Chapitre 9

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-    Une intubation pour lui dégager les voies respiratoires. Répondit-il, sans ciller d'une voix robotique. Et dès que la majorité des gaz nocifs sont expulsés des poumons on la retire pour la réveiller le plus tôt possible.

Charles s'avança vers le corps, déballant le contenu de son sac sur l'herbe mouillée. Il s'agenouilla à hauteur du corps et farfouilla dans son bazar pour trouver un long tube transparent. De quoi faire l'intubation si j'écoute les paroles du pompier.

-    Pourquoi ? Demanda Anthony, apparemment joueur.

L'homme enduit de braise et de cendre le regarda, interrogatif. Il continua tout de même son monologue, à la demande du « caporal-chef », tous en aidant à Charles à maintenir la bouche de la fille ouverte, pour permettre le passage du long tube.

-    Il vaut mieux réduire le temps d'inconscience chez les victimes. C'est un état instable qui peut basculer à tous moment, créant des séquelles irréversibles. De plus, lors de ce moment, les patients ne sont pas maitres d'eux-mêmes et ne ressentent donc pas la douleur ; ce qui peut nous entrainer à réaliser un diagnostic erroné ou alors carrément nous faire passer à côté d'un problème mortel. Or, comme tout le monde le sait, plus la prise en charge est réalisée tôt, plus le patient a de chance de s'en sortir. Débita-t-il tout en fixant Anthony d'un regard curieux.

Le tube était en place, dans la gorge de la fille toujours immobile. Le pompier tendit à Charles un contenant cylindrique qu'il s'empressa de relier au tube.

-    Bien. Peut-être as-tu une idée d'exemple pour appuyer tes propos ? Questionna Anthony, apparemment très intéressé.

Le pompier s'arrêta dans sa tâche pour le fixer.

-    A quoi riment toutes tes questions ? Tu connais les réponses bien mieux que moi. Lui lança-t-il, énervé. Et quant aux exemples tu as beaucoup plus d'expérience de moi ! Ce serait plutôt à toi de nous faire partager ton vécu tu ne crois pas ?

-    Mon vécu ? S'écrias Anthony. Arrête de parler ainsi ! De ta bouche on dirait que je suis vieux ! Se lamenta-t-il. Je n'ai que vingt-sept ans, j'ai encore toute la vie devant moi.

-    Vingt-sept ans ? Se moqua Charles. Mais c'est que tu date de l'époque des dinosaures toi ! Le rabroua-t-il d'une tape amicale.

-    Ne te la ramène pas trop toi, je te rappelle que j'ai juste un an de plus.

-    C'est déjà beaucoup ! Renchéri-t-il immédiatement. Un an soit trois cent soixante-cinq jour ou huit mille sept cent soixante heure. De quoi ressortit méconnaissable, d'apprendre de nouvelle chose, de faire le tour du globe. Tant de temps que j'aurais à consacrer qu'il t'est déjà perdu. Termina-t-il, d'une voix mélancolique.

Anthony le regarda, amusé. Ses lèvres s'était rejointe pour former un arc de cercle quasiment parfait, faisant ressortir les muscles de sa mâchoire.

-    Occupe-toi de la fille au lieu de déblatérer des âneries. Tu es plus supportable quand ton esprit est occupé à autre chose que de réfléchir. Dit Anthony, un rictus moqueur sur son visage avant de redevenir sérieux, la mine grave. Combien de temps est-elle sous intubation ?

Charles jeta un rapide coup d'œil à sa montre et répondit.

-    Cinq minutes.

Anthony leva les yeux vers le ciel grisâtre qui se reflétait dans ses pupilles et resta immobile un long moment, affrontant l'astre divin caché sous la brume.

-    Bien, on retire. Finit-il par dire, d'une voix autoritaire.

Charles et le pompier se mirent aussitôt en mouvement, s'agitant autour du corps inerte de la fille. Leurs gestes étaient fluides et puissants, maitrisé à la perfection. 

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