Chapitre 6

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Je continuais de le toiser, prenant au fur et à mesure des secondes qui s'écoulaient, l'importance de cette révélation.

Un épais nuage brumeux semblait s'être approprié mon esprit : j'étais devenue incapable de réfléchir, complétement tétanisée par la situation. Moi qui voulais passer inaperçue, voilà que c'était réussi.

Le caporal-chef que j'avais renommé « Mr Connard » me fixait lui aussi, sans se départir de son petit sourire en coin. Ses lèvres étaient pincées, comme s'il cherchait à retenir un ricanement. Quoique, ce n'était pas son genre, j'étais plutôt d'avis qu'il se moquerait de moi haut et fort.

- Alors, on ne s'excuse pas Laure ? Me dit-il, d'une tonalité que je jugeais trop joyeuse.

Je le regardais, incrédule.

- M'excuser ? Moi m'excuser ? M'empressais-je de lui demander. Et puis-je savoir en quel honneur devrais-je de le faire ? M'excitais-je contre lui, tout en sentant mes tempes tambouriner contre mon front.

- Mais pour m'avoir traité de connard voyons. Dit-il, tous en fronçant ses sourcils.

A l'entente de ces mots, un sourire franc se forma sur mes lèvres.

- M'excuser pour avoir dit la vérité ? Mais bien sûr, que suis-je bête ! Et puis quoi encore ? Ce n'est pas parce que vous êtes caporal-chef que vous n'êtes pas le roi des Connards. L'un n'empêche pas l'autre après tous. Et puis si vous croyez que je vais me rabaissez à vous sous prétexte que vous êtes mon supérieur vous vous trompez lourdement ! Le respect est valable pour tout le monde. Chose que vous semblez ne pas savoir bien maitrisez. Dis-je, révolté de sa nonchalance.

Il me regardait encore plus intensément qu'auparavant. Son visage impassible était maintenant déformé par l'incrédulité qui l'animer. Ses iris glacials semblaient pénétrer jusqu'à mon âme, me déclenchant quelque frisson involontaire.

J'affrontais son regard, fermement campé sur mes pieds, ne cédant pas à l'orage qui menaçait d'éclater.

L'atmosphère qui nous séparait devenait de plus en plus lourde au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. Dorénavant, je pouvais presque voir les éclairs bleutés sortirent de ses yeux.

Soudain, une alarme stridente retentit, me faisant bondir de quelque mètre. Je regardais l'homme devant moi s'activait. Il étira rapidement ses muscles, sans doute engourdis d'être resté si longtemps immobile et me dépassa précipitamment, rompant notre pseudo dispute en un battement de cils.

- Je ne vais pas en rester là. Me dit-il, d'une voix qui se voulait menaçante. Tu finiras bien par t'excuser un jour.

Sur ses paroles réconciliant, il me contourna et s'en alla, ne me laissant pas le loisir de répondre.

Décidément, je ne regrettais vraiment pas de l'avoir renommé « roi des Connards » ; son surnom lui allait à merveille. Je le regardais s'éloigner de moi, la démarche précipitée.

Une voix derrière mon dos résonna dans le vide ambiant, me faisant lâcher un hoquet de surprise.

- Laure, nous aussi, nous devrions y aller. Notre équipe a été appelée.

Je me retournais, pour observer le visage de Charles quelque peu amusé. Visiblement, la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux l'avait bien divertit.

- Comment un homme aussi égoïste et vaniteux peut être ton chef ? Lui demandais-je, écœurée.

- Il n'est pas dans son état normal aujourd'hui, d'habitude Anthony est bienveillant, généreux et très courtois. S'empressa-t-il de le défendre. Sa garde a dû être éprouvante pour qu'il se réveille aussi énervé.

- Bienveillant, généreux et courtois ? C'est marrant de mon point de vue j'aurais dit : malveillant égoïste et matcho. Répliquais-je aussitôt, acide.

- Non, tu verras je suis sûr que demain tu ne le reconnaîtras pas. Essaya-t-il de me rassurer. Puis sa voix se fit plus dure. Aller, suis moi, notre équipe a été bipé pour une urgence, il faut que nous nous dépêchons.

Sur ces mots, il se précipita vers le camion à vive allure, sa silhouette se perdant déjà dans le duvet nuageux. Je m'empressai de le suivre, ne voulant pas qu'il disparaisse complétement de mon champs de vision.

Esseulée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant