Chapitre 5

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NOTE DE L'AUTEUR

La fiction suivante présente un contenu qui, par sa nature, s'adresse à un public, disons, "ADULTE"... Afin d'éviter toute réaction négative envers cette fiction, veuillez donc prendre en considération cet avertissement...

Albert actionna la douche et une pluie bienfaisante s'abattit sur tout son corps meurtri. Il gémit, soupira au contact de l'eau, dont la tiédeur se déversait agréablement le long de ses membres, s'écoulant sur chacun de ses longs muscles endoloris par le choc de l'accident. Plongé dans le feu de l'action à retirer Terry des flammes, il n'avait pas ménagé son corps, lequel à présent lui rappelait ce triste évènement. Il ferma les yeux, accueillant avec délice cette caresse de la nature, savourant chaque goutte comme s'il redécouvrait un plaisir qu'il avait oublié. Il resta ainsi quelques minutes, la nuque baissée sous le jet, pour mieux apprécier cet instant de répit, qui ne tarda pas à s'évanouir, et céder la place aux pensées les plus douloureuses.

Comme dans un mauvais rêve, lui revenaient en mémoire ces quelques instants qui avaient fait basculer sa vie : le regard déterminé de son épouse, le regard d'une femme prête à tout pour être aux côtés de celui qu'elle aimait, car c'était bien ce qu'il avait lu dans ses yeux : de la panique, de la détresse, de la révolte... Des émotions qui ne s'adressaient pas à lui, son époux, mais à l'autre, celui qui depuis le commencement aurait dû l'être à sa place... Durant toutes ces années, il avait fini par croire qu'elle l'avait oublié tant ils affichaient un bonheur sans nuages. Mais la réaction inattendue de Candy lors de l'accident venait de prouver le contraire. Il réalisait que Terry, par sa seule présence, était capable de tout bouleverser dans le coeur de sa femme, et que malgré les années, malgré son silence, elle n'avait jamais cessé de l'aimer. 

- Nous ne trouverons jamais la paix... Jamais... - gémit-il, de grosses larmes roulant sur les joues de cet homme athlétique, pourtant si faible soudain, ses sanglots à peine étouffés par le clapotis de l'eau sur le sol....

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La nuit venait de tomber. Inconfortablement  assise sur une chaise dans le couloir des urgences, Candy se morfondait, seule, revoyant comme dans un cauchemar, les derniers instants qui avaient précédé l'arrivée de Terry à l'hôpital : le jeune homme inconscient, sa tête penchée sur le côté, les flammes qui léchaient l'habitacle et qui s'approchaient dangereusement, la fumée épaisse et noire qui prenait à la gorge et qui les empêchait de respirer... Et puis cette panique effroyable qui l'avait saisie, cette angoisse terrorisante de le perdre, qu'il meure sous ses yeux, suivis de ces sentiments confus, cachés, tus depuis des années, réveillés avec une telle fureur qu'elle avait perdu le contrôle d'elle-même, et ce, malgré les menaces de son époux. Son cher et tendre époux qu'elle avait abandonné, pour un autre... mais pas n'importe qui : pour Terry... Elle avait beau se remémorer la scène et se la repasser des dizaines de fois dans la tête, elle arrivait chaque fois à la même conclusion : que rien ni personne n'aurait pu l'empêcher de l'accompagner à ce moment là. A cet instant, s'était imposée à son esprit l'image de Terry blessé et rien d'autre que lui n'importait.  Durant les quelques minutes qu'avait duré le transport jusqu'à l'hôpital, elle n'avait eu de cesse de le supplier de rester vivant, de résister à la tentation de partir vers la douce lumière dont les patients qu'elle avait soignés en tant qu'infirmière lui avaient si souvent parlée au moment de mourir. La voix cassée, elle s'était approchée de son oreille et lui avait confessé ces mots que seul le papier de son journal intime avait recueillis après leur séparation, ces mots d'amour qu'elle n'avait jamais pu lui dire. Il lui avait semblé en les entendant, que c'était la voix d'une autre personne qui les prononçait tant elle s'était interdite d'y penser, et cela l'avait bouleversée.  Elle avait cru discerner sur le visage de Terry, un frémissement de sourcil. Se pouvait-il qu'il l'ait entendue, qu'il ait reconnu sa voix ? Mais déjà l'ambulance s'était arrêtée devant l'hôpital, des infirmiers avaient sorti en hâte le blessé du véhicule et l'avaient emporté à l'intérieur. Candy les avaient suivis en courant,  empruntant à l'instinct les couloirs qu'ils avaient dû parcourir, jusqu'à buter devant une grande porte dont on lui avait interdit l'accès. 

Un passé trop présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant