mail n°3

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À : harryquebert@gmail.com
De : magnusolsen@gmail.fr

Date : lundi 11 octobre 2010
Objet : RE : une histoire de famille

Bonjour Harry.

Tu as dû te tromper dans ton dernier mail, tu m'as appelé Marcus. Un lapsus j'imagine, Marcus, n'est-ce pas le prénom de ce jeune auteur avec qui tu as eu liaison ? À moins que ce ne soit que des rumeurs ?

Mais peu importe. J'ai en effet su pour ta pièce, et je veux bien te croire quand tu me dis que les places se vendent comme des petits pains, après tout on en parle même outre-Atlantique !

J'ai vaguement entendu parler de Béatrice Quebert à des repas de familles, mais je n'en savais pas plus. J'ignorais qu'elle était dramaturge et qu'elle adaptait ton bouquin de surcroit ! Cela doit être passionnant, de transposer un roman comme Les origines du Mal au théâtre, et tu as bien de la chance d'avoir ton mot à dire dans l'adaptation. Beaucoup d'auteurs de ma connaissance ont vendus les droits de leurs livres à des studios de productions et l'ont amèrement regretté en découvrant à quel point leur histoire avait été massacrée à l'écran ! Quoique, cela se passe peut-être différent au théâtre qu'au cinéma...

Toi qui a l'impression d'être redevenu étudiant, saches que je t'envie très fortement ! J'adorerais revivre mes jeunes années (enfin plus jeunes, comparé à toi je ne pas très âgé non plus), redécouvrir le monde et vivre au jour le jour...

Mon quotidien est bien différent. Lukas, mon quatrième enfant, est né en mai, et comme tu dois le savoir, s'occuper d'un nourrisson est l'une des choses les plus épuisante du monde ! Il ne fait malheureusement pas ses nuits et possède une force vocale qui m'impressionne de jour en jour. Évidemment il ne l'utilise qu'en pleine nuit (ç'aurait été trop facile sinon), ce qui réveille systématiquement Freya et Jonas (qui ont respectivement quatre et huit ans). Dieu merci, Liv elle a un sommeil de plomb, tout comme sa mère. C'est donc moi qui m'occupe des biberons nocturnes, hélas.

Au vu des circonstances je vais être obligé de décliner ton invitation pour Montréal. J'aurais adoré faire le voyage, mais avec quatre enfants en bas-âge, cela me semble compromis. De plus Malaika vient juste de retourner travailler après son congé maternité, je ne pense pas que ses supérieurs voient d'un bon œil qu'elle reprenne des vacances dès maintenant (et puis comme elle le dit si bien, elle a des vies à sauver haha).

Mais revenons-en à notre affaire. Si comme tu me l'écris tu recherchais cet album photo pour ta mère, je me demande comment il est parvenu entre les mains de mon père... Encore un autre mystère à éclaircir !

Ta lettre m'a intrigué au plus haut point, car je n'ai pas la moindre idée de qui sont ces fameuses Camélia et Aubépine, ni de ce qui a bien pu se passer à l'été 1956. J'imagine que mon père avait connaissance de drame comme tu le dis si bien, mais j'ai bien peur d'être le seul ignorant tout de cette histoire. J'ai appelé ma mère, mais elle a semblé si épouvantée quand je lui en ai parlé que j'ai préféré lâcher l'affaire.

Comme tu dois t'en douter, sa réaction m'a convaincu dans ma démarche, et j'en ressort doublement motivé à découvrir la vérité. J'ai fouillé dans la correspondance de mon père, mais hélas, excepté quelques allusions brumeuses au « drame » ou à la « tragédie », je n'ai rien trouvé de très probant. Si je ne me trompe pas, plusieurs personnes ont été tuées durant ce fameux été ? Camélia et Aubépine peut-être ?

Ce ne sont que des suppositions au vu du contenu de ces lettres, à vrai dire je compte sur ton prochain mail pour m'en apprendre plus...

Pour la photographie je comprends que tu te montres septique. Mais j'ai beau chercher, cette ombre ne me rappelle absolument rien que je connaisse, et ne m'évoque que des créatures surnaturelles... Je suis peut-être influencé par cette ambiance d'halloween tout autour de moi, mais en tout cas cette photo cache quelque chose d'étrange, et je me donne pour mission de découvrir quoi !

Pour terminer sur une note plus joyeuse, figures-toi que nous avons déménagés il y a quelques années, nous avons quittés Paris pour une petite ville de Bretagne. Nous ne sommes qu'à quelques minutes de la mer et les enfants sont ravis ! Nous aussi d'ailleurs, Malaika adore son nouveau travail, bien que toujours aussi fatiguant, il est de loin plus agréable dans cet hôpital. Quant à moi l'air marin me convient parfaitement, et me rappelle d'une certaine façon mon enfance au Danemark. Voici donc notre adresse : 78 rue de la baie, 29600, Morlaix, Bretagne, France.

Pour l'histoire de Liv je suis confus, à force de vivre entouré d'enfants j'oublie que ce n'est pas le cas de tout le monde ! C'est un teen-moovie très populaire chez les jeunes, à l'histoire ma foi fort clichée, dans un lycée américain où les élèves ont la fâcheuse tendance de chanter à chaque occasion (Liv adore, je déteste).

En attendant ta réponse avec impatience,
Magnus Olsen

La théorie d'HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant