Gros merci à YootooWo pour l'aide apportée à cette nouvelle, sans lui la narration serait confuse et ennuyeuse.
Comme chacun des innombrables jours qui ont suivi celui de ma naissance, tout commence par un réveil, moment si agréable, quasiment jouissif, mais, lorsque je sais ce qui m'attend ce soir, la fête, ça n'est, en comparaison, rien du tout. Puisque mon horloge interne sonne toujours trop tôt, j'ai le temps de me lever tout en douceur, à ma façon. Je perds une durée incalculable à contempler l'espace blanc qui me surplombe, le plafond au dessus de ma tête, sa régularité, ses tâches étranges et le silence tout autour. Ou ce que j'appelle le silence, c'est-à-dire, les petits et grands bruits du monde qui s'éveille. Mon corps entier se détend, sur ce matelas rouge pétant supportant mon poids, une fois, deux fois, trois fois, encore et encore, jusqu'à ce qu'il semble satisfait. Dans ses moments-là, quand on laisse agir notre corps, que notre esprit s'en va dans l'horizon et l'au-delà, on sent chaque parcelle de son corps regagner l'énergie nécessaire. Revigoré, je me lève, parce ma mère me hurle dessus depuis quelques instants, ça fait une demi-heure que je rêvasse sur dans ma couette. J'aimerais qu'elle apprenne, que sans ce petit rituel, je ne peux pas être de bonne humeur, bonne humeur qui influe pleinement sur mes choix et actions, donc sur mes notes scolaires. Je lui dis que je suis dévêtu et elle part, un peu gênée, parce qu'elle met un point d'honneur à respecter mon intimité, chose que j'approuve complètement. Un sourire se dessine sur mon visage : qu'elle est crédule ! Mon caleçon et ma liquette prouvent que je mens sans états d'âmes, du moins pour de toutes petites choses. Car je suis le genre de garçon à avoir des remords, même si la nature m'a complètement dénué de scrupules et des capacités d'analyse et de prédiction. Plus simplement, une fois que j'agis, la machine est lancée, rien ne va l'arrêter, si ce n'est le mur des conséquences. Une fois à 4 ans, j'ai poussé quelqu'un dans les escaliers pour voir de mes propres yeux pourquoi il ne fallait pas le faire. J'en sais maintenant que trop bien la raison. Voilà bien sûr, l'extrême exemple, qui m'a valu de nombreuses séances de psychologie. Tout en m'habillant, je me contemple, parce je ne peux utiliser d'autres mots : je suis beau, indubitablement beau. Cet attribut tout frais, nouveau, accompagne une arrogance foncière, doublée d'une politesse accablante. Je suis du genre M. Parfait inaccessible, que personne n'aime pour son caractère, mais que tous zieutent en douce, enfin pas tout à fait en douce, puisque je le sais. J'ai néanmoins une amie sur qui compter, qui me zieute également en douce, mais c'est accessoire, puisque notre amitié remonte à une période où on ne sait pas que le physique importe réellement dans l'estime de soi, normalement. Ce duo d'ami se résume à moi, Vince et Aniela. Chacun de nous deux est un peu bizarre, à sa façon. Moi, j'aime bien qu'on me regarde, ça ne me gène absolument pas, ça fait du bien à l'ego en plus. Aniela, elle, a besoin de chantonner un truc pour se calmer et peu se mettre à le faire en classe. Personne ne peut se moquer parce qu'on fond de la salle, tout le monde sait que je gratifie les gens de ma désapprobation totale et d'un regard qui tue, assez efficace, car je ferais pour elle, même si ce n'est pas vraiment son cas : elle m'a laissé tombé pour ce qu'il y aura ce soir, préférant la compagnie de son petit-ami. Forcément, je ne fais pas le poids, même s'il est moins beau que moi, il n'y aura rien de romantique entre Aniela et son magnifique meilleur ami, ce serait bizarre. Des gens se disent : "oh mais vous êtes amis d'enfance, c'est une fille, toi un garçon, mais tu ne l'aimes pas, donc tu es son pote gay !" Eh bien, pour être honnête, je ne sais pas. Pour l'instant, je ne sens pas d'attraction physique particulière envers un genre particulier, ça n'arrive pas à tout le monde de se dire, dès qu'on à les hormones en ébullition : "Eh ! Je sais que j'aime les filles, ou les gars, ou les deux, ou aucun des deux" Le doute plane donc et cela sied à tous, leur permettant de tout imaginer.
***
La journée scolaire s'achève finalement, nous libérant moi et mes condisciples de nos tourments, dans le divin bruit salvateur de la sainte sonnerie. Après m'en être allé loin de ce funeste bâtiment, je m'engouffre dans le train, me rends chez moi pour régler mes détails vestimentaires. La raison de mon physique avantageux qui me vaux le surnom de Narcisse de la part d'Aniela, reste obscure, car je ne me coiffe pas, je n'emploie pas de produit spécifique pour entretenir mon corps ou ma crinière châtain clair. En fait, les seules attentions que je porte à mon corps résident dans le fait que je me lave un jour sur deux et mets du déodorant, en exceptant mon obsession pour mon minois, mais en dehors de ça... Toujours est-il que je me déshabille et enfile un polo rayé bleu marine sur du blanc ainsi qu'un short orange. Combinaison classique, mais ô combien efficace sur les mortels, si sorti en de rare occasions. Mes tennis également bleu marine assorties enfilées, je m'en vais reprendre un nouveau train.
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La boue des chaussures
ContoRecueils de nouvelles - la boue des chaussures (une nouvelle pensive) - le cours de questions (une nouvelle morbide) - la muse (une nouvelle très courte)