Holly.... et Paul

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La pluie agressive m'avait surpris ce soir là. Oui, elle m'apaisait. La journée capricieuse qui venait de s'achever, devait en être la raison. Mon âme perdue déambulait alors dans les rues sombres et glaciales d'un mois d'octobre. La brise, légère mais palpable me faisait frissonner. L'ambiance également, les hommes déjà saouls à 20h, les disputes d'adolescents en manques d'affection, il y avait cette vielle dame aussi, accompagnée de son parapluie. Elle caressait un chat trempé et elle lui parlait, le câlinait. Les voitures ce soir là, étaient nombreuses, un jour de pluie c'est une évidence. Une petite fille courait avec un paquet dans la main, un couple s'embrassait aussi, langoureusement. Comme s'ils étaient dans un de ces films romantiques.
Marié depuis 1 an, une grosse dispute nous avait touchés pour la première fois. Besoin d'air, je suis donc sortis.
Le tonnerre frappe et la pluie s'intensifie. Le paysage se voile et les personnes auparavant errantes, ont maintenant disparus. Mes larmes se confondent avec la pluie. La scène dramatique par excellence.

Par terre l'eau ruisselle sur les pavés. Leur folle route continu jusqu'à l'obstacle fatidique. Sur mon épaule dénudée – Je n'avais même pas remarqué que j'étais sorti sans manteau– les gouttes de pluies s'y trouvaient nombreuses. Roulant jusqu'au bout de mes doigts et parcourant ensuite mon vieux jeans délavé, elle finissait enfin par s'écraser sur mes chaussures. J'ai fixé longtemps le réverbère, sans pensées précises, mon monde s'est éffondré. L'amour de ma vie m'a trahi.
Un éclat de rire avait soudain détourné mon attention, elle entre dans le bar juste en face de moi. Alors je suis entré moi aussi. J'ai traversé la route pour atteindre le trottoir puis la porte. J'ai certainement mis plusieurs secondes à trouver la provenance de cet éclat de rire, cette inconnue.
Il y avait énormément de monde. Quand je l'ai vu, seule assise à une table. Inconsciemment je me suis approché d'elle. Mais avant même que je n'eu le temps de réfléchir à ce qui m'a poussé à m'approcher, sa voix enjôleuse et moqueuse m'a pris de court: « -Vous m'avez suivis. » Suite à cela je n'ai pas répondu, certainement l'étonnement. Je me suis assis en face d'elle, et je l'ai regardé longtemps dans les yeux. Des yeux d'un gris profond et vif. Elle avait ce sourire joueur, et une fossette se dessinait sur une de ses joues. Elle était sans doute bien plus jeune que moi. Cependant elle tenait dans sa main un cocktail alcoolisé ce qui a attiré mon attention.

« -De quoi vous mêlez-vous ? » Je me suis fais surprendre de nombreuses fois par cette voix frivole. Elle faisait tourner son verre après chaque gorgée puis le posait pour suçoter l'olive au bout d'un batonnet, que pas une seule fois de la soirée elle n'a mangé.

« -Qui etes vous? » Ces mots sont sortis de ma bouche sans même que je ne m'en rende compte. Et elle à éclaté de rire, oui cette femme devant moi, certainement même pas majeure s'est mise à rire sans même avoir peur une seule seconde de moi, le sombre inconnu qui l'avait suivi jusqu'ici.

« -Holly Golightly, je suis enchantée », m'a t-elle répondu en me tendant la main espérant que je la lui serre. Evidemment, elle mentait, en fait cette fille ne faisait que ça ''jouer''. Mais elle semblait si sérieuse, j'imagine que cette force de persuasion devait beaucoup l'aider pour faire des rencontres. Alors, j'ai joué avec elle « - Très bien, dans ce cas je suis Paul.
-Paul ?
-Varjak évidemment » Je lui ai adressé cette dernière phrase en clignant de l'oeil. Elle avait souri comme si elle savait que j'allais le dire, ou bien était-elle surprise et essayait de le cacher. Après cela nous nous sommes regardé pendant 5 minutes je pense, avant que je ne brise la glace étrange qui s'était installée entre nous. J'ai à mon tour commandé un verre. « -Quel age avez vous ?
-18. » Elle mentait. Mais ses yeux dévoraient les miens, et pas une fois elle ne les a clignés.

« -Ou bien 19, 20 peut-être ! -Elle avait éclaté de rire avant de continuer, vous me donneriez combien ? » Quand elle riait, c'est comme si le monde s'arrêtait. Ses cheveux bruns, naturellement ondulés lui donnaient cette fraicheur trop oublié par les filles de son âge.

Sans parler, je la fixait et je peux vous jurer que jamais elle n'a eu peur. Mes cheveux dégoulinant, mes yeux rouges d'un trop pleins d'émotions, non, rien ne l'a fait fuir.
« -Non je n'ai pas peur de vous. Pourtant il est vrai que ce serait légitime. Vous savez que ce n'est pas très correcte de suivre quelqu'un comme ça ? » C'est comme si elle lisait dans mes pensées à chaque fois qu'elle se plongeait dans mes yeux. Et qu'aucune ne lui échappait.
« -Avec qui vous riez comme ça dans la rue ?
- Avons-nous forcement besoin de rire avec quelqu'un ?
-Et vous, avez-vous l'habitude de répondre à une question par une autre question ?»  Son regards de séductrice est déconcertant, elle est bien plus mature qu'elle ne le devrait.

Nous avons parlé toute la nuit. Cette fille mentait comme elle respirait, sa première phrase était un mensonge d'ailleurs, et si cela n'est pas significatif ! Mais elle dégageait quelques chose de différent, de spécial. Finalement une vérité que peu de personne ne porte dans leurs personnalité. Alors nous avons bu, de nombreux verres. Elle était saoule assez rapidement et la culpabilité s'est emparé de moi. Elle avait un rire.. elle avait un mystère dans sa voix, de toute la soirée je n'ai rien pu savoir d'elle. Et pourtant j'avais tant envie de continuer de lui parler. On parlait de tout, de rien, on rigolait. Se prenant respectivement pour Paul et Holly. Cette courte parenthèse où je n'étais plus moi, grâce à elle. Ensuite je l'avait raccompagné devant sa chambre d'hôtel. Je l'ai aidé à ouvrir la porte puis elle m'a adressé un dernier rire.
« -C'était une bonne soirée, Fred baby enfin Paul ! ».

Je n'oublierais jamais cette rencontre. Ce n'est pour vous peut-être rien mais ce petit morceau de femme me hantera pour toujours.

Mes pensées bavardes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant