nuit 4: Une Place De Béton

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C'est ici que je vis juste là.
Dans cette forêt de murs gris.

Le béton a depuis longtemps remplacé mes vertes prairies:
Mes rivières sont devenus goudron.

J'avais les grands espaces de ces splendides campagnes où il n'est pas rare de croiser un cheval s'abreuvant près d'un carré de vignes fructueuses pendant qu'un père s'attache à sa besogne.

Maintenant je suis en ville.
Le pas des hommes est pressé, les gens se bousculent sans même se regarder.

Que devais-je faire ?
Partir ?
Mais pour aller où !

Il fallait que j'aille de l'avant.

Mais... je me sentais comme un oisillon prisonnier de sa cage, coincé dans ce labyrinthe.

Cette ville !
C'est elle qui nous consume, elle nous bouscule, elle nous maintient pour mieux nous perdre...

Alors pour me rebeller j'ai voulu la détruire.
Je l'ai tellement voulu !

J'ai fait grincer le métal sur ses hanches d'acier.
J'ai répandu le fin tracé de mes roues sur son sol qui m'agrippait.

J'ai couru tant que j'ai pu.

J'ai pris mon élan pour mieux retomber sur ses carreaux.

J'essayais de détruire ses moulures et ses rondeurs.

Je me retrouvais à chercher chaque recoin qui pourrait me plaire, que je pourrais désirer comme on désire du génie.

Je l'ai aimé autant que je l'ai haïs.

En cherchant à la détruire, elle m'a reconstruit.

Ses vagues et ses formes excentriques se mariaient dans un vacarme digne des plus grands diables.
J'étais le sculpteur, le danseur étoile, le seigneur de ces lieux.

"Une place de béton"

S'ÉGARER EN ROUTE :  In Search Of the Miraculous 🚶🏽‍♀️🚶🏾‍♂️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant