Chapitre 5 - Lost Boy

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Étrangement, Alexei fit une nuit ronde et reposante après la journée pénible qu'il venait de passer. Il avait cru ne pas pouvoir dormir, l'esprit trop occupé par les événements de la veille.
En ouvrant les yeux, il constata que le chat n'était plus lové dans ses bras et que la couverture avait été rabattue sur lui. Sans doute une attention de sa mère, en rentrant. D'ailleurs, il pouvait l'entendre dans la cuisine, en train de préparer le petit déjeuner.

Mais... Quelle heure était-il ?

Un coup d'oeil à son réveil et il vit 7:30, soit l'heure où il quittait habituellement la maison pour prendre le bus.

« Merde merde merde merde merde...! », fit le jeune homme en courant sous la douche.

Douche express et glacée pour se réveiller. Le savon raviva les picotements de ses contusions tandis qu'il manquait de glisser sur le sol mouillé de la douche. Séchage tout aussi rapide que le lavage mais un peu moins laborieux, il s'habilla en un temps record pour se précipiter dans les escaliers, le sac même pas fermé sur son épaule.

« Alexei ! Il faut qu'on pa-

- Pas le temps ! Je suis en retard ! Bonne journée !

- Mais...! »

Et Alexei fila sans demander son reste, sachant pertinemment que sa mère voulait discuter des ecchymoses sur son visage. Elle avait dû les voir lorsqu'elle était venue dans sa chambre pour le couvrir. Finalement, ce retard avait du bon, surtout si il pouvait repousser l'engueulade qui l'attendait.

Dehors il piqua un sprint jusqu'à l'arrêt de bus, ne s'arrêtant pas de courir malgré l'air froid qui lui brûlait la gorge à chaque inspiration. Avec un peu de chance il parviendrait à avoir son bus. Il avait parfois du retard.
Arrivé à l'abri de bus, Alexei constata qu'il n'y avait personne et que le véhicule tournait déjà au coin de la rue.

« Fais chieeeer ! », soupira-t-il rageusement, déjà sur les nerfs avant même d'être arrivé au lycée.

Alexei détestait les cours, il aurait préféré quelque chose de plus manuel, physique ou artistique. La théorie ne l'intéressait pas particulièrement, et il faisait seulement un bac S pour s'assurer un maximum de voies après l'épreuve du bac. C'était injuste ce favoritisme envers cette filière qui pouvait presque tout faire, mais cela l'arrangeait énormément. Avec un peu de chance, il pourrait arriver à entrer en STAPS ou quelque chose du même acabit qui le captiverait bien plus.

Alors que le jeune homme réfléchissait à quoi faire pour arriver à l'heure, une sonnette de vélo le sortit de ses pensées, lui indiquant par la même occasion qu'il devait se pousser. Un pas las sur le côté, il regarda le bicycle passer à toute vitesse. Le grand adolescent, planté en plein milieu du trottoir, observa le cycliste s'éloigner à tout vitesse, de la buée sortait de sa bouche... Puis une idée germa enfin dans son esprit. Alexei reparti en courant dans l'autre sens.

.

Le lycéen mit le vélo à la borne, prit son sac dans le panier et encore une fois, se mit à courir. Il arriva devant les portes du lycée quand presque toute la cour était vide. Bénis soient ces vélos que la ville mettait à disposition !

Alexei franchis le seuil de la classe au moment exact de la deuxième sonnerie, sous le regard suspicieux de son professeur de maths. Ce dernier ne fit cependant pas de remarque, constatant son souffle court : il s'était pressé.

- Pile à l'heure Alexei, allez vous asseoir.

- Merci monsieur. »

Et il se laissa aller dans sa chaise avec presque bonheur. Quelques regards curieux s'étaient accrochés à son visage marqué par la bagarre de la veille et un murmure parcouru une allée.
Ils n'ont vraiment que cela pour rendre leurs années lycée intéressantes..., pensa le châtain aux pointes blondes avec agacement, levant les yeux au ciel par la même occasion.

Cela le ramena néanmoins à penser à la journée d'hier, Gemma et Tiago, la bagarre, l'infirmerie improvisée dans les toilettes, la fin de journée larmoyante devant le lycée, les histoires de Sym, ce stupide chat et son lit.
Tout ça en conséquences de bouts de papier, grinça Alexei en lui même alors qu'il sortait ses affaires pour prendre le cours.

