaniques, ils ne te font pas souffrir !

- Quoi, t'es jalouse ? T'aimerais que je couche avec toi aussi ? me demanda-t-il avec son sourire narquois.

Il me reprit de force dans ses bras et se mit ensuite à m'embrasser dans le coup, à me lécher, me mordiller l'oreille.

- Arrêtes, je ne veux pas de toi !

Malgré mes paroles, mon cœur se mit à s'accélérer, des larmes me vinrent aux yeux et ma voix se mit à trembler.

Il s'arrêta, enleva sa tête de mon cou mais continua de me serrer dans ses bras. Sa respiration était plus profonde et lorsqu'il me répondit, sa voix était plus basse, plus rauque qu'à son habitude.

- Ne vas surtout pas me dire que tu n'as pas aimé. Tu crois que je ne l'ai pas senti, ton cœur, lorsqu'il s'est accéléré ?

- T'es immonde ! Vas-t'en !

Il prit sa veste, me regarda et partit de chez moi. Je m'écroulais parterre, et repenser à ce qu'il venait de faire. Et à son regard lorsqu'il partait. Son regard, ses yeux, ne reflétaient que de la douleur. En lui disant ces mots, j'ai fais une chose dont je ne croyais pas capable : je l'ai blessé. Mais le pire, c'est que j'avais vraiment aimé ses baisers, ses « papouilles ». J'avais ressenti une chose que jamais auparavant, je n'avais ressentie, le désir qu'il continue, même qu'il aille plus loin. Je me résonnais, ça ne pouvait pas être moi, cette fille qui flanche simplement parce qu'un mec l'embrasse !

J'attrapais mon téléphone lorsque je l'entendis vibrer, signe d'une notification.

« Je suis désolé. »

Ce message me fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Je me levais, me ruais vers la porte et partis en direction de chez lui. Je ne savais même pas pourquoi, ce que j'allais lui dire, mais je devais le voir.