Il réalisa d'ailleurs qu'un autre message devait l'attendre de son casier. Du moins il l'espérait. Cela l'empêcha de se concentrer sur les fonctions qu'ils travaillaient. Un peu plus qu'en temps normal. Son esprit et son espoir se dirigeait irrémédiablement vers cette boîte métallique. Envisager qu'un papier poussin l'attendait dedans le mettait immédiatement de bonne humeur. Surtout si celui ci comportait un moyen de communication ! Il ne demandait rien de plus qu'une adresse mail.

À la sonnerie, plusieurs élèves se ruèrent dehors, dont Alex qui partit vers les casiers sans calculer personne, pas que cela change vraiment de d'habitude. Il ouvrit le sien précipitamment. Vide. Pas de message, même si le sien laissé la vieille avait disparu. Un soupir frustré passa entre ses lèvres. Les espoirs nourris pendant les deux heures de maths venaient de se dégonfler.

« Fais pas la moue choupette, elle va bien te répondre un jour », fit la voit d'Erke sur le coté.

Le franco-russe se tourna vers son ami, surpris de ne pas l'avoir entendu arriver. Lorsqu'il fit face à ces yeux bicolores, il ne pu s'empêcher de penser que la nature était parfaitement injuste : Erke était une saloperie, mais une magnifique saloperie. À croire que son mauvais karma n'avait d'égale que sa belle gueule.

« Ouais j'aimerai bien la rencontrer. Je remettrai un mot ce soir avant de partir.

- Bonne id... »

Une tignasse châtain passait juste à côté d'eux, accompagnée d'un regard mauvais auquel Alexei ne prêta aucune attention tandis qu'Erke fit un petit signe de la main ironique. Gemma répondit à cela part un gracieux doigt d'honneur qui fut accueilli par rire moqueur.

« Arrêtes Erke.

- C'est pas le monde des Bisounours Alex, si tu restes à rien faire...

- Je m'en fous. Si toi même tu passes pas à autre chose, comment tu veux m'aider à faire pareil ?

- Fair enough. », conclut son interlocuteur avec un petit haussement d'épaules.

Et la journée reprit, tout comme la semaine, avec une lenteur excessive et frustrante. Aucun message ne vint dans son casier, laissant Alexei dans une impasse. S'en était presque injuste. Pourquoi ne plus se manifester après avoir tout chamboulé ? Parce que la situation c'était finalement dégagée ? Son esprit sombre commençait à monter des théories, pensant que l'inconnue était finalement Tiago pour avoir Gemma tout pour lui. Ou alors une personne opposée à ce couple bancal qu'ils constituaient ? Un brin parano et mordant, autant dire qu'il fut imbuvable tout la semaine.

Cela sans parler du savon que lui avait passé sa maman, aussi inquiète que furieuse. Elle n'aimait pas voir son fils souffrir, loin de là, c'était une des pires choses au monde, mais le comportement de Gemma doublé à celui de sauvage de son fils avait réveillé la colère de cette femme pourtant très calme.

Ce vide, ce silence frustrant s'étendit sur toute la semaine. Le weekend fut un bref intermède à sa vie lycéenne morne. Il avait pu jouer au handball toute l'après-midi du samedi, avec son équipe et ayant ensuite négocié pour jouer avec les seniors. Bien évidemment, le dimanche se consacra à une magistrale grasse matinée et au minimum de devoirs.

Le lundi matin, de nouveau un soupir passa ses lèvres en descendant du bus. Personne pour se jeter dans ses bras, mais heureusement les sourires de ses amis devant le portail. Alexei le leur rendit avec une joie simple. Avec eux, il pourrait s'y faire non ? La perte était douloureuse, celle de Gemma et de ces précieux papiers jaunes, fait indéniable. Surtout quand Tiago et son ex étaient en train de se câliner dans leur coin.

Mais à voir Leandro caché sous trois vestes, le ridicule cache-oreilles de Joap, et les deux énervés chroniques (aka Erke et Sym) s'agiter comme des hystériques à une blague, un nouveau souffle s'engouffra dans ses poumons pour laisser passer un éclat de rire.

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